Brive-La-Gaillarde

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  Quand il termina de manger, il retourna à la voiture et vit sa copine en train de pleurer. Il ne savait plus quoi faire pour elle et préféra d'ailleurs ne rien dire, de peur qu'elle s'énerve à nouveau. Le trajet se fit paisiblement jusqu'à Brive-La-Gaillarde, en Corrèze où Arthur connaissait un de ses amis dont les parents possédaient un château.

Ils arrivèrent vers 19 heures et il faisait encore chaud. Il y avait tout un tas de voiture de luxe garée sur le terrain de l'énorme habitation, parfois même directement dans le jardin. Il y avait une réception derrière et cela s'entendait avec la musique et les éclats de rire. Un majordome montait la garde devant la porte d'entrée et lui fit « halte » de la main avant de lui demander.

-Vous avez une invitation de la part de monsieur Reynal ?
-Non, mais je suis un de ses amis, répondit Arthur.
-Qu'est-ce qui me prouve que c'est vrai et que vous ne venez pas profiter ? Et quand bien même vous seriez invité, vous ne pourriez pas entrer, car c'est tenue de soirée exigée.
-Le chemin d'accès est tellement discret qu'il est impossible de savoir ce qu'il y a au bout et vous le savez très bien, commença à s'emporter Sarah
-Quels sont vos noms ? Demanda le majordome en regardant le couple.
-Je m'appelle Arthur La.....
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'un jeune homme du même âge qu'Arthur ouvrit la porte et le reconnaissant s'esclaffa et lui serra la main et fit la bise à Sarah. Puis il ajouta à son majordome, « Laissez-les rentrer, je les connais ». Arthur lui lança un sourire narquois et rentra dans le château.
Son hôte se retourna et lui expliqua.
-J'organise cette petite réception, car c'est peut-être le dernier jour où nous pouvons ce que nous voulons et surtout profiter à fond de manger tout ce qu'on veut. D'ailleurs, il n'y a pas que la nourriture, il y a aussi de l'alcool et une petite surprise pour tout le monde tout à l'heure.
-C'est super sympa de ta part de mobiliser tout ces moyens, mais tu as un abri anti-atomique ?
-Évidemment, mon père l'avait fait construire dans les années 60, par crainte qu'il y ait un jour un conflit atomique pendant la guerre froide. J'ai mis des ravitaillements dans le bunker parce que je suis survivialiste comme tu le sais et je craignais que ce jour arrive. J'ai même pris le risque d'acheter illégalement des armes et des munitions. Je n'ai pas envie de me défendre avec uniquement des fusils de chasse ou de tir de loisir. Je ne vous le fais pas visiter, nous aurons tout le temps de le faire, ajouta-t-il avec un sourire malicieux. 

  Il les accompagna jusque dans un genre de vestiaire où il prêta un costard et une robe de soirée à Sarah puis ils allèrent sur la terrasse et tous contemplèrent la vue qui s'étalait devant eux. Il y avait quelque chose de pathétique dans cette scène, sans doute le fait que des gens continuaient de rire alors la situation ne le permettait pas. Arthur regardait tout autour de lui les gens, de tout âge, bien habillé, boire une coupe de champagne et se fondre la poire sur rien. Certains étaient en train de danser dans le salon. Tout le monde faisait comme si de rien était.
Ils étaient tous les deux assis à une table et puis vingt minutes plus tard, ils se prêtèrent à ce jeu et se mirent à discuter avec d'autres invités. L'un était un ancien cadre d'une banque en Suisse et l'autre faisait du mannequinat à Milan et était recherchée comme modèle par toutes les maisons de couture. Et elle, c'était une actrice qui avait joué dans beaucoup de mauvais films et pensait que ça lui permettrait de jouer dans des meilleurs films. Elle n'hésitait pas à dire, sans honte ni gêne, qu'elle avait dû coucher avec un certain nombre de réalisateurs et de producteur, mais que ça ne marchait pas, elle ajouta même « que des salauds dans le showbiz ». Puis le repas arriva vers 21 heures et il était juste gargantuesque.
Il se demandait d'où sortait toutes ces nourritures. Il y avait du foie gras, du caviar, du poulet, du cochon, divers légumes, des tapas, des frites et à la fin, c'était du pâté et encore plus de viandes. Les desserts étaient très lourds et il y avait un enchaînement de tartes, de gâteaux, de sorbets, de crêpes, de gaufres, de fromage et des litres de bières et de café furent servis. Le repas s'acheva sur le coup de minuit.
L'hôte se leva de table et prononça un discours sur la situation actuelle, fit un petit bilan de l'actualité, tenta de refaire le monde et invita ses invités à aller dans le salon. Il y avait une espèce de chambre où il y avait pleins d'ordinateurs sensés « continuer de rester en communication pour les dernières heures restantes avec sa famille ou ses proches ». La musique résonna et l'alcool se remit à couler à flots. Certains hommes étaient déjà ivres mort et d'autres étaient en train de vomir sur les tapis qui appartenaient à la famille de Raynal depuis des générations. La scène semblait surréaliste pour Arthur qui ne voyait dans cette soirée que de la débauche et pire, car à l'étage, une véritable orgie était en train de se préparer.
Tout le monde était plus ou moins forcé d'y participer et il était terriblement mal à l'aise et choqué de se retrouver nu au milieu de personnes ayant entre 30 et 70 ans eux-mêmes nus. Sarah se trouvait juste devant lui, apeuré et se faisant toucher par de vieux hommes d'une soixantaine d'années. Arthur était impuissant face à cette scène et n'arrivait plus à bouger. Comme s'il était dans un mauvais rêve. Soudain, il se jeta sur un des vieux qui essayaient de sodomiser Sarah. La rage était montée d'un coup et il était en train de molester l'homme qui se mit à hurler de douleur et qui saignait du visage. Son camarade essaya d'attraper par derrière Arthur qui se retourna et lui casse le nez.
Des gens se mirent à crier et Raynal arriva pour séparer les deux hommes. L'homme encore debout était furieux et était prêt à en découdre. « Espèce de salaud ! petit con ! » hurla-t-il. Le jeune homme se retourna et répliqua violemment.
-C'est qui le plus salaud entre toi et moi !? Qui a voulu le premier se taper ma copine !? Non seulement, tu me prends pour un con, mais en plus de ça tu te permets de m'insulter. Mais t'es pas bien !? Commença à crier Arthur
-Ma femme se fait tringler par tout le monde actuellement, ça ne me dérange absolument pas. C'est probablement la dernière soirée qu'on est en train de vivre et toi, le merdeux, tu viens foutre la merde parce que je suis en train de coucher avec ta copine. Alors entre nous, le malade, c'est toi, répliqua l'homme

-J'en ai rien foutre de ta femme. C'est ton problème, pas le mien, si t'acceptes de te faire tromper comme ça avant la fin du monde. Ça ne regarde que toi et tu le sais très bien. Et tu devrais avoir honte de faire ça alors qu'une fois devant le tribunal de Dieu, Il saura qu'avant la Fin tu t'es comporté comme une ordure avec ta compagne et je suis bien triste d'ailleurs de devoir faire une leçon de moral à une personne plus âgée que moi.
-C'est parce que t'es un hypocrite, voilà tout, répondit froidement l'homme.
Arthur tenta de sauter sur le vieux, mais Sarah l'arrêta net. Raynal continua d'observer la scène sans rien dire puis fit sortir les vieux hommes puis conseilla à Arthur d'éviter le conflit avec les autres invités. Même dans la pièce de l'orgie, il y avait encore de l'alcool, et même une table où il y avait de la cocaïne. Voyant la poudre blanche posée sur le plateau en argent, il en fit un tas et sniffa son rail.
Quelques minutes plus tard, il commença à avoir des hallucinations et se prêta au jeu de l'orgie et il ne savait plus avec qui il était de faire l'amour. C'était comme s'il était hors de contrôle et puis soudain, il s'évanouit. C'était vers dix heures quand il se réveilla et le château était encore endormi. Son visage était écrasé par terre et la table avec la cocaïne était par terre. Une femme d'une quarantaine d'années était par terre et avait le teint blême. Il n'y avait aucune réaction quand il lui tapota l'épaule.
La peur commença à arriver quand il se rendit compte que potentiellement elle pouvait être morte. Quand il s'approcha d'elle, elle ne respirait plus et son cœur s'était arrêté. Il se leva et remarqua que l'ensemble des invités était encore endormis ou pire, mort. Le sang commençait à lui battre dans les tempes et il partit à la recherche de Sarah et son ami, Raynal. Il n'hésita pas à crier dans le château jusqu'à un ce qu'un des servants arrive et l'observa surpris. Arthur ne comprenait pas pourquoi et lui demanda.
-Pourquoi faites-vous cette tête ?
-C'était un suicide collectif préparé et vous êtes le seul à n'avoir rien pris, commença l'homme. Quand je vous ai vu dans cette salle, inerte, je croyais que vous étiez morts et je me disais que pour monsieur, c'était une bonne chose puisqu'il souhaitait mourir avec tous ses amis.
-Est-ce que vous savez où se trouve la jeune qui m'accompagner ? Demanda Arthur, paniqué.

-J'ai vu son corps sur la terrasse ce matin, lui répondit le majordome froidement. J'en suis navré pour vous, elle a ingéré le cocktail.  

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