Chapitre 6

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« Personne n'ose passer les frontières du Phael sans autorisations; les arbres aux pendus sont dissuasifs... » Politiques Phaeliennes, Akahira Mutsume, 1E 98C.

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   Akimoto commençait à reprendre ses esprits. Sa bouche était encore pâteuse, ses yeux lui piquait. Ça ne faisait aucun doute : Le poison qu'il avait inhalé était puissant, mais pas mortel. Sa vue lui revint lorsqu'il remarqua que la lumière ambiante était forte. Il comprit très vite qu'il n'était donc pas dans une quelconque prison sombre enfouie quelque part on-ne-sait-où.

   « Ah ! Vous êtes enfin réveillé ! », s'exclama un inconnu devant lui, l'air soulagé.

   Ses yeux finirent de s'habituer à la lumière, mais étaient encore flous, tout comme son esprit. Il tâtonna autour de lui, découvrant qu'il était assis sur un grand siège de velours, particulièrement confortable, et qu'il n'était ni bâillonné, ni menotté, ni même contraint. Il était libre de ses mouvements et de ses paroles.

   « Je vois que les vapeurs d'Uritha ont été efficaces, sourit la silhouette qui se dessinait devant Akimoto. Vous avez dormi trois jours. Soit deux de plus que ce que nous espérions.

   - Je ne suis pas habitué aux poisons et autres neurotoxines, mais on peut dire qu'au moins j'ai rattrapé mon sommeil. », sourit aussi Akimoto, imitant l'inconnu devant lui.

   La vision d'Akimoto c'était précisée, lui permettant à présent de discerner le moindre détail de l'inconnu. Malheureusement, le contre-jour, bien trop fort, ne lui permettait pas de voir le visage de la personne devant lui. Il ne pouvait que remarquer les cheveux en chignon de l'archelan, brillants d'un jaune topaze à en brûler les pupilles. De plus la forte carrure de l'inconnu ne faisait qu'accentuer l'effet de dominance qu'il exerçait, étant déjà derrière un bureau et dos à la baie vitrée laissant apercevoir une ville à travers les rayons du soir.

   « Vous allez sûrement me demander pourquoi je vous ai fait venir ici, par la force qui plus est.

   - Je pense déjà avoir ma petite idée. Vos sous-fifres m'ont appelé "chien de l'armée pâle", donc ils sont ennemis de celle-ci. De plus c'étaient des archelans, donc ils ne sont pas des tribus humaines australes. Donc à partir de là, il est facile d'imaginer que ce sont des Phaeliens. Même si je ne comprends toujours pas pourquoi ils portaient des casques, cela signifie que vous êtes un haut gradé du Phael. Et tout cela explique pourquoi vous m'avez amené ici : Je suis un otage.»

   Un silence tendu s'installa. Et le calme inébranlable du Phaelien ne faisait qu'accentuer les choses. Mais soudainement il se mit à rire. Un rire calme, retenu, noble...

   « Je n'en attendait pas moins du lieutenant Shugen, félicita l'inconnu. Excellent combattant, brillant stratège et sublime investigateur, vous avez tout pour vous ! Mais vous vous trompez sur deux points : Premièrement, je ne suis pas un simple haut gradé...»

   Il s'approcha de quelques centimètre, dévoilant des yeux écarlates terrifiants, mais toujours empreints d'un calme stupéfiant et d'une noblesse notable.

   « Je suis Phael Sarthalys, le "Prince noir". Premier fils de Phael, fondateur de l'état du même nom, et héritier légitime. Je suis l'un des membres du Grand Conseil, mais j'y possède une place importante. Et deuxièmement, vous n'êtes pas là en tant qu'otage. Je vous ai fait venir afin de vous charger d'une mission.»

   Éblouit par le statut de l'archelan devant lui, Akimoto n'osa pas parler. Même s'il était stupide de charger un ennemi d'une mission, Sarthalys avait pourtant un air assuré.

   « Prêtez-moi allégeance...»

   Les yeux d'Akimoto se rouvrirent aussitôt, sa pupille émeraude se contracta soudainement. C'était le summum de la stupidité ! L'on ne peut pas demander à quelqu'un de nous prêter allégeance s'il est d'une faction et d'un état adverse ! Sarthalys était-il stupide, ou avait-il une carte dans sa manche ?

   Akimoto se leva brusquement, la colère emplissant son visage. Il lança un regard noir au Phaelien en contre-bas, mais Sarthalys était si grand que même assis, Akimoto ne le dépassait que d'une tête.

   « Jamais je ne trahirai le Kōtei ! Jamais je ne trahirai mes compagnons ! Jamais je ne trahirai mes idéaux ! retentit la voix d'Akimoto dans la pièce. Êtes-vous stupide ?!», ajouta-t-il, déconcerté.

   Un silence s'installa à nouveau. Le calme de Sarthalys affirma une autorité terrible, si bien qu'une aura sombre s'installa autour d'eux.

ΛRCHΛE {T.3}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant