Nick Garner

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Prentiss, Nora et Clyde prirent un taxi afin de rejoindre le nouvel appartement d'Emily. Avec sa nouvelle fonction, elle bénéficiait d'un logement deux pièces tous frais payés en plein centre de Londres, idéal pour être à l'heure et sans encontre au bureau. Nora avait, quant à elle, déjà réservé une chambre d'hôtel non loin de chez la jolie brune en attendant de trouver quelque chose à louer. Elle ne voulait surtout pas être de trop chez Emily et elle savait pertinemment que la jeune femme aurait besoin d'avoir son intimité, du moins, le temps d'encaisser le choc du départ.

Nora se trouvait sur le siège passager à l'avant et entendait brièvement les bavardages incessants entre Prentiss et Clyde à l'arrière. Bien sur qu'elle avait déjà entendu parler de ce cher M.Easter. Emily avait travaillé pendant plusieurs années avec lui et il était un homme tout à fait charmant. Son petit accent irlandais et son air du faux gentleman français, lui donnait cette capacité à attirer l'attention de n'importe qui passerait dans ses alentours. De ce que pouvait voir la cinquantenaire, Prentiss semblait réellement apprécier le rouquin, et pour cela, Nora était soulagée. Prentiss était très bien entourée, même ici, à Londres.

Nora pensa soudainement vaguement à l'ambassadrice Prentiss. Elle avait eu écho, de sa petite protégée, que leur dîner n'avait pas été des plus joviaux, mais elle regrettait déjà que les choses tardent à s'arranger entre la mère et la fille. A elles-deux, elles ne faisaient qu'aggraver la situation sans vouloir y remédier. Elizabeth ne comprenait pas que ces manières de faire, parfois maladroites et trop codées, puissent gêner sa fille. Et, Emily, quant à elle, ne laissait rien passer : le moindre faux pas de sa mère et la discussion tournait très vite en dispute. Deux forts caractères bien trop fiers pour penser un jour se remettre en question et produire des efforts quitte à laisser passer certaines choses : voilà où en étaient les relations mère/fille, et Nora était à court d'idée pour tenter de les rabibocher. Une fois encore un fossé se creusait entre les deux femmes et Nora se surprit même à se demander si Elizabeth était au courant de la nouvelle situation d'Emily. Puis, la doyenne se mit à sourire pour elle-même. Bien sûr qu'Emily n'avait dit mot à sa mère mais cette dernière, avec des yeux et des oreilles dans le monde entier, ne tarderait pas à se rendre compte du départ tout récent de sa fille.

Nora fut tirée de ses pensées quand le taxi s'arrêta. Elle reconnut immédiatement le quartier et s'émerveilla même quelques secondes devant la beauté du bâtiment.

« C'est qu'ils ne font pas les choses à moitié à Interpol ! » s'exclama Nora alors qu'elle aidait Emily et Clyde à sortir les bagages de la jeune femme du coffre du taxi.

« Oh et ça, croyez-moi ce n'est qu'un avant-goût d'une nouvelle vie ! » sourit Clyde à Nora tout en jetant un coup d'œil à Prentiss qui ne semblait, elle, pas d'humeur à se joindre à eux.

Et pour cause, elle n'avait toujours pas fait son deuil de Quantico. De plus, elle s'étonna, presque agacée, que Clyde et Nora puissent penser qu'elle allait s'extasier devant un tel immeuble. Certes il était splendide, ancien et avait du cachet ; mais elle avait déjà connu bien plus luxueux du temps où elle était enfant et vivait encore avec sa mère. Bref, ne voulant pas tarder car il était déjà 04 :30, Prentiss pressa ses acolytes à l'intérieur de l'immeuble.

Après avoir monté quatre étages et avoir salué chaleureusement Easter et Nora, Emily referma la porte de son tout nouvel appartement. Elle déambula alors quasi nerveusement, sans un mot, au travers de son nouveau lieu de résidence. Tout était si vide et cette impression ne lui plaisait guère. Elle se sentait seule, terriblement seule. Tous ses meubles, ou du moins, ceux qu'elle avait fait transporter jusqu'ici étaient posés au milieu de la grande pièce de vie, emballés. Seul le canapé était utilisable. Les murs étaient simples, blancs et nus, parfois entrecoupés par de grandes fenêtres qui donnaient directement vue sur les buildings de La City. Elle continua jusqu'à arriver dans la chambre. Un placard adossé au mur y était entreposé, sans rien à l'intérieur ; et son grand lit double occupait la pièce autrement déserte. Fatiguée, lessivée, Prentiss enleva ses chaussures et se laissa tomber sur son lit après avoir enlevé le plastique qui le recouvrait. Elle ne prit même pas la peine d'y remettre une couette ou les oreillers encore enfermés dans les cartons. Elle resta alors allongée de longues minutes, sur le dos, le regard fixé au plafond. Demain, un nouveau livre s'ouvrait, et elle était impatiente, tout comme elle redoutait déjà, de rencontrer ses nouveaux collègues.

Face cachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant