C'était un après-midi d'école, je prenais la 26, comme d'habitude. Je marchais donc tranquillement les dix minutes pour me rendre à l'arrêt de bus qui arriva à 3:35PM. Il était étrangement vide et je me mis à ma place habituelle à gauche de l'accordéon.
Le bus démarra et vinrent s'ajouter quelques gens à chaque arrêts. Lorsque nous arrivèrent devant le centre infirmier, un couple dans la vingtaine s'installa à côté de moi. L'homme ne s'assit pas. Il jeta un regard de colère à la jeune femme qui se recroquevilla sur elle-même. Elle était petite et avait de larges cuisses et une tignasse de couleur brunâtre. Ses sourcils étaient fins, un peu fait à la va-vite et un nez légèrement bossus, de lèvres fines. Quoi qu'il en soit, elle avait l'air effrayée....ou amusée par l'homme.
L'homme pour sa part avait une silouhette imposante. Il avait des cheveux brun également et il portait la barbe. Elle n'était pas longue, on pouvait voir encore la trace de sa peau, il avait juste assez de poil pour lui donner un air arrogant, imposant et effrayant. Il était grand et il se baissait pour regarder la femme droit dans les yeux. Il semblait rancunnier. Énervé. Prêt à hurler. Il restait silencieux, pourtant.
Le bus s'arrêta au métro et se vida peu à peu. Je restais à ma place, lançant des regards vers l'entrée en me demandant si Caleb allait être là. Juste après y avoir pensé, je relevais la tête et l'aperçut marcher vers le fond du bus. Lorsqu'il s'installa sur son siège, il me jeta un regard qu'il détourna dès que je lui rendis. Nous étions rendus à une relation de regards, sans mots. Pour absolument aucune raison. Ça me rendait un peu triste. Auparavant, il y avait des rires, des sourires, des conversations interminables. Désormais, tout était perdu.
Lorsqu'on s'apprêta à tourner sur le boulevard Tsozzi, j'entendis la femme assise à ma place parler. Rien qu'une phrase qui irrita l'homme au plus haut point:
"Tu me déranges. Casse-toi."
L'homme prit une grande respiration et jeta sa tête par en arrière. Lorsqu'il la releva, il s'était calmé. Sa prise sur le poteau pourtant était devenu plus ferme. La femme le remarqua. Elle donna un coup à sa main.
"Lâches! Va-t-en! Tu m'déranges, j'te dis."
Mal à l'aise, je détournais mon regard et jeta un coup d'oeil à Caleb. Il s'était endormi. Il avait la tête contre la fenêtre et la bouche ouverte. Si je n'aurais pas été à côté du couple, j'aurais eu envie de rire.
"Arrête où je vais me fâcher."
C'était l'homme. Un frisson parcourut mon échine. Un ton froid et rauque. La femme ne feigna même pas un intérêt envers sa colère. Elle repris de plus belle, cette fois en lui tapant l'épaule. Ensuite, elle lui jetta un faible coup de poing sur le ventre.
S'en fut trop, cette fois il hurla.
"Arrête!"
Les quelques gens dans le bus se retournèrent, mis à part Caleb, qui dormait à point fermés. L'homme était à présent sous l'emprise de lacolère, il ne restait que...
"Non", c'était la femme qui avait rétorqué d'un ton ferme et cinglant la réponse.
Ce fut, je présume, la goutte qui fit déborder le vase. L'homme leva la main et je su qu'il allait la frapper. La femme ramena ses bras devant son visage dans le but de se protéger. Le temps semblait interminable entre la fraction de seconde dans laquelle il avait levé sa main et la proximité de la peau de la femme et celle de l'homme. Je ne sais pas ce qui me poussa à agir de la sorte. L'homme était tellement en colère, je suis sûre qu'il voyait flou. Que rien n'était clair dans sa tête.
Ce fut plus par instinct qu'autre chose, un réflexe, une pensée subite. Mon bras se leva et arrêta celui de l'homme. Personne ne s'y attendait. Ni moi d'ailleurs. J'ignore même comment je réussis ensuite à articuler la phrase suivante.
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Éphémère
Short StoryÉphémère: (Adjectif singulier invariant dans son genre) 1. Qui ne dure ou qui ne vit qu'un jour, qui ne dure pas. 2. Par extension qui n'a qu'un temps, passager, fugitif. Meilleur classement: #38 nouvelle