Amanda Lee [tomes 1&2]

✨(19) Trahison

   

CONNAISSEZ-VOUS CETTE SENSATION D'IMPUISSANCE ? Je veux dire impuissant contre vous même, où l'on a l'impression de ne pas se connaître. D'être un étranger avec soit même. C'est exactement comment je me sens maintenant. Étrangère.

Je fixe mes yeux foncés d'une manière impassible, comme si je voulais transpercer la glace du regard.

Comment est-ce que j'ai pu changer en aussi peu de temps ?

Je me détaille, tout aussi neutre. Essayant de déceler dans mon physique quelque chose qui aurait aussi changé. Mais rien. Les mêmes cheveux bruns raides, plus foncés sous l'effet de l'humidité, les mêmes sourcils fins froncés par ma concentration, la même peau mate, le même petit nez, la même bouche fine.

Manifestement, rien n'a changé.

Mais à l'intérieur, je ressens un pincement. Un pincement au cœur que je n'arrive pas à déloger. Et cela depuis la dernière discussion avec Aspen. Celle où il me disait de me méfier de Alma, Lana et Dean.

Le léger problème était que... je venais de révéler ma véritable identité à l'un d'eux quelques heures plus tôt. Je ferme les yeux : quelle idiote. Malgré le fait que ce soit lui qui ait deviné, je n'ai d'aucune manière joué la comédie en prétendant que ce n'était pas le vrai prénom. Alors que j'en aurais très bien été capable.

Qu'est ce que je dois en déduire ?

Que je voulais qu'il le sache ?

Non. Alors quoi ? Je n'en sais rien.

Et c'est ça le problème, moi qui autrefois était si maître de moi même, je ne sais même plus ce que je ressens... Petit à petit, un autre sentiment s'installe en moi. Bien connu : la colère. Une furieuse colère envers ce Dean dont je ne sais rien, qui m'a piégée, et qui m'a fait douter de moi aussi facilement.

J'ouvre brusquement les yeux.

Il faut maintenant que j'inverse la tendance. Mais il va falloir tout d'abord que je découvre comment il a deviné mon nom aussi facilement...

Je détache mes yeux du miroir et me lève tout en réfléchissant. Comment le prendre à part ? Pouvoir lui dire tout ce que je veux sans être sans me sentir épiée dans les couloirs du lycée et par sa sœur, Lana et Aspen ?

Je ramasse deux tee-shirt à terre, et ma veste. En vidant ses poches, je pose sur le lit des écouteurs, une carte et mon portable.

Mon portable.

Je lache tout ce que j'ai dans les mains et fixe longuement ce petit objet. Je crois que j'ai trouvé comment.