✨( 3 ) Un mauvais rêve

2.9K 283 57
                                    

BROUILLARD

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

BROUILLARD. Un bourdonnement assourdissant retentit à mes oreilles. Puis une lumière blanche apparaît, elle s'intensifie, jusqu'à m'aveugler, avant de disparaître.

J'aperçois à présent une forme floue qui semble devenir de plus en plus nette. Les bruits s'estompent progressivement, et seul un léger bourdonnement emplit mon ouïe.

Et je ne vois plus qu'elle.

Une belle femme brune, au visage fin qui s'agenouille devant moi. Elle me tient par les épaules. Son visage est défiguré par le chagrin, le regret et l'appréhension, mais il rayonne d'amour et de courage. C'est pour cela qu'elle est belle.

Je vois ses lèvres bouger, elle essaie de me dire quelque chose. Je comprends par moments quelques bribes. Mais le reste pour moi est trop flou.

Je crois qu'elle veut que je me cache. Pourquoi veut-elle que je me cache ? Je veux lui poser la question mais je me retiens. Je ne veux pas la contrarier. Elle paraît déjà si triste.

Elle me contemple, comme si elle ne voulait pas oublier une parcelle de mon visage et derrière ses larmes elle me sourit. La porte s'ouvre en trombe. Un grand homme blond rejoint cette femme. Pourquoi ont-ils l'air d'avoir si peur ?

Je n'aime pas ça. Je commence à avoir peur moi aussi.

Ils me serrent tous les deux très fort dans leurs bras.

    « BOUM »

Un grand bruit fait trembler le sol et les murs. Ils tressaillent et se détachent lentement de moi. Je voudrais hurler, qu'on m'explique enfin ce qu'il se passe. Mais ils se contentent d'échanger un regard interdit.

    « BOUM » « BOUM »

Je me sens portée jusqu'à un placard, sous un évier. La belle femme me tient la main, elle me parle. Mais encore une fois je ne comprends rien.

     « BOUM » « BOUM » «BOUM»

La porte du placard se referme sur moi. Je crois avoir entendu « je t'aime ». Je pleure maintenant à chaudes larmes et mon cœur s'emballe. Non ! Où est elle passée ?

« CRRAAC »

Je me fige horrifiée.

J'entends des bruits de pas précipités. Un coup de feu. Un hurlement long et strident. Un deuxième coup de feu.
Le silence

À travers les deux portes du placard, j'ai vu les silhouettes des deux personnes que j'aimais le plus au monde s'écrouler.

L'intense lumière blanche réapparaît plus éblouissante qu'avant et le bourdonnement assourdit une nouvelle fois mes tympans.

***

Je me réveille avec un sursaut, soudain agressée par le niveau sonore d'un bourdonnement différent, plus sourd. Inspirant un bon coup, je tente de calmer les battements effrénés de mon cœur en fixant le ciel à travers le hublot du jet.

    — Ta nouvelle identité ? demande une voix de femme derrière moi.

    — Je ne suis plus Aspen Diaz mais Kyle Miller, dix-sept ans, joueur de football dans l'équipe du lycée.

La soif me prenant à la gorge, je me lève de ma place et attrape une bouteille d'eau et un verre posés sur la table où mon superviseur et mon coéquipier semblent réviser.

    — Qu'est-ce qu'on a dit ? Ne te borne pas à ça Aspen, tu incarnes désormais un personnage à part entière, tu dois être capable de me sortir n'importe quel détail de cette vie inventée.

    — Désolé Cathy. Mon ancien lycée est le Highbury Grove School à Londres. Après le divorce récent de mes parents, ma mère Mrs Miller, avocate fortunée a décidé de traverser l'Atlantique et de déménager à New-York. Elle a amené avec elle ses deux merveilleux et charmants enfants : Kyle - le beau gosse - et Ava Miller - l'autre - qui vont être scolarisés à  Allen Stevenson High, lycée pour gosses de riches... C'est mieux ?

    — Beaucoup mieux.

Reposant mon verre d'eau, je hausse un sourcil lorsque Aspen me fait un clin d'œil.

    — Puisque tu ne dors plus Amanda, tu vas pouvoir me faire un récap du but de la mission, me suggère Cathy notre superviseur.

Pour l'avoir fait déjà au moins une centaine de fois, je ne sourcille même pas.

    — Cette mission est une mission de protection, elle consistera à servir de garde rapprochée à Madison Byrne qui n'est autre que la fille cachée du premier ministre britannique. Mr Lane n'a pas voulu nous en dire plus. Je serais dans sa classe, en 10th grade (*première) et Aspen intégrera une classe de 12th grade (**terminale). Les services secrets ont récemment détecté une menace. L'existence de cette fille n'est plus si secrète, il y a eu des fuites. Il est probable que des personnes puissent s'en prendre à elle et l'utiliser comme un moyen de pression envers le premier ministre et donc le gouvernement.

À la fin de ma récitation, je ne manque pas de narguer Aspen en penchant la tête, l'air faussement désolée.

    — Excellent, commente Cathy. N'oubliez pas les enfants, la discrétion avant tout.

Je hoche la tête, observant notre accompagnatrice. Sereine, ses lèvres sans cesse retroussées en un demi-sourire, ses cheveux bruns ramenés en arrière d'une manière désordonnée, seules les pattes d'oies aux coins de ses yeux verts trahissent sa quarantaine. Je la trouve moins rigide sans son uniforme du campus. Maintenant que nous avons tous à nous habiller en civils, il est sûr que nous semblons tous l'être moins.

Je repense au Campus, à Mr.Lane, aux professeurs... Tout ce monde me semble déjà si lointain, mais je ne regrette pas une seule seconde mon départ : ma carrière va enfin commencer.

    — Partir en mission à quinze ans ! s'est extasiée Laurie quand je lui ai annoncé la nouvelle. Tu ne te rends pas compte de la chance que tu as ! Tu vas être le plus jeune agent secret sur le terrain de tout le campus Amanda ! Et en plus..., a-t-elle ajouté malicieusement. Tu pars encore avec Aspen Diaz !

    — C'est justement le seul problème Laurie, ai-je argué en levant les yeux au ciel sans pouvoir cependant m'empêcher de sourire face à la bêtise de cette fille.

    — Tu lui parleras de moi ?

J'ai éclaté de rire face à l'air menaçant qu'elle a pris.

    — Mmm... laisse moi réfléchir, ai-je lancé avant de lâcher un : « même pas en rêve » catégorique.

« ... Ladies and Gentleman welcome to New York... »

Aspen et moi nous redressons et regardons par le hublot simultanément.

AEROPORT JOHN F. KENNEDY INTERNATIONAL.

Mes lèvres s'étirent en un demi-sourire. Nous sommes arrivés à New York. Nous sommes enfin sur le terrain.

Amanda Lee [tomes 1&2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant