Si Noah avait tourné la tête, il m'aurait aperçue.
Il m'aurait vue, assise sur un banc, juste en face du muret d'où il est sortit. Mais je suis demeurée invisible à ses yeux. Il a regardé dans une direction opposée à la mienne, a sourit à Madison, lui a rendu ses jumelles et s'est éloigné, accompagné de Gabrielle et Linda. Tous les quatre arboraient un sourire satisfait. Pas victorieux, juste satisfait. Le genre de sourire qui montre qu'on a gagné une bataille. Pas la guerre.
En l'occurrence, eux ont gagné leur bataille, une des nombreuses dans leur lutte contre les TALIS. J'aurais pu savourer cette victoire avec eux, donner un nouveau sens à ma vie, m'engager dans cette résistance contre Campus mais plus leur silhouettes rapetissent, plus je me rends compte que j'ai choisi un chemin différent. Peut-être que nous nous retrouverons à la fin... ou peut-être pas. En tout cas, leur trajectoire ne passe pas par la case « retrouver Dean », et une chose est sure : il est hors de question que je l'abandonne.
Les gyrophares hurlant d'une ambulance me rappellent mon objectif. Oubliant Noah et les autres, mon regard se rive sur l'un des deux TALIS dont Noah a saboté la mission et mon bras se met à bruler à l'endroit de ma dernière blessure par balle. Je fixe d'un œil sombre celui dont j'ai volé la photo à Madison. Celui dont je sais maintenant qu'il s'appelle Paolo Sanchez. Celui qui tenait une arme fixée sur moi par la fenêtre de la berline noire. Lui et une autre fille suivent l'ambulance des yeux tandis qu'elle s'éloigne, emportant leur victime avec elle, avant de rebrousser chemin.
C'est le signal que j'attendais.
Sans hésiter une autre seconde, je me lève, réajuste sur mon épaule le sac contenant mon peu d'affaires personnelles et me dirige dans leur direction.
Je les suis à une distance prudente, laissant à chaque fois l'équivalent d'une moitié de rue entre nous. De toutes manière, mes précautions semblent superflues : je ne sais pas si c'est parce qu'ils sont en colère ou parce qu'ils sont abattus, mais ils ne se retournent pas une seule fois.
Au bout de quelques rues, ils disparaissent dans un immeuble. Je me poste derrière une voiture et observe ce dernier. Il est banal, comme on peut en trouver à Londres, même si la façade décrépie m'inspire un hôpital pour une raison obscure. Je tente stupidement de deviner à quel étage ils auraient pu monter en scrutant les fenêtres sensiblement identiques. Je me résous finalement à attendre. J'y passerais toute la nuit s'il le faut. De toute façon, je n'ai pas d'autres pistes.
Une main sur ma bouche me fait tressaillir.
Prête à me battre, je me retourne violemment mais mon affolement retombe lorsque je reconnais la personne qui me tient bâillonnée. Mes yeux s'ouvrent grands comme des soucoupes.
— Lana ?
Initialement, c'est ce que je voulais dire, mais à cause de la pression exercée sur ma bouche, je ne réussis qu'à prononcer des onomatopées étouffées. Lana en question me scrute, tout aussi étonnée que moi.
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Amanda Lee [tomes 1&2]
AzioneAmanda Lee n'est pas une adolescente comme les autres : c'est un agent secret. Inutile de chantonner le générique de «Mission Impossible», parce que ce qui l'attend n'a rien d'exceptionnel : intégrer un lycée huppé et devoir protéger une jeune fille...