CHAPITRE 5:

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Le 04/10/2017
Elio...

Je me levai avec la boule au ventre, j'avais les yeux gonflés et rouges. Je m'habillai, allais manger un bout de pain même si je n'avais pas faim et partais au collège. Je rejoignais Lou, Adèle, Charlotte, Ysée, Iris, Robin et Martin. Tout le monde était autour d'eux, la plupart étaient au courant pour Prune. Un article avait été écrit dans le journal. Prune détestait être le centre de l'attention, si elle revenait au collège je ne sais pas si elle le supporterait. Tout le monde parlait en même temps et pas la moitié des gens ne la connaissait.

- Qu'est ce qui s'est passé ?
- Elle va bien ?
- Qui a mis le feu ?
- Elle va se réveiller ?
- Sa famille est morte ?
- Elle va mourir ?
- Elle s'est fait tirer dessus ?
- Vous l'avez vu ?
- Elle est arrivée chez toi Elio ?
- STOP !!! Leur dis-je

Je ne supportais rien, ni leurs questions, ni leur hypocrisie. Je partais énervé, j'avais envie de frapper tout le monde, de crier, de hurler ce que je ressentais mais il fallait que je me comporte comme un élève normale, comme s'il ne s'était rien passé. C'était trop pour moi. Je ne m'attendais pas à réagir de cette façon, je ne pensais pas l'aimer autant.

J'allai en cours mais je n'écoutais pas, je ne participais plus. Physiquement j'étais là mais mentalement j'étais ailleurs. Plusieurs professeurs me demandait ce qui s'était passé, j'avais du mal à en parler sans craquer, ma prof de français, Mme Tolde le vit et essayait de me rassurer mais la seule chose qui pouvait m'aider c'était de la voir réveillée, qu'elle me parle. J'allai au self et on mangeait tous ensemble. On parlait tous les deux avec Adèle, elle n'était pas bien non plus.

- Tu as réussi à dormir ? Me demandait Adèle
- Ouais, j'étais crevé et toi ?
- Pas beaucoup, 4h00 maximum
- Tu n'a pas fais de rêve où elle se réveillait ?
- Non pas encore, j'aimerai bien tu sais.
- Toutes ces personnes qui sont venus, ça m'a soûlé.
- Ouais moi aussi, la moitié ne la connaissait pas, tous ces hypocrites...
- Prune les aurait tous envoyés balader... Elle me manque avec son caractère de cochon.
- Je la connaissais moins bien que toi mais je suis pas bien depuis hier.
- Ouais pour moi c'est pareil.

Je sortais à 14h40 avec Adèle, Charlotte, Lou, Ysée, Iris et Martin. On prenait le bus pour aller à l'hôpital. Le médecin ne m'avait pas appelé, je savais qu'elle n'était pas réveillée. Une fois là-bas, on se remit à jouer à des jeux pour éviter de penser à elle. Cette idée était complètement débile pour essayer de l'oublier. On se trouvait dans un hôpital, et on pouvait la voir dans une chambre juste en face. Je n'étais pas du tout concentré sur le jeu, je décidai de sortir. J'avais l'impression de la voir partout, dans les rues, dans le bus, en cour... Je me mis à courir, de plus en plus en plus vite jusqu'à ce que je n'arrive plus à respirer. Il fallait que je me défoule, que je libère cette colère qui me rongeait.

Adèle vint me rejoindre, elle n'était pas bien non plus. On restait assis par terre, dans l'herbe, à côté la plupart du temps à pleurer mais sans parler. On se comprenait. Je ne savais pas si les autres étaient vraiment bien mais en tout cas ils allaient mieux que nous.

On remontait en haut, il fallait que j'aille la voir, dans sa chambre. J'ouvrai la porte, mon cœur battait tellement fort que je n'entendais que lui. La pièce était assez grande, il y avait une salle de bain, une télévision, la table était sous une fenêtre avec son sac. Et elle était là, au milieu de la pièce, inconsciente, amochée de partout, branchée à des tas de machines qui bipaient toutes les minutes. Une perfusion avait été mise sur son bras. Elle avait la phobie des piqûres. Tous mes souvenirs revenaient, de la sixième à hier. Même si on n'avait pas passé beaucoup de temps ensemble, j'avais adoré être avec Prune. Je restais assis à côté d'elle un petit moment. Je n'osais pas lui parler, je lui tenais juste la main. Je sortais un peu plus tard, je ne supportais plus de la voir dans cet état. Les autres devaient partir. Moi aussi mais je décidai de rester, ma mère pouvait me ramener. Adèle restait avec moi, on faisait nos leçons dans la salle d'attente. A 20h00, les visites étaient terminées, nous devions partir. En arrivant chez moi, je vis les policiers. Ils me posèrent quelques questions. Ils avaient ouverts une enquête pour l'incendie et la personne qui avait tiré sur Prune. Ils ne disaient rien d'autre. Une fois partis, je m'enfermai dans ma chambre, je voulais être seul. Je comprenais ce que Prune avait ressenti quand elle était partie du collège. Ce soir je n'étais pas fatigué comme hier, je n'arrivais pas à dormir. Je m'habillai, mettais un jogging, un sweat. Et je laissai un mot dans ma chambre

Mille pensées Où les histoires vivent. Découvrez maintenant