CHAPITRE 7 :

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Le 12/10/2017
Prune...

J'avais mal autant physiquement, que moralement. Je n'avais plus personne, j'ésperais qu'Antoine obtienne ma garde, que j'irai habiter chez lui. Qu'il me reste quelqu'un mais Nan, je n'avais pas encore assez souffert. J'allais me retrouver dans une famille d'accueil et je n'étais pas prête pour ça.
Il était 4 heures du matin, je ne dormais toujours pas, j'étais complètement décalée, je dormais 3 heures par nuit et de temps en temps dans la journée. J'avais toujours aussi mal au ventre, et aux bras. J'avais des brûlures sur tout le long. Ça collait à mes vêtements, à la couette, c'était horrible surtout au moment de me laver. Aujourd'hui, je passais l'après-midi avec Adèle et Elio, j'étais contente mais j'avais peur. Je réagissais bizarrement des fois, je ne me reconnaissais plus. Je savais qu'en sortant de cet hôpital, je serai différente, mais au fond de moi, je ne voulais pas quitter cette vie. L'année dernière j'avais déjà changé, en mieux, j'étais plus forte. J'étais sortis de ce tunnel alors que je ne pensais jamais m'en sortir, mais là c'était trop, je ne pouvais pas remonter cette pente, elle était trop rude. Et J'avais l'impression de me rencontrer pour la première fois. J'étais une fille qui n'aimait pas le changement et qui adorais la routine. Donc ça allait me faire bizarre de vivre ailleurs, avec des personnes que je ne connaissais pas. J'avais surtout peur de changer de collège, de ville, de partir loin et de perdre tous mes repères. Je me posais un tas de questions mais je n'avais encore aucune réponse.
Je lisais pendant 1 heure, j'aimais beaucoup ce livre. J'avais l'impression de me voir dedans. Il s'appelait « Si je reste » Il parlait d'une fille qui avait un accident de voiture avec ses parents et son frère. Quand elle était dans le coma, elle devait choisir de rester ou de partir, en sachant que si elle restait, elle serait sans ses parents mais avec son copain. Moi j'avais ce choix quand ma maison avait brûlée, je pouvais descendre et mourir avec ma famille ou m'enfuir et vivre toute seule. Je m'en voudrai toujours de les avoir laissés mourir et de m'être enfuis. Quand je vois ce qui se passe maintenant, j'aurai pu tout éviter. Mais j'avais fait ce choix là, je devais l'accepter maintenant, je devais assumer. Fatiguée par toutes ces inquiétude, ces questions je m'endormais.

Elio...

Nous sortions des cours et allions à l'hôpital. Je ne savais pas si elle allait nous accepter, si elle allait mieux mais je l'espérais de tout mon cœur. On parlait un peu avec Adèle sur le chemin, elle ne savait pas trop comment réagir vis à vis de Prune à cause de ce qu'elle avait appris hier. Moi non plus. Je savais juste qu'elle ne voudrai pas qu'on en parle. Je n'avais presque pas dormi cette nuit à cause de ça et le peu de sommeil s'était transformé en cauchemar. On arrivait à l'hôpital vers 12h45, on montait au deuxième étage et allait vers la chambre 210. Les rideaux était encore tirés, on toquait à la porte mais nous n'avions aucune réponse. Une infirmière venait nous voir et nous disait que Prune dormait et que l'on pouvait l'attendre dans sa chambre si nous le voulions. Mais nous préférions attendre dans la salle d'attente en mangeant. Nous parlions jusqu'à temps que Prune se réveille.
Les rideaux s'ouvrirent à 14h00. Elle était réveillée, nous allions dans sa chambre. Elle avait les traits tirés, les yeux rouges, et des cernes noirs sous les yeux. Ses cheveux étaient attachés et emmêlés. Il n'y avait plus cette petite étincelle dans ses yeux, maintenant on ne pouvait voir que de la tristesse et de la souffrance. Je ne la reconnaissais plus, avant elle aimait bien s'occuper d'elle sans en faire de trop, elle était toujours bien habillée, bien coiffée... Ça me faisait mal de la voir de cette façon, elle était comme détruite. Je m'asseyais dans le fauteuil à côté d'elle et Adèle sur la table de l'autre côté.

-Elio, pourquoi tu me regarde comme ça ?
-Désolé, j'étais dans la lune... Sinon ça va mieux ?
-Pas trop
-Tu veux qu'on en parle ?
-Non, je n'y arriverai pas, je voudrais juste oublier.
-Ouais je comprends
Elle avalait difficilement sa salive.
-Vous avez mangés ?
-Oui, on est arrivé vers 12h45
-Ah oui je perds toute notion d'heure, je suis complètement décalée au niveau du sommeil. Sinon vous voulez faire quoi ?
-J'ai des jeux et mon ordinateur si on veux regarder des films.
On décidait de regarder un film. Adèle s'allongeai à côté de Prune et je restais dans le fauteuil. Vers le milieu, je me rendais compte que Prune s'était endormi. Je regardais Adèle, elle n'avait pas l'air bien, sur le coup je pensais qu'elle avait eu une vision. Elle sortait et me demandait de venir avec elle.
-Adèle tu as eu une vision ?
-Non, c'est juste que je n'aime pas la voir comme ça. Elle ne va pas bien, elle est au fond du trou là !
-Tu crois que je ne le vois pas, que ça ne me fais pas mal !
-Je n'ai pas dis ça, cette situation me dépasse, je ne la reconnais plus, ce n'est pas Prune. Elle fait comme si tout allait bien mais ça ne marche pas.
-Je ne sais pas quoi faire, j'ai déjà essayé de lui parler hier mais elle ne m'écoutait pas.
Nous étions dans la salle d'attente quand Prune arrivait dans un fauteuil roulant.
-Je sais que je suis au fond du trou, que je ne vais pas bien mais je n'arrives pas à en parler. J'ai l'impression que tout me glisse dessus. Je ne me reconnais plus, j'ai peur de me retrouver toute seule mais je fais tout pour y être. Je n'arrives pas à accepter ce que le médecin m'a dit hier, je suis incapable de l'accepter. Je suis perdue, j'ai l'impression que je ne m'en sortirais jamais.
Je la prenais dans mes bras, c'était plus fort que moi. Nous essayions de la réconforter autant que nous pouvions.
Adèle commençait à parler.
-Prune, nous sommes là, je ne te laisserai jamais tomber. L'année dernière, je n'ai pas assuré, je m'en veux tellement, je ne sais pas si tu t'imagines. Je n'ai jamais vécu ce qui t'arrive, je peux m'imaginer ce que tu ressens mais je ne sais pas réellement ce que ça te fais. Je ferai tout pour t'aider mais je te le dis franchement je ne sais pas comment faire. J'ai peur de dire quelque chose qu'il ne faut pas, de te rappeler des souvenirs, de te faire mal...
-Moi aussi je serai toujours là pour toi, tu peux en être sûr, je ne te laisserai pas tomber. Tu ne débarrassera pas de moi aussi facilement. Je n'ai pas su t'aider l'année dernière alors que je savais que ça n'allait pas, je suis vraiment désolé. J'essaye de te rassurer, de t'aider du mieux que je peux.
-L'année dernière à été une épreuve pour moi, j'ai atteint l'objectif que je m'étais fixé à la rentrée, survivre. Je pensais que j'en avais assez bavé, que cette année serait super. Mais à la rentrée, je commençais à ne pas être bien, Lou et Charlotte m'énervait, je n'étais pas comme elles. Les jours passaient et je commençai à aller mieux mais cet accident a tout détruit. On voit les vrais personnes dans ces cas là. Vous êtes là avec moi et je vous en remercie, merci d'être là pour moi Elio, de m'avoir aidé depuis le début. Merci Adèle d'être venu me chercher aussi, parce que je ne te connaissais pas. Je ne te l'ai jamais dit mais c'est toi qui a réussi à me faire tenir en me faisant rigoler l'année dernière, il n'y a que toi qui y arrivais vraiment. Aujourd'hui, je crois qu'il ne me reste que vous... Mais je ne veux pas vous entraîner dans ma chute...
-Tu ne nous entraînera pas avec toi parce que tu va t'en sortir, tu va y arriver, tu es plus forte que tu ne le crois. On va t'aider mais c'est normal que tu ne sois pas bien après tout ce qui t'es arrivé. Acceptes la tristesse, la colère que tu ressens, le fait de na pas être bien. Après tu pourra aller mieux, aller de l'avant.
-Vous dites que je suis forte mais moi je ne crois pas. J'avais juste une carapace qui s'est brisée lors de l'incendie. Je suis une fille très sensible, je suis capable de pleurer devant un film, en m'imaginant un scénario triste dans ma tête. En voyant quelqu'un pleurer...Je déborde de colère, je peux exploser à tout moment, j'accumule tout au fond de moi et un jour tout explose. Dans ces moments là, il vaut mieux ne pas être là. Un peu comme hier, tu t'es tout pris Elio, je ne voulais pas... Ces parties de moi vous ne les connaissez pas forcement mais elles montrent que je ne suis pas une fille forte. Ce qui est sûr, c'est que j'ai envie de m'en sortir, je n'ai pas trahi ma famille pour rien.
-Tu ne les a pas trahi Prune, tu as fait ce qui était le mieux pour toi... Pour une fois, tu as pensé à toi. Et je pense que tu as fais le bon choix.
-Je ne sais pas Adèle...
Elle baissait la tête pour que je ne vois pas ses yeux remplis de larmes. Je retournais dans la chambre avec elle en attendant qu'Adèle revienne. Je l'aidai à se remettre dans son lit et je m'allongeai à côté d'elle. Prune posait sa tête sur mon épaule et se blottissait contre moi. Adèle revenait un peu plus tard et s'asseyait dans le fauteuil juste après avoir relancé le film.

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