Believe Me

Chapitre 3

PDV: Ashton

Les secondes s'étirent interminablement dans cette salle de classe lugubre, comme si le temps lui-même se complaisait à prolonger mon tourment. L'ennui, insidieux, s'installe peu à peu en moi, semblable à un poids oppressant qui écrase mes pensées. Je me surprends à envier ceux qui ont le privilège de s'évader de cette prison de s'avoir, tandis que je me consume dans la monotonie des leçons et des exercices répétitifs. Qui a bien pu concevoir une telle torture, je me demande avec amertume, priant secrètement pour un miracle qui me libérerait de cette routine morne et oppressante.

Puisque nous sommes condamnés à partager cet enfer éducatif pendant deux longues heures, peut-être est-il temps de partager un peu de mon fardeau, de révéler les plaies qui déchirent mon âme et assombrissent mon existence. Ma famille, cette entité brisée et désolée, est un miroir de ma propre détresse. J'ai une petite sœur, une innocente fillette de quatre ans, que j'ai prise sous mon aile dès sa venue au monde. Sa naissance, loin de symboliser un nouvel espoir, a simplement ajouté un fardeau de responsabilité sur mes épaules déjà lourdement chargées.

Mon père, un homme aux mœurs volages et à l'emprise tyrannique, est le responsable de ce désastre familial. Il a engendré ma sœur avec l'une de ses innombrables conquêtes, laissant derrière lui une traînée de douleur et de désolation. Depuis toujours, j'ai pris sur moi pour protéger ma jeune sœur des griffes de cet hommes, de veiller sur elle avec une dévotion désespérée. Mais je suis impuissante face à ses accès de violence, quand il frappe sans merci, quand il sème la terreur dans notre foyer déjà brisé.

Et puis il y a ma mère, une silhouette fantomatique dans mes souvenirs, une ombre qui hante mes nuits de son absence déchirante. Mon père prétend qu'elle est partie avec un autre homme, me laissant, moi, seul responsable de son départ. J'avais trois ans à l'époque, trop jeune pour comprendre le poids des mots et des violences, mais maintenant, je vois clair dans cette manipulation perverse. Ma mère, elle aussi, est une victime de cette tragédie familiale, mais ses traces se sont estompées, laissant derrière elle un vide béant dans mon cœur meurtri.

La douleur, je la connais intimement, elle est devenue l'ombre qui me suis chaque instants, ma seule constante dans un monde de chaos et de désespoir. J'ai tenté à maintes reprises de briser le silence, de révéler les secrets qui empoisonnent notre foyer, mais mes paroles se sont heurtées à un mur d'indifférence et de déni. On m'a dit que j'avais trop d'imagination, que mes souffrances n'étaient que le fruit de mon esprit tourmenté. Mais entre vous et moi, un enfant n'imagine pas les coups qui pleuvent violement sur son corps, il n'imagine pas la peur dans mes yeux quand son père entre dans une rage folle.

Un bruit de porte me tire de mes sombres réflexions, et je lève les yeux vers l'entrée de la salle de classe, le cœur alourdi par l'angoisse. La porte s'ouvre sur un groupe d'élèves, un visage familier me parviens. Parmi eux, je distingue une jeune fille, celle qui m'a bousculé plus tôt dans la journée. Mélodie, si je me souviens bien, accompagnée de ses amis, dont les visages me sont encore inconnu.

Le professeur, fatigué de leurs retards récurrents, leur lance un regard sévère, avant de les sommer de rejoindre leur place sans un mot de plus.

Mon regard croise brièvement le regard de la fille de ce matin, et je détourne les yeux, incapable de soutenir son regard. Mon cœur se serre douloureusement, comme pris dans un étau invisible, tandis que je sens le poids des regards curieux qui se posent sur moi. Je baisse la tête, cherchant refuge dans l'ombre de mon propre désespoir, priant silencieusement pour que cette journée se termine rapidement, avant que le monde entier ne découvre la vérité qui brûle au plus profond de mon être tourmenté.

PDV : Mélodie 

La surprise s'empare de moi lorsque je remarque la présence d'Ashton dans ma classe. Mon cœur bondit de joie dans ma poitrine et une vague d'excitation m'envahit, je peine à contenir mon sourire rayonnant. Mais mon bonheur et de courte durée lorsque je remarque l'expression assombrie sur son visage, ses yeux baissés vers le banc, comme plongé dans ses pensées les plus sombres.

Je suis choquée par l'indifférence qu'elle me témoigne. Mes propres émotions, oscillant entre la surprise et la déception, se reflètent sans doute sur mon visage, à en juger par le regard perplexe que me lance mon frère. Il est habitué à me voir attirer l'attention, à être au centre de toutes les conversations, mais jamais il ne m'a vue être ainsi ignorée.

Secouant la tête pour chasser les pensées tumultueuses qui arrivent, je m'approche discrètement d'Ashton. Son attitude m'intrigue. Comment peut-elle rester aussi indifférente alors que je suis là, pleine de vie et de curiosité, prête à lui offrir mon amitié ? Je l'observe en coin, un sourire en coin ourlant mes lèvres alors que je décide de percer son mystère.

Déterminée à découvrir ce qui se cache derrière son masque d'indifférence, je me prépare mentalement à toutes les stratégies que je pourrais employer pour la ramener à la réalité, pour l'inciter à ouvrir son cœur et à partager avec moi ses pensées les plus intimes. 

A Suivre...