BROKEN [ TBS ]

Broken Sixteen

Qu'est-ce que je foutais là ? Sérieusement, pourquoi j'étais venue en cours ? J'aurais dû rentrer chez moi, rester dans mon lit pour la journée, et revenir le lendemain. J'étais assise sur ma chaise, avec sa jumelle, habituellement occupée par Thomas, vide à côté de moi.  Et même si j'étais là, je me sentais tout aussi absente que lui. Mon esprit n'y était pas.

Comment allait-il ?
Où était-il ?
Que faisait-il ?

J'étais totalement paniquée. Je ne savais pas quoi faire. Après le premier cours, Ingrid m'attrapa rapidement pour me parler dans le couloir.

-          Tu devrais rentrer chez toi, Jessie, me conseilla la brune. T'as vraiment pas l'air bien...

-          C'est pas qu'une impression... J'aimerai savoir si Dylan va bien d'abord. C'est ma faute.

-          Je t'enverrai un message, d'accord ? Je suis sûre qu'il ne t'en veut pas, il sait que Thomas ne va pas bien et que ses réactions sont imprévisibles.

J'acquiesce, mais cela ne fait en rien disparaitre la culpabilité qui m'envahit. Je n'aurais jamais dû regarder le profil d'Allison, et encore moins demander à Dylan de faire la route avec moi et de me donner des réponses. Vu comment avait réagi Thomas la première fois, c'était évident que sa réaction allait être disproportionné.

Je soupire finalement, et fait un signe de main à mon amie avant de sortir en douce de l'établissement. Mais je n'allais pas tout de suite rentrer chez moi. Il fallait que je m'assure que Thomas allait bien, et il n'allait surement pas répondre à mes messages. Je me dirige donc directement chez lui, de toute façon c'était à quelques pâtés de maison de chez moi.

Je reconnais très vite la bâtisse, et quand je remonte l'allée pour toquer à la porte, j'entends du bruit derrière celle-ci. Du bruit ? Non, des cris. Ça crie beaucoup, j'entends même des objets se casser. Je n'ose même pas frapper. Je reconnais la voix de Thomas, il est fou de rage, mais je n'entends pas ce qu'il dit. Au bout d'un moment, le silence règne, et je ne sais toujours pas quoi faire.

Tout à coup, la porte s'ouvre à la volé et un Thomas furieux manque de me rentrer dedans. Il s'accroche à la bordure qui orne l'entrée de sa porte pour s'arrêter à temps, manquant de tomber. Il m'observe avec de gros yeux, les sourcils froncés. Ses cheveux blonds foncés sont complètement ébouriffés, ses joues sont rouges, comme s'il avait couru des kilomètres,  et il halète fortement. Il me dévisage pendant quelques secondes et semble se calmer. Son visage est parsemé de coup. Un œil au beurre noir, la lèvre fendue, tout comme sa pommette gauche.

-          Qu'est-ce que tu fous là ? me demanda-t-il durement.

-          Je voulais... Je voulais savoir comment ça allait...

-          Je vais bien, ça se voit pas ? répondit-il en penchant la tête sur le côté, souriant faussement.

-          Thomas...

Il serre les dents, ne me lâche pas du regard, et mon air suppliant semble le faire plier. Un soupire s'échappe de ses lèvres alors qu'il ferme les yeux, puis il m'attrape la main pour me faire rentrer chez lui.

D'abord surprise par cet élan, je manque de trébucher sur la première marche. Mais je me rattrape au mur du couloir de l'entrée et le suis. On se dirige dans son salon ouvert sur la cuisine, et c'est là que je me retrouve nez à nez avec une femme, et une fille, plus jeune. Il ne me faut pas longtemps pour deviner que c'est sa sœur et sa mère, ils ont littéralement les mêmes traits physiques. Je remarque autre chose : c'est le foutoir total. Il y a des cadavres de livres, du verre brisé sur le sol, et un semblant de trou dans le mur du salon, non loin de la télévision.