BROKEN [ TBS ]

Broken Seventeen

Thomas venait tout juste de s'endormir. Alors, très lentement, je retire ma main des siennes et me lève pour sortir discrètement de celle-ci, dans le plus grand des silences. Quand je referme la porte derrière moi, je colle mon dos contre le bois et soupire.

Chaque moment était si intense avec ce garçon. J'étais tellement confuse. Puis je repensais à sa famille. C'est vrai qu'elles étaient là, sa mère et sa sœur. Je décide donc de redescendre à la cuisine pour les découvrir toutes les deux en trains de nettoyer la cuisine. Me voyant arriver, sa mère se redresse, l'inquiétude se dessinant sur ses traits. C'était une femme qui ne me semblait pas trop âgée, avec une teinture brune. Cela dit, elle semblait très fatiguée au vue des cernes qui ornaient le dessous de ses yeux. Son style était typiquement british, tout comme la maison, et le reste des personnes qui vivaient ici. Son visage était très similaire à celui de Thomas.

- Je l'ai couché, il s'est endormi, dis-je d'une voix timide, jouant nerveusement avec mes doigts.

- Tu as réussi à le calmer ? Impressionnant, ironisa sa sœur en haussant les sourcils.

- Tu es une amie de Thomas ? questionna sa mère après avoir fini le ménage.

- Hm... Oui, je suis arrivée cette année. Je m'appelle Jessie, répondis-je en acquiesçant.

- Assieds-toi Jessie, je te serre quelque chose ?

- Juste de l'eau.

Elle était extrêmement tendue, et ne faisait que s'agiter dans tous les sens. Même après m'avoir servie un verre d'eau, elle ne vint pas me joindre à la table de la cuisine.

- Merci de l'avoir calmé, il est un peu... Sur les nerfs.

- Oui, je suis au courant, par rapport à la perte de son amie.

Elle s'arrête net. La femme se tourne vers moi, et elle semble tout à coup se calmer. Elle regarde sa fille monter à l'étage, et vint tout doucement s'assoir à la table avec moi. Le changement d'ambiance semble toujours brutal chaque fois que j'évoque le suicide d'Allison.

- Tu lui ressembles un peu, physiquement, constata-t-elle en croisant les mains sur la table. Mais seulement physiquement. Tu as l'air d'avoir bon fond.

Je ne sais pas quoi répondre à ça, alors je bois une gorgée de mon verre d'eau en baissant les yeux.

- Dès le jour où il l'a fréquenté, je n'ai plus jamais reconnu mon fils. Elle l'a rendu fou.

- Comment ça ? demandai-je en plissant les yeux. Même avant qu'elle ne... Qu'elle ne...

- Oui, même avant son suicide. Mais une mère le sent, m'expliqua-t-elle en me souriant en coin. J'ai senti que cette fille n'était pas bien pour Thomas. Mais il ne m'a pas écoutée.

- Il n'a écouté personne, dis-je en acquiesçant.

- Même pas ce pauvre Dylan, soupira-t-elle en baissant les yeux.

Elle connaissait aussi Dylan ?

- Tu sais, lui et Thomas étaient amis depuis l'enfance. Inséparable ! Mais il a fallu qu'elle arrive, et elle a fait éclater la vie de Thomas en milles morceaux.

- Est-ce que... Est-ce que Thomas a un traitement pour ses sautes d'humeurs ? demandai-je, hésitante.

- Oui, oui bien sûr, confirma-t-elle en me lançant un regard triste. Mais il ne veut pas entendre parler de ça, il pense qu'il va aller mieux, que ça va passer. Il fait comme s'il n'y avait aucun problème.