BROKEN [ TBS ]

Broken Four

Depuis ce cours d'art, mes rapports amicaux avec Thomas s'étaient miraculeusement améliorés. L'ambiance au sein du groupe, que je découvrais encore, s'était détendue. Cela faisait un bien fou de ne plus recevoir les regards mauvais du blond. Il m'adressait parfois la parole, était moins froid, j'étais redevenue quelqu'un de normal. Et je l'impressionnais par mes compétences artistiques.

-          Et, tu sais, Thomas est un super musicien, m'expliqua Ingrid, la bouche pleine de salade. Il joue ultra bien de la basse !

-          Arrête, Ingrid. Tu sais que ça fait longtemps que j'ai pas joué, bougonna Thomas en fronçant les sourcils.

-          Justement, tu devrais reprendre, répondit-elle en se redressant de la table.

-          Moi j'aimerai bien entendre, avais-je ajouté d'un air curieux.

Thomas leva les yeux dans ma direction, ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Il referma aussitôt les lèvres, et baissa les yeux sur son plateau de nourriture.

-          Non.

Ce fut le seul mot qui franchit sa bouche, et il attrapa son plateau puis sortit de table.

-          Pourquoi ça arrive toujours quand je me mets à parler ? m'indignai-je en soufflant.

-          Laisse, ça lui passera. Je suis contente que le courant passe mieux entre vous déjà, lâcha Kaya avec un sourire.

Mouais, pas si bien que ça finalement.

-          Je vais voir, finis-je par dire après quelques secondes de réflexion.

Déterminée, je me lève de mon siège en emportant mes affaires et mon plateau que je dépose avant de sortir. Je regarde à gauche, à droite, et je le vois en train de longer le couloir, les mains fourrées dans sa veste en tissu noir. Je marche plus vite pour le rattraper, et je le stoppe net en me plaçant devant lui. Il ne me fuira pas encore une fois !

-          Faut qu'on parle, Sangster !

Je devais avoir l'air sévère, en espérant lui faire un peu peur avec ma grosse voix. Je le vois reculer légèrement sous la surprise, mais il se repend avec son habituel froncement de sourcils.

-          J'ai rien à te dire, lâcha-t-il froidement. 

-          Pourquoi, à chaque fois qu'on évoque le passé, tu t'enfuis ?

-          Je ne fuis pas, continue-t-il sur le même ton.

Il me contourne et reprend ça route, me faisant rouler des yeux.

-          Bien sûr que si, tu fuis ! m'exclamai-je en me remettant à le suivre.

-          Tais-toi, tu sais pas de quoi tu parles.

-          Et à chaque fois que je dis quelque chose, tu fais la gueule. C'est quoi ton problème avec moi ? Tu veux pas que je m'intègre dans le groupe ?

-          Mais lâche-moi, putain !

-          Nan, pas tant que t'auras pas craché le morceau !

Il s'arrête d'un coup, et j'entre en collision avec son dos. Il fait volte-face et son visage est dangereusement proche du miens. Thomas est furax à cet instant.

-          Tu veux savoir ? Tu lui ressembles, voilà ce qu'il y a.

Je ne comprends pas tout de suite le sens de ses mots, alors je le regarde avec incompréhension. Il soupire, me tourne de nouveau le dos et reprend son chemin.