Je me réveille, étire mes membres endoloris, m'emmitoufle davantage dans ma couette pour rester au chaud. Je suis terrassée par la fatigue – un peu comme lorsque je prends ce cachet pour me défendre contre Becky. Au bout de quelques minutes, paupières mi-closes, je me décide enfin à me lever. Le lit est bien plus haut que d'habitude, et un tapis moelleux accueille mes pieds nus. Je ne sais pas où je suis.
En passant devant un haut miroir, je réalise que je porte une chemise d'homme noire. Je scrute la chambre, parfaitement impersonnelle. Aucune photo, aucun objet qui me rappellerait quelque chose. Et puis, peu à peu, les souvenirs de la veille reviennent. Je me rapproche du grand miroir et relève mes cheveux pour inspecter la cicatrice laissée par les crocs d'Andrew – mais rien.
– Regarde de plus près... Les cicatrices ne restent pas visibles longtemps.
Je sursaute, me retourne d'un bloc. Andrew est là, dans l'encadrement de la porte. Ses cheveux, mouillés, sont coiffés en arrière. Il ne porte que son pantalon de costume et un débardeur noir. De nouveau, je m'approche du miroir. Et cette fois, je les vois. Deux minuscules points à peine rosés, blancs en leur centre.
– Elle te plaît ? Profites-en. Demain, il n'y paraîtra plus.
Une foule de sentiments se bousculent en moi : peur, soulagement, excitation, colère... Que faire de tout ça ?
– Les cicatrices que je laisse sont toujours impeccables, murmure-t-il en s'avançant vers moi. Nettes et sans bavure.
– Pourquoi ne pas m'avoir tuée, si mon marché ne vous intéressait pas ?
– Notre première dispute, déjà ? répond Andrew sur un ton ironique.
Il est là, tout près, passant ses doigts fins sur ma cicatrice, et je ne peux réprimer un frisson.
– Excellent, en tout cas.
Je lui décoche un air interrogateur.
– Ton sang. Absolument délicieux.
Je m'écarte de lui pour lui signifier ma désapprobation, et mes yeux se posent sur une horloge : 13 heures.
– Mon Dieu ! Mon frère doit être mort d'inquiétude ! m'exclamé-je en cherchant mes affaires du regard, notamment mon téléphone.
Adossé au mur, il me regarde m'activer. Ma robe est posée sur une chaise. Je me change, énervée, et il ne rate pas une miette du spectacle. Il y a une énorme tache de sang sur le devant, mais tant pis – j'aurai mon manteau dessus. Mon sac m'attend, rangé sur une élégante desserte ; je le rafle, bien décidée à quitter cet endroit et à rentrer chez moi. Ma main plonge à la recherche de mon téléphone.
Mais au moment de franchir le seuil de la chambre, Andrew me bloque le passage. Il s'avance, me forçant à reculer, et referme la porte derrière lui.
– Est-ce que vous me retenez prisonnière ? sifflé-je, furieuse, ne me reconnaissant plus. Au même moment, je constate qu'aucun message de Jonathan ne s'affiche sur mon téléphone, ce qui est plutôt étrange.
Andrew me contemple, un sourire aux lèvres. Il semblerait que je sois à ses yeux une source sans fin d'amusement.
– Du calme. Je vais te raccompagner. J'aimerais juste attendre que mon frère soit reparti, histoire qu'il ne se demande pas pourquoi tu as passé la nuit avec moi.
– Nous n'avons pas passé la nuit ensemble ! m'écrié-je un peu trop fort.
– Si tu veux, répond-il calmement. Mais quand il te verra sortir de ma chambre, je ne suis pas sûr qu'il arrivera à croire autre chose. Surtout que tu es censée être rentrée chez toi hier soir.
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Le Pacte d'Emma
VampireElle est mourante, lui seul peut la sauver, mais à quel prix ? Je pensais qu'en me lançant dans ce pacte je risquais seulement ma vie, mais c'est ma raison qui est en train de s'envoler.Je l'ai embrassé, mais ce n'est pas ce qui est le plus déraiso...