L'air frais de la rue me fait du bien. Je respire à fond et essaie de me calmer. Je n'ai pas envie de rentrer directement chez moi, pour ruminer ce qui vient de se passer. Non, j'ai besoin de me changer les idées, de me défaire de l'emprise que M. Anderson a sur moi. Il a réussi sournoisement à faire naître un besoin en moi : ce besoin de le voir, ce besoin de le satisfaire, ce besoin d'exister à ses yeux.
Cinq bonnes minutes que j'arpente le trottoir devant le building, réfléchissant à tout ça. Je lève la tête, tente de voir s'il y a encore de la lumière dans son bureau, mais c'est impossible – la perspective ne le permet pas. Ça suffit, Emma, stop ! STOP !
Je m'éloigne à vive allure, et alors que je m'apprête à m'engouffrer dans la bouche de métro, je m'arrête, pensive, puis sors mon téléphone pour appeler la première personne qui me vient à l'esprit : Nathan.
– Emma ! s'exclame-t-il, par-dessus le vacarme – musique et voix mêlées.
– Je te dérange ?
– Attends une seconde, je sors.
Le tumulte dure un moment, puis finit par s'amenuiser. De nouveau, sa voix résonne.
– Allô ? Tu as fini de bosser sur ton dossier ?
– Oui, je suis vraiment désolée, j'aurais adoré pouvoir venir.
– T'en fais pas. Ce n'est que partie remise. Tu veux qu'on se retrouve ?
J'espérais qu'il me le demande ; plus que tout, j'ai besoin de passer du temps avec quelqu'un de rassurant.
– Avec plaisir !
– Tu as pu manger ?
– Non, je voulais terminer au plus vite.
– Je comprends. Je n'ai pas mangé non plus et j'ai la dalle. On est au Fury Dog, dans la 51e Rue, entre la 5e et la 6e Avenue. Tu nous retrouves là-bas ?
– Ça marche !
Bien décidée à oublier cette affreuse semaine, je m'enfonce dans les entrailles de NYC – la cité qui ne dort jamais.
**
– Emma, je te présente Louis, Zack, Adam et Juliana, crie Nathan par-dessus la musique. Les gars, je vous présente Emma !
Ses amis lèvent leurs verres dans ma direction. Je m'assois à côté de Nathan. Nous sommes sur une sorte de mezzanine surplombant l'ensemble du club. En contrebas, des gens s'agitent sur la piste de danse. Certains regards se lèvent vers nous, espérant apercevoir dans la pénombre le visage de Nathan ou d'un de ses acolytes.
– Qu'est-ce que tu manges ? Tu es végétarienne ?
Du khôl noir a coulé de ses yeux, ce qui lui donne un air grunge encore plus prononcé. Il me tend le menu.
– Non, pourquoi ? Toi, oui ?
– Carrément pas, j'aime trop la viande ! Essaie le burger du chef, tu vas te régaler, c'est le meilleur de tout New York !
Il se dégage une énergie positive de ce garçon : même quand il évoque un simple hamburger, il est capable de s'émerveiller. On dit que la plupart des gens qui gagnent beaucoup d'argent finissent par se lasser des choses simples. Pas lui.
– OK, je te suis, alors ! m'exclamé-je.
Il hèle un serveur, qui attendait poliment en retrait. Il plaisante avec lui, essaie de le mettre à l'aise, ponctue sa commande d'une tape amicale dans le dos.
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Le Pacte d'Emma
VampireElle est mourante, lui seul peut la sauver, mais à quel prix ? Je pensais qu'en me lançant dans ce pacte je risquais seulement ma vie, mais c'est ma raison qui est en train de s'envoler.Je l'ai embrassé, mais ce n'est pas ce qui est le plus déraiso...