La valse des cœurs 1 : Mission kilos et prince charmant (En pause)

Chapitre 3 : Soirée entre filles

Tout juste se garait-elle sur le trottoir en face de la grande maison fleurie d'Apolline et Christelle que Véga aperçut une furie foncer sur elle. Pas le temps d'admirer comme à l'ordinaire l'architecture spéciale de la demeure de sa meilleure amie car la jeune femme fut aussitôt agressée, ou presque :

— C'est pas trop tôt ! s'exclama la brune dont son carré long était, comme toujours, raide comme des baguettes de tambour.

Les bras croisés sur sa poitrine généreuse, Inès secoua la tête de droite à gauche. Comme toujours, la conductrice d'autobus paraissait agacée. Mais peut-être était-ce vraiment le cas, cette fois-ci.

Apolline, plus petite, plus fine, aux traits plus doux et à la chevelure blond foncé, arriva à son tour devant la ZOE de Véga et roula des yeux face au comportement de la plus foncée. Même si leur trio se connaissait depuis longtemps, il n'était pas rare qu'il y ait quelques problèmes d'entente, surtout entre Inès et la dentiste qui étaient pratiquement opposées.

— Il y avait du trafic sur la route.

— Mon cul oui, je te rappelle que j'habite Bidart moi aussi et la circulation était plus que fluide !

— J'ai calé au beau milieu de la route, continua Véga en ignorant par la même occasion la réplique de son amie.

Parfois, laisser Inès se plaindre était la meilleure option, surtout lors de moment comme celui-ci.

— C'est rare que tu cales, remarqua Apolline qui s'était approchée de son amie pour plaquer une bise sur sa joue. Qu'est-ce qui t'a distraite ?

— En premier lieu ? L'heure, avoua la concernée en envoyant un regard noir à Inès qui marmonnait désormais dans sa barbe, puis ensuite Lilian.

Ni une ni deux, Apolline sourit et s'exclama qu'elle voulait tout savoir. Mais c'était sans compter sur la brune qui leur rappela qu'elles étaient supposées dîner au restaurant. Véga ignorait ce qui arrivait à Inès mais elle comprit rapidement qu'elle n'avait pas été la seule à avoir une journée moyennement agréable. Son amie était certes, très souvent piquante et énervée, cependant cette fois-ci, elle avait atteint un nouveau palier.

Discrètement, Apolline lui fit comprendre que la râleuse avait eu une grosse dispute avec un collègue de travail. Il n'en fallut pas plus à Véga pour deviner l'identité du fauteur de troubles, soit Jérémie. Depuis qu'il avait intégré le service d'Inès, tous les deux ne cessaient de se tirer dans les pattes. Si Apo et elle pensaient qu'il y avait une sorte d'alchimie entre les deux gens, ce n'était pas l'avis de la concernée qui ne pouvait tout simplement pas se « blairer cet idiot » mot pour mot.

Au final, après dix bonnes minutes durant lesquelles Inès rouspéta, les amies montèrent dans la voiture d'Apolline, et Christelle les rejoignit. Comme toujours vêtue d'un chemisier pastel, elle sourit à Véga. Son amie et elle s'étaient rencontrées plusieurs années auparavant : l'avocate avait défendu le cabinet dans lequel travaillait la dentiste.

Si au départ, il n'y avait pas énormément eu de complicité entre les deux femmes qui se pensaient mutuellement hautaines, un dîner entre employés avait tout changé.

À cette époque, Apolline n'avait jamais ressenti d'attirance pour la gent féminine et avait eu une histoire avec un certain Rémy qui la harcelait depuis qu'elle avait mis fin à leur relation néfaste. Ce soir-là, l'homme s'était présenté au restaurant et s'était montré en spectacle pour soi-disant récupérer celle qu'il aimait plus que tout. Les tons étaient montés, les insultes et les menaces de la part de l'amoureux malheureux étaient arrivées par centaines et alors qu'il s'apprêtait à gifler la pauvre Apolline, Christelle avait récité les nombreuses infractions que Rémy venait de commettre. Son discours avait démotivé l'homme qui avait pris la fuite sans plus attendre.