Ours Brun - Partie 2

26 2 0
                                    


Vendredi après-midi

Noa se réveilla dans un sursaut. Des cris fusaient autour d'elles. Que se passait-il ?

Elle ouvrit difficilement les yeux, la vue encore brouillée par un sommeil un peu trop profond. Elle identifia le fauteur de trouble comme étant cette silhouette d'enfant sautillant tout autour de son lit et laissant échapper des cris de guerre ressemblant à ceux des apaches.

- Gare à toi visage pâle, que fais-tu sur mon territoire ?

Noa secoua la tête, humecta ses lèvres de sa langue et passa une main dans ses cheveux comme un rituel de réveil puis s'éclaircit la voix.

- Hem... Je cherche Bison Blanc, votre chef ... répondit-elle d'une voix rauque.

L'enfant s'arrêta net, comme surpris qu'elle entre dans son jeu. Il sauta ensuite sur le lit.

Noa fronça les sourcils. Il devait avoir une dizaine d'année, des cheveux blonds comme les blés, de grands yeux bleus au reflet espiègle.

- Alors suivez-moi ! Mais soyez silencieux. On nous observe.

Lentement et dans un état second, Noa suivit le garçon. Ils traversèrent la maison en longeant les murs, courbés et sur la pointe des pieds. Ils finirent par passer par la baie vitrée ouverte pour arriver sur une terrasse.

Le garçon s'accroupit derrière un énorme pot de fleurs et appela Noa à lui. Elle le rejoignit, à présent réveillée. Elle rit intérieurement de la situation. Le petit devait être le fils tant adoré de son patron. Il ne parlait que de lui.

- Tu es Antoine, n'est-ce pas ? souffla-t-elle.

Une étincelle passa dans le regard de l'enfant en signe d'approbation silencieuse.

- Mon nom est Flèche Rapide. Je vais te mener à Bison Blanc. Mais avant, il nous faut passer devant Ours Brun. C'est notre meilleur guerrier. Il ne faut pas qu'il nous voit.

Noa se redressa et jeta un coup d'œil par-dessus le pot de fleurs. En effet, dans le jacuzzi en hauteur, un bout de crâne brun dépassait. Ce devait être lui le fameux guerrier.

- Bison Blanc doit être dans sa hutte à l'heure qu'il est.

- Et où est sa hutte ?

Le garçon indiqua une cabane dans le fond du jardin.

- C'est là ! Suis-moi.

Et il se faufila, aussi vite qu'il put, derrière les arbres qui se dressaient dans le jardin. De son point de vue, Noa était consciente qu'il y avait clairement moyen d'éviter le jacuzzi par un détour. Puis elle comprit qu'il allait directement dans la gueule du loup, qu'il le cherchait.

Et alors qu'il n'était plus qu'à quelques mètres, il marcha sur une brindille, volontairement. Ours Brun réagit immédiatement. Il surgit de l'eau à la vitesse de l'éclair, les lèvres relevées sur ses dents dans un grondement menaçant, et fonça sur le garçon, courbé vers l'avant. Noa ne put s'empêcher de pousser un cri de stupeur et de se redresser. Il était rapide. Sa longue chevelure bouclée volait à chacune de ses enjambées. Il était massif, impressionnant et avait tout d'un guerrier, jusqu'aux larges cicatrices sur le torse. Un tatouage en forme de patte d'ours dominait un de ses pectoraux.

- Attends que je t'attrape ! gronda-t-il.

Flèche Rapide éclata de rire et courut en direction de Noa. Mais Ours Brun eut vite fait de l'attraper. Il plongea dessus et le protégeant de ses bras, il se jeta au sol. Ils roulèrent sur quelques mètres avant qu'il ne libère le petit pour le laisser le surplomber, faisant mine d'être soumis.

Ils riaient, grognaient et gigotaient dans tout les sens. Alors, doucement, Noa s'avança en riant sans retenue.

- Je suppose que je ne verrai pas Bison Blanc ce soir, s'exclama-t-elle en riant.

Ours Brun suspendit ses gestes, semblant seulement remarquer la présence d'une inconnue. Antoine en profita pour lui asséner un puissant coup de poing dans le ventre. Le guerrier ne broncha pas et détailla Noa des pieds à la tête. La jeune fille suspendit sa respiration. Il avait un regard plus qu'envoûtant, le teint hâlé et une barbe de quelques jours dessinée avec soin. Ce qui étonna sans doute le plus Noa était le charisme qui émanait de lui. Son regard indiquait clairement qu'il était au début de la vingtaine. Mais il avait déjà un corps sculpté comme un homme mûr, des cicatrices et des allures très viriles.

Il écarta doucement Antoine et se releva avec aisance. Il passa une main dans ses boucles brunes aux reflets dorés pour se recoiffer un minimum.

Il souleva ensuite son menton d'un air quelque peu dédaigneux.

- Vous êtes la stagiaire ?

Elle enfonça ses mains dans ses poches et se força à sourire malgré l'effet paralysant qu'il lui faisait.

- Je suis Noa, oui.

Elle ignorait totalement qui il pouvait être. Sans doute un cousin...

- Hum... vous sauriez où je pourrais trouver Monsieur Fievez ?


Ours Brun croisa les bras, le rendant encore plus imposant.

- Il est occupé dans l'abri de jardin, il travaille sur une machine en panne. Pourquoi ?

Noa fronça les sourcils. La manière de parler et de se tenir de son interlocuteur était un peu trop... abrupte. Sèche. Presque agressive.

Elle pinça les lèvres et tenta de se contrôler. Habituellement, elle aurait fait en sorte de frustrer ce genre de personne en le remettant à sa place. Mais il faisait partie de la famille.

- Très bien merci. J'irai le trouver quand il aura fini.

Et elle tourna les talons. Une bonne douche et une tenue rafraîchie lui ferait du bien...



Amours de jeunesse - RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant