Ours Brun - Partie 3

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Samedi soir

Enroulée dans sa serviette de bain, les cheveux trempés, elle se laissa tomber sur ses draps, pensive.

À vrai dire, elle ne comprenait plus très bien pourquoi son patron l'avait invitée pour tout un weekend dans son chalet. Elle n'avait pas encore eu de ses nouvelles et le souper était en cours de préparation, ce qui voulait dire qu'ils n'allaient pas travailler ce soir.

Sa pensée s'orienta alors sournoisement vers l'inconnu du jardin. Elle se souvint de l'impression qu'il lui avait laissé et un sourire se dessina sur son visage. Qui était-il ?

Quelqu'un frappant à la porte la coupa dans ses pensées agréables. Elle se précipita à la porte, certaine que c'était Mary. Elle aurait peut-être une réponse à la question.

Elle ouvrit donc la porte, tout sourire et faillit s'étrangler de surprise.

- Oh mon dieu ! s'exclama-t-elle en serrant davantage sa serviette autour d'elle.

Un regard bleu la détailla des pieds à la tête, lentement. Ce regard si froid la brûla jusqu'au plus profond d'elle. Elle ne parvenait pas à s'y soustraire, elle ne parvenait pas à fuir. Quand le bleu rencontra le brun, elle comprit qu'il aimait ce qu'il voyait par la nuance chaude qui venait d'apparaitre.

Jamais auparavant Noa n'avait ressenti ça. Cette attirance physique mutuelle, cette communication entre deux esprits sans la moindre parole. Dans son regard, elle lisait tant de choses. De la tristesse, de la souffrance. Elle se rappela les cicatrices. Alors son cœur se serra et une boule monta dans sa gorge. Au fur et à mesure qu'elle ressentait ce qu'il avait de plus profond en lui, elle sentait les larmes lui monter aux yeux.

Alors, malgré elle, elle tendit une main vers lui avec un sourire tendre et tenta de poser sa paume sur sa joue. Mais il lui attrapa le poignet brusquement, la nuance chaude se transformant soudain en glace. Il serra la mâchoire, se referma à elle tandis qu'une larme coulait le long de la joue de la jeune fille.

- Qu'est-ce qu'on t'a fait ? demanda-t-elle dans un souffle.

- Qui es-tu ? lui répondit-il, la voix rauque.

Il savait pertinemment qui elle était. Cette question remettait bien plus de choses en question qu'une simple réalité. Une simple réponse était impossible. Alors, elle serra les poings, revint dans un monde plus conscient et recula de deux pas, s'échappant de son emprise. Elle ferma les yeux un court instant.

- Pourquoi es-tu venu ?

- Ton patron te demande dans son bureau.

Elle sourit et fit un pas en avant pour sortir.

- J'y vais de ce pas.

Il se mit en travers de son chemin.

- Tu devrais te changer avant.

Elle eut un petit rire nerveux.

- Ah oui.

Et il partit.

Son patron et elle travaillèrent jusqu'à l'heure du souper. Elle admirait Monsieur Fievez et il semblait beaucoup l'apprécier aussi. Parmi tous les candidats qui s'étaient présentés, il lui avait avoué qu'elle seule avait retenu son attention. Habituellement, il ne retenait personne pour un stage. Elle avait quelque chose de différent, quelque chose d'énergique. Et il aimait cela.

Elle s'était présentée à son entreprise parce qu'elle avait toujours admiré l'empire qu'il avait construit à partir de rien. Un stage dans une telle entreprise lui offrait un avenir professionnel plus qu'avantageux.

Leur relation après un mois de stage était parfaite.

Et ce weekend dans son chalet personnel était pour clôturer un contrat important et pressant.

- Je pense que nous pouvons arrêter pour aujourd'hui, Noa, annonça Monsieur Fievez en s'enfonçant dans son fauteuil. Vous vous plaisez ici ?

Noa sourit à pleines dents en joignant les mains.

- C'est parfait. J'ai rencontré Antoine, il est très drôle cet enfant !

Son patron sourit.

- Il est plein de surprise et d'imagination. Il sera parfait pour reprendre l'entreprise familiale.

Elle décida d'aborder le sujet d'ours brun.

- Qui est le jeune homme qui est venu me chercher dans ma chambre tout à l'heure pour que je vienne vous voir ?

Il fronça les sourcils et Noa ne manqua pas remarquer la soudaine noirceur de son regard.

- Mary était censée aller vous chercher, dit-il d'une voix glacée.

Noa pinça les lèvres, embêtée.

- Il s'appelle Seth. C'est le fils de ma femme. Vous la rencontrerez lors du repas. Vous verrez, elle est charmante.

- Je n'en doute pas.

Sur ces mots, son patron se leva et invita Noa à quitter son bureau.

- Nous mangerons dans une heure, lui indiqua-t-il. J'ai encore une petite chose à régler.

Lors du repas, Noa fut étonnée de ne pas y trouver Seth. Elle en fut presque déçue.

- Seth ne se joint pas à nous pour manger ? demanda-t-elle.

L'épouse de son patron serra le verre de vin qu'elle tenait à en rendre ses jointures blanches. Antoine suspendit son geste pour porter sa fourchette à sa bouche et Monsieur Fievez adressa à la jeune fille un sourire froidement poli.

- Il n'avait pas faim.

Sur ces mots, son épouse avala d'un trait son verre de vin. Noa comprit que quelque chose n'allait pas. Elle changea de sujet.

- C'est dommage pour lui, il ne sait pas ce qu'il rate. Ce repas est délicieux, Madame Fievez.

L'épouse releva la tête et se força à sourire. Ce compliment ne l'atteignait pas.

Amours de jeunesse - RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant