Brindille - Partie 5

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- Qu'est-ce que tu fais ? s'étrangla-t-elle.

Milo avança vers elle ; elle recula, se retrouva acculée à l'appuie de fenêtre. Elle se retint d'y grimper pour gagner quelques centimètres de distance mais il était trop tard. Il était presque collé à elle.

- Qu'est-ce que tu as senti ? dit-il, le regard fiévreux.

La rage revint, plus forte, plus sauvage. Ses poings étaient serrés si fort que ses ongles pénétraient ses paumes.

- Dis-le, répéta-t-il, la voix suave.

- Tu...

Elle avala difficilement sa salive.

- Oui ? demanda-t-il à mi-voix.

Elle planta le vert de ses yeux dans le noir des siens, tenta de le sonder, y vit plus de choses qu'elle n'aurait voulu et les mots coulèrent de sa bouche sans qu'elle ne puisse les retenir.

- Tu me désires, souffla-t-elle.

Et à peine eut-elle lâché ces mots que Milo plaqua ses lèvres contre les siennes sans la quitter du regard.

Bon sang.

C'était chaud, doux et moelleux à la fois.

Comme si ce contact avait abaissé un levier, un torrent de feu trop longtemps contenu depuis leur première rencontre déferla dans les veines de la jeune fille.

Il ne la lâcha pas du regard, accentua la pression en se collant à elle.

Il la désirait.

Elle se sentit autre, quelqu'un qu'elle ne connaissait pas. Femme.

Elle posa ses mains sur ses avant-bras pour le repousser mais il était campé sur ses pieds comme un roc. Elle relâcha alors un peu la pression, prit conscience de ses veines saillantes, y fit légèrement glisser ses doigts, comme par réflexe. Il frissonna.

Elle ressentit alors une satisfaction proche de la victoire qui se traduisit par un sourire contre les lèvres du jeune homme. Elle aussi pouvait avoir un peu le contrôle sur lui.

Il sépara leurs lèvres. Elle continuait de sourire et il ne put s'empêcher de fixer ces lèvres généreuses ainsi étirées.

- Tu es dangereuse, Ana.

Son regard devint froid et il recula pour finir par lui tourner le dos et sortir.

La jeune fille demeura pantelante et une pensée vénéneuse la traversa.

Je le désire.

Quand elle revint dans la salle de danse, Milo était introuvable.

- Ton petit ami a dit qu'il avait quelque chose d'urgent à faire, lui expliqua la prof. Si tu veux, tu peux être ma partenaire. Je pense que tu as des progrès à faire...

***

Le lendemain du cours de danse, Ana redoutait de croiser Milo. Elle prit son temps pour arriver à l'école, entra par l'arrière du bâtiment, où il y avait moins de monde et se rendit directement devant sa classe. Heureusement, elle ne le croisa pas.

Il fut absent des premières heures de cours puis se pointa comme une fleur sur le temps de midi.

La jeune fille était assise, seule, dans un coin du réfectoire et elle le vit passer devant elle. Elle suspendit son geste pour mener sa tranche de pain à sa bouche entrouverte. Elle sentit de nouveau ce liquide brûlant et inconnu dévorer ses veines tandis qu'il avançait fier, la tête haute, la démarche féline et menaçante.

Pourvu qu'il ne me regarde pas, pourvu qu'il ne me ...

Il ne lui jeta même pas un coup d'œil, alla vers le groupe de Marie, passa un bras autour de la taille de cette dernière l'embrassa sur la tempe.

Depuis quand ces deux là fricotent ?

Ana n'avait jamais connu la jalousie. C'est pourquoi elle ne parvint pas à la contrôler. Elle se leva brusquement de table, faisant tomber sa chaise et se retourner presque tout le réfectoire, y compris Milo.

Elle les ignora, fonça tête baissée et entra en collision avec quelqu'un. Ce dernier ne bougea pas d'un poil mais elle serait tombée à la renverse s'il ne l'avait pas retenue par la taille et collée à lui.

Brice.

Douche froide.

Il venait d'éteindre en une fraction de seconde le feu qui la dévorait et elle lui en fut infiniment reconnaissante.

- Merci, souffla-t-elle avec un sourire qu'elle avait du mal à contenir.

Brice baissa les yeux sur elle, répondit à son sourire.

- Mais avec plaisir.

Puis, consciente que tous la regardaient, elle se redressa, s'éclaircit la gorge et dépoussiéra son pull pour se donner une contenance.

- Je suis désolé pour le premier jour de cours, avoua Brice.

Elle le dévisagea à travers ses cils. Le pensait-il vraiment ? Elle était persuadée que non.

- Ce... ce n'est rien.

Il ne fallut pas plus à Brice pour sembler soulagé.

Elle tenta de le contourner, il la retint par le bras.

- Attends ! Laisse-moi t'offrir une boisson pour me faire pardonner.

Une boisson n'allait certainement pas faire passer la pilule. Elle n'avait pas envie de passer une seconde de plus avec lui.

- Non merci.

Il serra davantage son bras, presque à lui faire mal.

- Allez, dis oui.

Brice avait en ce moment ce regard d'enfant de riches qu'il était, à obtenir toujours ce qu'il désirait et qui se retrouvait en cet instant face à un non.

Elle se dégagea de son étreinte, quitta le réfectoire, Brice sur ses talons.

Les toilettes ! Elle y serait en paix et seule. Mais c'était sans compter sur les grandes jambes de Brice qui l'intercepta dans le couloir qui menait à son refuge.

Il lui bloqua le passage, écartant les bras pour couvrir un maximum de terrain.

- Ce n'est qu'une boisson.

- Tu n'as pas besoin de faire ça, Brice, je n'ai pas soif.

Elle tenta de le contourner par la droite. Il lui bloqua à nouveau le passage. Elle tenta à gauche, il la repoussa contre un mur et encadra sa tête de ses mains appuyées sur le mur derrière elle.

- Pourquoi fais-tu ta difficile sans arrêt ?

Elle ferma les yeux un instant, tentant de contrôler les culbutes de son estomac. Son haleine empestait le thon de la cantine.

- Il y a encore dix minutes, tu me souriais de toutes tes dents. Pourquoi es-tu fermée maintenant ?

Elle ne lui répondit pas, espéra qu'il la laisse en paix.

Mais elle finit par sentir son souffle chaud et humide s'échouer sur ses lèvres, sa main se poser sur sa hanche. Elle serra les poings.

Si elle frappait Brice, c'était toute la classe qui se retournerait contre elle. Et les professeurs. Le père du jeune homme avait énormément d'influence au sein de l'établissement.

- Laisse-moi, Brice ... souffla-t-elle, les larmes lui montant aux yeux.

- Tu es devenue magnifique sur deux mois.

Un sanglot remonta le long de sa gorge tandis qu'une larme roulait sur sa joue.

Elle avait envie de vomir, de hurler mais elle se maîtrisa, comme toujours.

La main de Brice glissa de sa hanche vers le bas de son ventre, s'insinua sous son pull.

- Non...

- Oh, si. Rassure-toi, tu vas aimer !

Amours de jeunesse - RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant