CHAPITRE VIII

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Lundi 2 Janvier

Ce matin, dans la cour du lycée, tout le monde est encore dans un état euphorique ; beaucoup reparlent de la soirée de Samedi, d'autres racontent leur voyage au ski ou au soleil. Je suis visiblement la seule à ne pas avoir envie d'être là. Je fixe le sol pour ne pas avoir à affronter le regard de ceux qui nous auraient vus, et, surtout, je prie pour atteindre la salle de classe sans tomber sur lui.

Il m'a envoyé plusieurs textos la vieille et je n'ai répondu à aucun. Je ne sais pas quoi lui dire, je ne sais pas quoi faire, et, pire que tout, je ne sais pas ce que lui va faire. Et s'il venait pour m'embrasser encore ! Je ne sais pas comment je vais pouvoir me sortir de là...

Je suis percutée en plein dans mes pensées par les gloussements piquants de Yasmine. Je la vois qui saute au cou de Frédéric et l'embrasse goulûment sous les yeux étonnamment calme de Carole. La scène est surréaliste. Frédéric, habituellement implacable sur l'importance de la discrétion dans ses relations amoureuses, autorise les élans de tendresse de Yasmine et semble même apprécier. Quant à Carole, elle n'a pas cillé. Elle reste là, impassible, souriante, à discuter avec eux comme si de rien n'était. Je n'en reviens pas. Aurélie arrive à son tour et se colle à Alex. Elle lui sourit, le regarde amoureusement et glisse sa main au creux de son dos.... Moi qui ne me suis pas préoccupé d'eux samedi soir, la vérité m'assomme par surprise.

Un arrière-goût amer me suit jusqu'à la maison et ma seule envie est d'aller ruminer dans ma chambre. De toute la journée, je n'ai plus pensé à rien d'autre qu'à cette image, même lorsque Sofyan, hésitant, est venu me faire la bise comme si de rien n'était. Jusqu'à ce que les vrais malheurs de la vie me ramènent à la réalité.

Anta est effondrée sur le canapé du salon. Elle a eu aujourd'hui la visite de l'inspecteur Toussaint. L'autopsie de Césilia n'a pas vraiment été concluante ; il n'a pas été possible de différencier les éventuelles blessures défensives des mutilations infligées par l'accident, mais la police scientifique a tout de même réussi à récupérer de l'ADN sous ses ongles. C'est le seul indice qu'ils ont pu trouver, et comme cet ADN n'est pas répertorié, il ne leur a permis d'orienter l'enquête sur aucune piste.

— L'enquête n'est pas clôturée pour autant, mais ils n'ont rien sur ce mec à capuche, continue Anta, pas l'once d'une avancée... et ils recherchent toujours mon père, mais là non plus, ils n'ont aucune piste.

Nous espérions que la police arriverait à mettre la main sur cet homme, qu'ils puissent l'interroger, obtenir quelques informations, mais rien. Insa, lui, était officiellement passé de principal suspect à potentielle victime. Mais toujours pas aux yeux d'Anta ; si je suis très inquiète de ne pas avoir de nouvelle de lui, Anta, elle, est surtout en colère. Et si j'essayais jusqu'ici de la convaincre de laisser cette affaire entre les mains de la police, je commence à penser que nous allons finalement devoir nous en occuper nous-mêmes.Samedi 7 Janvier

Nous avons passé toute la semaine à mettre au point notre plan. La police a fini de fouiller l'appartement d'Anta et elle peut maintenant en disposer comme elle l'entend. Mes parents avaient proposé de mettre les affaires de Cesilia et d'Insa dans des cartons pour qu'elle puisse les revendre, et c'est certainement ce qu'elle va faire, mais pour l'instant, ils sont repartis en voyage, et nous avons des choses à y chercher.

C'est la première fois depuis le drame que nous prenons les transports en commun. Je guette tout autour de nous pour voir s'il y aurait une personne suspecte, ou avec une capuche. Je sens mes jambes flageoler en m'approchant du bord des rails et je peux ressentir l'angoisse d'Anta lui monter à la gorge. Je prie pour que le train arrive au plus vite et je me promets de la ramener en taxi.

SACRAS - Tome I : PréludeWhere stories live. Discover now