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"Ce n'est qu'en acceptant les autres que nous pouvons faire tomber nos propre barrières." ~Jean Vanier.

Nous avions prit la décision de rentrer à pieds afin de ne pas déranger la mère de Teddy. Il était 21H00 passée et il faisait nuit noir ce soir là. 

L'air était frais mais pas trop froide et peu de gens se promenaient encore dans les rues. Je n'avais prévenue personne quant à mon expédition avec Teddy, en fait je n'avais même pas pris la peine de sortir mon téléphone de l'après-midi.

Quand nous arrivâmes devant l'orphelinat après une bonne heure de marche je me tournai vers mon ami. 

-Merci pour ce moment Théodore, lui dis-je alors. 

Il me sourit en enfonçant ses mains dans ses poches. 

-Ça m'a fait plaisir, m'assura-t-il. Tu ferai mieux de rentrer avant de te faire engueuler. 

Je souris à mon tour avant de prendre une inspiration et d'ouvrir la grille. Une fois en haut des marches, je me tournai vers mon ami et fis un signe de la main qu'il me rendit. 

J'ouvris la porte et la refermai silencieusement derrière moi. 

-Je peux savoir où tu étais passé?! Me cria une voix. 

Je laissai ma tête tomber en arrière. C'est pas possible, à chaque fois que je vais rentrer ici sans avoir prévenu personne de ma sortie je vais me faire engueuler. 

-J'étais sortie avec Teddy, expliquai-je à ma psychologue. 

-Tu aurais au moins pu prévenir! Vanessa t'as attendu devant le lycée pendant près d'une demi-heure sans te voir arriver. On a eu peur, de plus tu ne répondais à aucun de nos messages, même pas ceux de Lucie. 

Je poussai un soupir. 

-Et alors? Tu voulais que je retrouve une vie normale! C'est ce que je tente désespérément de faire. Je recommence à sortir, à faire le mur, à m'amuser! Et ouai, j'ai oublié de vous prévenir et alors? Personne ici ne vous préviens quand il sors. 

La jeune femme s'avança vers moi. 

-Tu sais que ce n'est pas pareil, me dit-elle. 

-Et pourquoi je ne pourrai pas être enfin comme les autres? Tu te contredis! Je suis censé devoir reprendre une vie normale d'après ce que tu n'arrêtes pas de me bassiner depuis près de 4 mois, c'est ce que je fais! 

Elle hésita avant de reprendre la parole. 

-Quand je dis reprendre une vie normale c'est de sortir et de te faire des amis mais tu dois nous prévenir au cas où il t'arrive quelque chose. 

Je croisai les bras. 

-Les autres ne doivent pas le faire alors que moi si? 

-Tu n'as pas le même passé qu'eux Axelle! Cria-t-elle. 

Je la défiai du regard pendant une seconde avant de courir jusqu'aux escaliers et de monter dans ma chambre. 

Moi qui pensait être enfin tranquille, je tombai finalement de Charybde à Scylla, autrement dit, je passai d'un problème à un autre. J'avais réussi à éviter Clarisse, maintenant j'avais Lucie sur le dos. 

-Putain mais tu aurais au moins pu envoyer un message! S'énerva-t-elle en me voyant entrer.

Je fronçai les sourcils. 

-Je n'ai aucun compte à te rendre Lucie, fis-je.

Elle allait répondre mais je la coupai. 

-Je fais ce que je veux, j'ai 18 ans, je suis majeur et vaccinée, lui dis-je encore. 

-Tu n'as 18 ans que depuis ce matin! S'exclama-t-elle. Ne fais pas comme si tu avais cette âge depuis trois mois. 

Je posai mon sac sur mon lit et poussai un soupir. 

-Comme je viens de te le dire, je n'ai aucun compte à te rendre, tu n'es pas ma mère. 

Elle croisa les bras. 

-Tu as raison, je ne suis pas ta mère. Mais d'une manière inexplicable je tiens à toi alors que tu n'arrêtes pas de me repousser. A chaque fois que j'ai l'impression qu'on avance, tu fais trois pas en arrière. 

Sur ses mots, elle avança d'un pas. 

-Pourquoi est ce que tu te barricade comme ça? Me demanda-t-elle. Pourquoi est ce qu'il y a autant de barrière qui recouvrent ton cœur? 

J'ouvris la bouche tout en fronçant les sourcils, pourquoi s'énervait-elle comme ça d'un coup? 

Elle fit un pas en avant. 

-Pourquoi est ce que tu as toujours ce visage froid et sans émotion? Pourquoi à chaque fois que quelqu'un veut s'approcher de toi, tu t'en vas en courant? Qu'est ce qu'il t'aie arrivé? Un garçon t'en a fait baver? Une fille? Tu as perdu une amie? 

Je secouai la tête en levant une main devant moi. 

-Tu ne sais pas de quoi tu parles, arrête tout de suite, lui dis-je. 

-Explique moi par ce que je ne comprends pas. Je ne comprends rien à ce qui se passe quand je suis avec toi... 

Ma respiration s'accélérait tandis que je l'observai, son visage arborait un air perdu mais déterminé à connaitre la vérité. 

-S'il te plaît, arrête, geignis-je. 

-Alors dis-moi. Dis-moi pourquoi tu me repousses? Ce matin tout allait bien et là, tu arrives et tu reprends ce ton froid. Et c'est comme ça tous les jours. On peut parler pendant vingt bonnes minutes sans que rien ne se passe et ensuite, d'un coup tu deviens hyper distante et froide. Pourquoi? 

-Ça ne te regarde en rien, lui dis-je encore.

Elle continua d'insister. 

-Pourquoi est ce que tu as peur que quelqu'un te touche? Pourquoi tu as peur de fermer la porte? Pourquoi tu as peur du noir? Pourquoi tu ne montre jamais aucune partie de ton corps? 

-ARRÊTE! Hurlai-je. FERME-LA! Tout ce que tu me demandes là, les réponses ne te regardent pas et ne te regarderont jamais d'accord?! Tu ne sais pas qui je suis, ni ce qu'il m'ait arrivé. Tu ne sais rien de tout ça et c'est tant mieux par ce que je n'ai pas envie que tu découvres le moindre de mes secrets d'accord? Je n'ai jamais voulus que tu te rapproche de moi, je n'ai jamais demandé à ce qu'on soit dans la même chambre, je n'ai jamais apprécié le fait que tu essaie toujours de connaître les réponses à tout ça. Ce matin encore tu disais que tu allais attendre que je sois prête et la tu viens et tu me bombardes de réponses ? 

Je laissai un instant de silence durant lequel je repris mon souffle. 

-Je suis désolée OK? Je suis désolée d'être comme ça d'accord! Je ne l'ai pas toujours été mais c'est ce que je suis maintenant et je ne risque pas de changer de si tôt. Donc soit tu t'y fait soit tu ne m'adresse plus la parole. Mon passé ne te regarde pas. 

Je saisis à nouveau mon sac et ma veste et sortit de la chambre en claquant la porte derrière moi juste au moment où j'entendis la voix de Lucie:

-Axelle attend!

Je fis la sourde oreille et m'en allai jusqu'à la bibliothèque où je me cachais dans les rayons. Je posai le regard sur mes mains et constatai qu'elles tremblaient fortement. Je posai ma tête sur l'étagère derrière moi en soupirant et en tentant de me calmer. 

Je sortis mon téléphone, mon casque et allumai la musique. 

Je tapais du pieds en rythme tendit que je partais dans un autre univers pleins d'étoiles. 

Les paroles de Lucie résonnaient dans ma tête. Une colère sourde apparut alors en moi. Je me levai d'un coup et marchai d'un pas déterminé tout en faisant glisser mon casque sur ma nuque. 

Sous Le Sceau Du SecretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant