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Mes paupières sont lourdes, ma bouche pâteuse et mes idées embrouillées. J'essaie de bouger mais des chaînes entravent mes poignets. Je sens la panique et l'adrénaline courir dans mes veines, les faire bouillonner.

Pour m'empêcher de perdre complètement l'esprit, je me force à ouvrir les yeux malgré la douleur que ça provoque derrière mes globes oculaires. J'essaie de remuer mes ailes mais je m'aperçois avec horreur qu'elles aussi sont entravées.

Je m'oblige à garder mon calme et à analyser la situation. Je suis assise contre un mur, les jambes repliées contre ma poitrine, attachées par des chaines qui semblent trop lourdes pour être brisées. Cette position risque de devenir inconfortable à la longue, mais pour l'instant elle est d'un confort relatif.

Une fenêtre troue le mur de pierre en face de moi. Les rayons de lumières sont saturés de grains de poussière qui volètent doucement, inconscients de la terreur qui brûle ma poitrine. Elle est fermée et n'a pas de poignée. Mes yeux dérivent sur ma droite.

Un jeune homme est attaché à mes côtés. Sa tête pend lamentablement sur son torse. Ses boucles rousses s'emmêlent sur le dessus de son crâne, pleines de crasse. Ses vêtements sont sales et déchirés. Ils laissent entrevoir des plaies sanguinolentes. Mon cœur loupe un battement.

Je jette un coup d'œil aux miens. Rien pour l'instant, ils sont impeccables. Une bouffée de soulagement chasse pour un instant ma peur. Et puis un symbole sur le mur accroche mon regard. Mon sang se glace. Un soleil qui se couche sur une mer agitée et sombre. Je suis prisonnière des Histë.

J'ai très peu entendu parler d'eux. Je sais seulement que ce sont trois frères qui n'ont plus rien à perdre et qui aiment s'en prendre à des figures politiques. Je frissonne. Quel rouage de quel plan machiavélique suis-je ?

Je reporte mon attention sur le rouquin. Maintenant que j'y fais plus attention, je vois trois lettres tatouées sur sa joue gauche. Je retiens un haut le cœur. L'opération a du lui faire horriblement mal ! J'essaie de lire, mais les lettres sont tremblantes, comme si le tatoueur était incompétent ou qu'il s'était débattu.

Je déchiffre "Eos". Son nom ? Prénom ? Nom de code ? Bizarrement, ce mot chatouille mes souvenirs. Eos... Ce mot à une signification dans une langue, j'en suis sûre. Quelque chose en rapport avec le soleil... Son sens m'échappe, je décide d'abandonner avant que mes nerfs déjà mis à rude épreuve ne lâchent.

Je n'ai jamais entendu parler d'un Eos. Mais au vu de la couleur pourpre de ses vêtements déchirés et celle, améthyste, de ses ailes, je dirais que c'est un soldat. Les miennes, magnifiques, sont d'un noir de jais. Couleur de la famille royale et de la pureté. C'est probablement à cause de cet héritage que je suis enfermée ici et qu'elles sont entravées.

Un grognement résonne dans la pièce aux murs froids et non meublés. Je tourne ma tête vers Eos. Il a relevé sa tête et me fixe d'un œil torve. Ses cernes sous ses yeux sont aussi violettes que ses ailes. Mais ses grands yeux verts, même fatigués et dégoulinants d'inquiétude et de méfiance, m'happent et me fascinent. Ils accrochent les miens, et le bleu azur de mes iris se mélangent à l'émeraude des siens.

J'hésite. Dois-je lui parler ou économiser mes forces ? Dois-je braver son air bravache pour savoir qui il est ?

Choix :

¤ Parler à Eos (aller à ¤2¤)

¤ L'ignorer (aller à ¤3¤)

How to be free ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant