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- Je reste.

- Quoi ?! Comment ça ?! Hors de question !

Emmêlée dans mes chaines, je me tourne vers Eos, les joues baignées de larmes. Il a beau afficher une mimique incrédule et pleine d'inquiétude, je vois bien la lueur d'espoir dans ses yeux. De toute façon, je ne vois pas comment je serais capable de le laisser ici seul.

- Je reste avec toi. Je ne veux pas partir. Je ne veux plus partir.

- C'est hors de question. Ne fais pas l'enfant, s'il te plait !

- Hors de question que je te laisse ici seul !

Il grimace. Je le vois presser de nouveau sa main sur la plaie de son abdomen. J'hésite. Je ne vais pas pouvoir aller chercher de l'aide en restant ici... Et puis il pose ses yeux brûlants dans les siens et je me rends compte que je suis incapable de le laisser seul ici.

Le bout de mes ailes frissonne. Les voix sont si proches. Je pourrais m'enfuir loin d'ici. Loin de cette insalubrité. Loin de la peur.

Loin des yeux d'Eos ? Loin de ses mots ? Loin de sa compréhension ?

- Pars s'il te plait... S'ils te font du mal parce que je t'ai fait rester je vais m'en vouloir tellement fort que... S'il te plait pars !

Ses iris me supplient. De l'abandonner ou de rester près de lui ? Je ne partirai pas. Je ne partirai pas ! Je me le jure. Je dois rassembler tout mon courage pour ne pas arracher mes chaines et m'enfuir parce que j'entends la poignée de la porte s'enclencher.

Les yeux d'Eos brillent de peur.

- Pars ! Me supplie t'il.

- Non ! Hors de question !

- S'il te plait...

 Il sanglote comme un jeune enfant capricieux. Ses ailes améthystes sont lâches et lasses. Je m'en veux de le torturer de la sorte mais je me sens incapable de l'abandonner ici. Je ferme mes paupières, les presse très fort l'une contre l'autre.

La terreur s'insinue dans toutes mes veines, bouillonne, me brûle, glaçante. Je me force à souffler sans bruit. La porte frotte le sol. Des bruits de pas.

J'ouvre les yeux. Les tourne vers la porte. Deux hommes. Je meure d'envie d'arracher l'acier de mes poignets. Je vois du coin de l'œil Eos sangloter. De peur ? De culpabilité ? De douleur ?

Le premier homme, je l'ai déjà vu mais je ne me souviens plus quand. Il a des yeux d'obsidiennes et des cheveux de jais. Sa peau, blanche et pâle, lui dans la lumières chaude et vive qui se déverse de la fenêtre.

Il a une expression dure et résignée. Le second parait moin réfléchi. Il a une solide carrure, j'ai l'impression que la largeur de ses épaules fait deux fois celles des miennes. Ses bras font la taille de mes jambes et ses petits yeux enfoncés dans ses orbites me font frissonner.

Je tente de me calmer mais tout mon corps veut fuir. Eos. Je dois rester pour Eos. Eos !

- Salut petite...

Le premier s'approche de moi. Je ferme les yeux. Que va t'il m'arriver ?

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