Je sais que c'est beaucoup lui demander, mais Eos connaît ce lieu depuis plus longtemps que moi. Et en plus, s'il est garde royal, c'est qu'il a un certain niveau d'intelligence. Il s'est calmé, le souffle pantelant. Il me regarde, inquiet et curieux.
- Eos, je souffle, comment ça va ?
- Mieux maintenant que j'ai pu manger un peu et boire.
Je lui souris, heureuse d'avoir servi à quelque chose. Si mon estomac gargouille dans quelques heures, au moins aurais-je eu le plaisir de rendre sa captivité un peu plus supportable. Anxieuse, je me racle à nouveau la gorge.
- Je me demandais si tu pouvais m'aider à m'échapper.
- Je pourrais oui mais...
Un éclair de douleur et de déception passe dans son regard. Il fixe ses beaux yeux sur ses bottes de cuir sombre tachées de sang. Je m'en veux de lui proposer de le laisser seul. Il relève le menton et efface sa mimique triste par un sourire vacillant.
- Non rien, oublie.
- Je reviendrai te chercher après, c'est promis.
- Je m'en doute. Mais ça n'empêche pas le fait que c'est compliqué de te dire oui sans avoir de remords.
- Je comprends.
- Je sais.
Il me sourit encore, mais ce n'est pas très convaincant. Il tire sur l'une des chaines qui entravent ses poignets et puis l'attrape entre ses doigts. Il la fait tourner sur elle-même puis me montre l'un des maillons.
- Tu vois là ? Il y a un défaut dans la conception de ces chaines. Le trou est tout juste assez grand pour passer l'autre maillon par là et ainsi briser la chaine si on arrive à le tourner dans un certain sens.
J'attrape une de mes chaines. J'effleure le défaut dont il parle, sidérée. J'aurais été bien incapable de m'en rendre compte seule. Mais je ne sais pas je serai capable de défaire ce casse-tête.
- Mais pourquoi tu ne t'es pas déjà délivré alors ?
Il désigne ses blessures, les sourcils froncés.
- J'ai découvert ce défaut seulement il y a deux semaines. Et j'étais déjà bien trop amoché pour tenter une escapade. Mais toi tu as encore toute ta vigueur, tu peux peut-être y arriver.
Un long silence s'ensuit, seulement brisé par des bribes de conversation. Les voix sont de plus en plus fortes.
- Qu'est-ce qu'il y a derrière la porte ? Je chuchote, prise de peur.
- Deux gardes, dont tu vas devoir te débarrasser.
Il jette un coup d'œil à mes bras. Je les sais plutôt musclés, quelque chose dont je ne suis pas peu fière au vu du temps que je leur consacre. Je suppose qu'un bon coup sur le crâne suffirait à les endormir pour quelques temps.
- Mais aujourd'hui je doute qu'ils soient là puisque que les frangins sont de retour. Je dirais au son des voix qu'il y a les deux plus grands, aka les deux plus motivés, aka les deux plus forts. Tu vas avoir un peu de mal mais sur un malentendu tu peux les battre.
Son sourire doux contrebalance avec ses paroles acerbes. Il tend ses mains vers moi.
- Allez passe-moi ton poignet que je te montre comment on fait. Sitôt qu'ils vont entrer dans la pièce, faudra que tu sois prête à les recevoir.
J'allais lui tendre mon bras quand soudain j'hésite. Dois-je vraiment partir et le laisser seul ? Est-ce que, le temps de mon absence, les frères Histë ne vont pas le punir de m'avoir laissée partir ? Sauront-ils qu'il m'a aidé ? Je frissonne de peur. Peuvent-ils le punir à mort ?
Ses yeux verts et tristes accrochent les miens. Douloureusement, j'essaie de me résigner à le laisser ici, seul à nouveau. Ma poitrine se sert. Dois-je vraiment partir ?
Choix :
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How to be free ?
FantasyMes paupières sont lourdes, ma bouche pâteuse, mes idées embrouillées. J'essaie de me redresser, des chaînes m'en empêchent. La panique afflue dans mes veines, les fait bouillonner. Je tire sur mes poignets. Une douleur vive s'y fait ressentir. Imp...