¤11¤

6 0 0
                                    

Je tire de toutes mes forces sur mes chaines, me débat dans l'espoir qu'elles me laissent m'enfuir. De l'adrénaline pure coule dans mes veines. J'ai besoin de m'échapper. J'ai besoin qu'elles me laissent partir. J'ai besoin de fuir loin d'ici !

Des grosses larmes s'abattent sur mon cou. J'ai tellement mal au poignet que je me laisse tomber contre le mur dans un gémissement. Je crois que je me suis arraché plusieurs poignées de plumes et une bonne partie de peau.

J'ai terriblement mal. Le souffle coupé, les muscles tétanisés, j'entends les pas des deux hommes se précipiter dans le couloir. J'entends le grognement dépité et frustré d'Eos. J'ai l'impression qu'il a un peu peur aussi.

Trop occupée à sangloter pour voir la terreur et l'apréhension qui figent les traits du jeune homme, je me laisse aller dans un torrent de tristesse et d'abattement. Je n'ai aucune idée de ce qu'il va m'arriver.

Je pense à mon père que je n'ai pas vu depuis dix ans. Aurais-je l'occasion de lui dire un jour que malgré son horrible héritage, je l'aime ? Aurais-je le droit de le serrer de nouveau dans mes bras ? Et Eos ? Va t'il guérir de ses blessures ?

Le désespoir qui m'étrangle me fait gémir. J'essaie, rageusement, encore une dernière fois, de briser les maillons. Impossible. Et je n'ai plus le temps d'essayer de faire coullisser les maillons entre eux.

J'entends la poignée qu'on enclenche. J'entends un soupir plein de souffrance d'Eos. J'entends le pas de la porte grincer sur le sol de pierre. Je vois les pointes de quatre rangers noires. Je lève les yeux.

Le premier homme, je le connais. Je suis presque sûre que c'est lui qui m'a enlevée. Sa chevelure de jais, retenue par un élastique lâche, et ses yeux d'obsidienne me rappellent quelque chose. Son teint pâle lui dans la lumière de l'après midi.

Le second est plus musclé. En fait, c'est une armoire à glace. Il tient ses deux bras aussi gros que mes jambes croisés sur sa poitrine musculeuse, et sa largeur d'épaule fait presque deux fois la mienne. Il brille, dans ses yeux noirs enfoncés dans leurs orbites, une lueur aussi sombre qu'inquiétante.

J'entends Eos bafouiller quelques mots. Une prière ? Soudain, je regrette très fort de ne pas avoir de divinité à prier. Ce geste m'aurait peut-être redonné de l'espoir. J'en manque cruellement.

- Salut petite, me dit le premier.

Mes sourcils tremblent de peur et de fureur. C'est à cause de lui si Eos est dans cet état. Et si je suis ici, c'est sa faute aussi. J'ai beau redouter ce qu'il pourrait me faire, je ne peux m'empêcher de trembler de rage en pensant à tous les problèmes dont il est la cause.

Prudente, je ne réponds rien. Je m'efforce de garder mes lèvres étroitement serrées. Le second s'approche de moi. Il pose deux doigts sur ma joue et les descends lentement. Une caresse, vraiment ?

- Elle est si mignonne... On est obligé de lui faire ça ?

Mon regard dérive et mon coeur loupe un battement à la vue du chalumeau que tient le premier. J'adresse une prière silencieuse à n'importe quelle divinité en capacité de changer quelque chose à ma situation.

Qu'est ce qu'il va m'arriver ?

Aller à ¤14¤

How to be free ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant