Je décide de tenter de lui parler. Je me racle la gorge, effrayée que mes mots ne restent à jamais coincés sous ma langue pâteuse. Je le regarde. Les lettres tatouées sur sa joue me paraissent encore plus grotesques désormais que je les vois entièrement.
- Je m'appelle Hélisa, je chuchote. Et toi ?
Il ricane, amer, en me désignant sa joue. Je remarque des larmes perler au coin de ses yeux et disparaitre presque aussitôt.
- Eos.
J'acquiesçe. J'hésite. J'ai une myriade de questions à lui poser mais j'ai peur qu'il ne se braque encore plus.
- T'es la fille du roi c'est ça ?
Je hoche la tête, intimidée et agacée. Je déteste qu'on me le rappelle. Toute ma vie j'ai essayé de le faire oublier, mais avec la couleur si caractéristique de mes ailes, personne n'est dupe. C'est pour ça que je les teins quand je revêts ma fausse identité. Je hais très fort l'idée qu'on puisse tenter de m'amadouer à cause du rang de mon père.
- Et alors ?
Il ricane à nouveau. Mais un éclat de gentillesse luit dans son regard. J'en suis surprise.
- Alors c'est à cause de lui que je suis là. Je le protège au péril de ma vie. De toute façon je vais bientôt sombrer dans la folie. Ou mourir de fatigue.
Je frissonne. C'est horrible. Est-ce que moi aussi je vais finir dans cet état ?
- T'es là depuis quand ?
- Deux mois. La bouffe est pas terrible. Le service de massage non plus.
Je n'arrive pas à comprendre d'où il tire la force de continuer à faire de l'humour après tout ce qu'il a du subir. Je me sens soudain indigne d'être la fille d'un homme protégé par de tels anges. Je crois que moi aussi, plus petite, j'avais ma garde privilégiée.
- Ne me regarde pas avec ces yeux impressionnés. Je suis tellement faible que parler avec toi est une torture.
- Alors arrête !
- Tu rigole ? Tu es la première à me tirer de mon ennui depuis deux longs mois. Hors de question de perdre ça.
- Mais si ça te fais mal...
- Tout me fait mal en ce moment. Ce n'est pas parler un peu qui va y changer quelque chose.
Je me surprends à admirer son courage. Et à admirer ses prunelles qui brillent d'un éclat de rage qui me fascine. Mes yeux dérivent sur son visage. Il a une belle mâchoire carrée, des pommettes hautes, des muscles encore visibles sur ses épaules et ses bras malgré les mois de privation. Il doit être incroyablement fort.
Je ressens soudain l'envie d'aller me blottir entre ses bras, comme une jeune fille apeurée. Je secoue la tête, agacée. Depuis quand j'ai besoin d'un homme contre qui me blottir pour me sentir protégée ? Je me suis toujours débrouillée, et ce n'est pas maintenant que ça va changer.
Je m'apperçois bien vite qu'il fixe un plateau posé à mes pieds. Je ne l'avais même pas remarqué. Il y est posé un morceau de pain, un bout de fromage, une pomme minuscule et un pichet d'eau avec un verre. Je n'ai pas encore très faim, la substance qu'on m'a donné pour m'emmener jusqu'ici embrouille encore mes sens.
Mais je ne sais pas si je ferais mieux de lui offrir le bout de fromage dont je n'ai pour l'instant pas besoin et qui lui fait visiblement terriblement envie ou préserver mes forces en vue des tortures ignobles qui m'attendent.
Choix :
¤ Lui donner un morceau de fromage (aller à ¤4¤)
¤ Tout manger (aller à ¤5¤)
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How to be free ?
FantasyMes paupières sont lourdes, ma bouche pâteuse, mes idées embrouillées. J'essaie de me redresser, des chaînes m'en empêchent. La panique afflue dans mes veines, les fait bouillonner. Je tire sur mes poignets. Une douleur vive s'y fait ressentir. Imp...