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Je décide de partager. Les chaines à mes poignets sont juste assez longues pour que je puisse tendre les bras. Je rapproche le plateau de mes genoux entravés qui réduisent mon champ de vision. Je suis obligée de procéder un peu à l'aveuglette.

Je sépare la pomme, le pain et l'eau du reste du fromage, les pose sur le sol poussiéreux, envoyant valser les idéaux d'hygiène de mes parents. Je fais glisser le plateau vers lui. La pièce est tellement exiguë que je n'ai qu'à le pousser très légèrement. Si on tendait tous les deux le bras je pourrais attraper ses doigts.

- Tiens c'est pour toi, je grogne.

Ses yeux se mettent à briller. Je remarque brusquement à quel point son visage est émacié. Il se jette sur le morceau de fromage mais s'oblige à en savourer chaque minuscule bouchée. Pendant ce temps je grignote ma pomme, puis le pain.

J'ai soif. Je me verse un verre, et il en reste un fond dans le pichet. Je bois en laissant l'eau un peu dans ma bouche et en la faisant glisser lentement dans ma gorge. Sa fraicheur, après l'horrible sensation que la drogue provoquait sur ma langue, est un vrai délice.

Je regarde Eos. Il regarde le fond de la cruche, les lèvres entrouvertes. De là où je suis je peux voir à quel point elles sont sèches. Je verse les dernières gouttes dans le verre et lui fait glisser en veillant à ce que le précieux liquide reste tranquillement dans le récipient.

Il porte l'objet à ses lèvres, reconnaissant. Une fois qu'il a fini, il m'offre un regard plein d'incompréhension. Encore une fois, je me laisse happer par ses océans verts. Malgré les épreuves, il est divinement beau.

Je me surprends à penser que dans d'autres circonstances, je me serais évertuée à lui paraître plaisante. Mais là, j'ai seulement envie qu'il me connaisse moi, Hélisa, la vraie. Est-ce parce que c'est lui ou est-ce les circonstances qui provoquent ce besoin d'être moi ?

Je lui souris.

- Merci. Pour tout. Le sourire aussi.

Il m'offre un des siens, tremblants. Il déchire ses joues, les écorche au point d'y creuser deux magnifiques fossettes. Je sens mon cœur s'emballer. Est-ce vraiment le moment ? La lumière douche le côté droit de son visage. Les ombres qu'elle sculpte sont vraiment magnifiques.

- T'es vraiment Hélisa, la fille du roi ?

J'agite autant que je le peux, par réflexe, mes ailes de jais. Il vient de briser l'instant. Mon agacement chasse brusquement ma fascination. Je le fusille du regard.

- Pardon d'avoir demandé. Je suppose que c'est compliqué de ne pas pouvoir choisir sa vie.

Surprise, mes yeux accrochent de nouveau les siens. Ils sont emplis de compréhension et de culpabilité. Il est le premier à comprendre ce que je ressens. Une nouvelle qualité. Combien en possède t'il ?

Il tente de me sourire à nouveau mais il grimace de douleur. Il presse sa main contre une plaie qui troue son ventre. Il gémit et lève ses si beaux iris sur le plafond. Une larme roule sur sa joue et il ferme très fort ses paupières.

Je sens mon coeur se serrer et mon sang bouillonner. Je n'ai aucun moyen de l'aider à part sortir d'ici et trouver quelqu'un pour le libérer et le soigner. Mais comment me débrouiller ? Dois-je tenter de me libérer seule pour l'économiser ? Mais ne m'en voudra t'il pas de l'avoir évinscé de mes projets d'évasion ? Pourra t'il supporter de me voir partir et de le laisser encore une fois seul ? Pourtant, deux cerveaux valent mieux qu'un...

Le temps presse, j'entends des bribes d'une conversation et elles sont de plus en plus proches, comme si les interlocuteurs se rapprochent !

Choix :

¤ Elaborer un plan avec Eos (aller à ¤6¤)

¤ Tenter de me libérer seule (aller à ¤7¤)


How to be free ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant