James :
Cette sensation de glisser dans le vent... Je ne m'en lasserai jamais. Je lâche la tyrolienne et continue à bondir d'un rectangle de bois à l'autre.
Après la mort de Popy, on m'a retiré du club d'escalade que j'avais intégré depuis à six ans. Je me bornais alors à grimper à tout ce que je pouvais pour retrouver cette sensation : le grillage des voisins, les arbres du jardin, les toits des maisons de l'avenue en pleine nuit...
- Hé !, crie un Tee-Shirt Rouge peint de gants de boxe du groupe Musclor que je viens de frôler en dépassant.
J'ai la sensation de toujours aspirer à monter plus haut, à grimper plus vite. La Tour Eiffel ? Pourquoi pas. Le mont blanc, l'Himalaya ? Je suis partant.
- Hey ! James !
Mon cœur fait un bond. Ety se tient en équilibre sur un rondin entre deux plateaux, en robe grise et basket assorties. Ses boucles en désordre encadrent ses yeux brillants qui me sourient lorsque j'atterris près d'elle.
- Tu t'en sors ?, je lui demande, convaincu qu'elle peut entendre mon cœur cogner dans ma poitrine.
- Euh... J'essaie..., confie-t-elle en riant. Mais fonce ! Je vous rejoindrai.
Je hoche la tête et me lance à nouveau au milieu des arbres humides, me forçant à reporter ma concentration sur le parcours. L'arrivée est proche, et je prends facilement de l'avance sur les concurrents en tête. Caïn me fait un vague signe de la main lorsque je passe en coup de vent près de lui. Enfin, j'aperçois les monos, étendus sur des chaises longues, qui patientent, jumelles en main. Je saute rapidement du dernier plateau et me réceptionne près de Wallis qui m'observe, bouche ouverte.
- T'avais déjà pratiqué ?, crache-t-il en regardant alternativement le parcours et moi.
Je le dévisage en reprenant mon souffle. Pas un compliment. Pas un encouragement. Juste cette question dépourvue intérêt.
- Ouais, lâché-je en m'affalant dans l'herbe fraîche. Ouais, ça se peut.
Lir apparaît alors de derrière un arbre et se laisse tomber à mes côtés en maugréant.
- James, siffle-t-elle entre ses dents.
Je me tourne vers elle.
- Je HAIS ce Camp.
Nous nous esclaffons. Puis le silence.
- Merci quand même pour le sauvetage, Cap'taine, lâche-t-elle finalement. Tu en avais déjà fait, hein ?
Je prends une profonde inspiration.
- Jusqu'à la mort de mon grand-père, souvent.
- Ah, désolée.
- Y'a pas de mal.
Nouveau silence. Une dizaine de minutes plus tard, des cris fusent sous le couvert des arbres du parcours. Deux Musclors plaquent un Cerveau sur un tronc d'arbre et courent vers la ligne d'arrivée.
- ÉLIMINÉS !, hurle Bruno, mono des Cerveaux. FAUUUUTE !
Il envoi une quinzaine de coups de sifflets stridents et se dirige résolument vers les deux bagarreurs.
Caïn fait bientôt son apparition, de front avec un Artiste exhibant une étonnante reproduction de la Joconde sur son dossard.
Ety se glisse derrière eux et Caïn l'aide à se réceptionner. Elle aurait très bien pu y arriver toute seule,non ?
Je secoue la tête. Tout doux, James. Tu vas un peu trop loin.
Wallis arrive en agitant le drapeau vert de notre équipe, une Ety radieuse sur les talons.
Nous avons gagné », disent ses yeux rieurs.
« Et tu n'y es pas pour rien », semblent-ils ajouter.
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Doués pour survivre
Teen FictionJusqu'à présent, qu'importe, si leurs talents les menaient à leur perte. Et puis, ils se sont rencontrés. Maintenant, plus question de perdre quoique ce soit. Pas même cette partie. Pas même leur vie. #2 Jeunesse