I'm too bad for you (H.Styles)

-Chap 65-

PDV Beth

Je posai mes deux paumes complètement gelées sur le rebord en ciment froid encadrant le toit du gratte-ciel et je fixai le paysage lumineux qui s'étendait à l'horizon. Le vent se glissa dans mes cheveux, sifflant à mes oreilles et pourtant je n'avais pas froid. En réalité, je ne ressentais plus rien, ni physiquement, ni émotionnellement, même plus de la peur.

Harry avait découvert ce que j'avais tenté de recéler depuis des mois. Il avait décelé les lettres d'intimidation que je recevais de B, presque toutes les semaines, depuis plus de huit mois. J'avais au début pensé que c'était une stupidité d'une de mes amies New-Yorkaises mais quand je lui avais présenté le tout premier mot, elle m'avait juré ne pas en être l'auteure. J'avais été surprise mais j'avais préféré l'oublier en le glissant dans une boite à chaussure. Cela devait être inconsciemment le premier jour de mon déni, le premier jour où j'avais choisi de « dissimuler « au lieu de « révéler».

Très vite, la boite à chaussure avait été insuffisante pour conserver le nombre ahurissant de mots et je du opter pour quelque chose de plus... Grand. Plus je recevais des courriers et plus j'avais peur de cet individu qui ne semblait pas me lâcher, cette individu qui m'obsédait et qui semblait obséder par moi. J'avais conservé mon envie de garder tout cela secret, pensant que le mieux était de subir les retombés de mes propres erreurs comme une grande. Mais, semblait -il que tout cela devenait bien plus grand que je ne l'aurais pressenti. Tout cela devenait bien trop grand pour nous.

En partant des États-Unis pour un nouveau départ, j'imaginais véritablement que B m'aurais libéré de son obsession. J'avais pensé qu'il aurait été incapable de continuer et qu'il se serait lassé de me chercher. J'avais juste oublié à quel point il pouvait être têtu et mauvais. Comment avais-je pu douter de sa capacité à rester focaliser sur sa cible ? J'avais été à ses côtés pour voir que lorsqu'il voulait quelque chose, il faisait tout pour l'obtenir. Tout.

Je soupirai lentement, libérant de mes poumons un vent chaud qui se refroidit immédiatement tant la température affichait des degrés bas. Je savais que j'aurais mieux fait de rentrer et de retourner dans le bureau de ma mère, mais j'en étais incapable. Je me sentais prise au piège, me remémorant des souvenirs que j'avais tenté de renier. Tous ceux-ci revenaient dans ma mémoire avec difficulté et j'avais besoin de les trier, seule avec moi-même. J'avais besoin d'être seule et peu à peu je voyais à quel point la solitude était une de mes pires ennemies.

J'avais toujours été seule avec mon secret et cela ne m'avais mené nulle part. Les mots de ma mère me revinrent en tête. « Tu ne pourras pas fuir éternellement qui tu es... » Cette pensée me déchira le cœur. Je ne pouvais pas fuir ce que j'étais devenu, même si j'en avais extraordinairement envie. Mais, il était temps que je fasse face à la vérité. Et pour faire face à cette triste vérité, il fallait que je le dise à quelqu'un. Il fallait que je conçoive une phrase, exprimant en des mots clairs ce que mon cerveau ne parvenait toujours pas à encaisser. Et il fallait que je le dise à Harry.

Cette pensée me fit frissonner plus que le froid extérieur, libérant une angoisse croissante. La peur du rejet, encore et toujours cette maudite peur. Que ferais-je s'il me rejetait ? Comment pourrais-je le surmonter ? Je craignais particulièrement sa réaction si je devais lui dire mon secret, si je devais lui dévoiler qui j'étais devenu ou plutôt ce que j'étais devenu. Une voix rauque passa à mes oreilles et je fermai les yeux en sachant très bien qui m'avait rejoint sur le toit.

-Élisabeth, lâcha Harry dans un souffle.

Il s'approcha du bord et se mit à ma droite, fixant le paysage en soupirant lui aussi. Je rouvris les yeux en les dirigeant vers le jeune homme et je fus surprise par la douceur sur sa figure. Je savais qu'il m'en voulait d'avoir omis tous les détails sur les courriers mais présentement, il ne semblait plus obnubilé par cette histoire.