- Qu'est-ce qu'il y a écrit de si intéressant sur ce cahier bon sang!Harleen, qui venait de lever brusquement les yeux vers son patient, prenait conscience que cela faisait bien un bon quart d'heure qu'elle n'avait pas décroché un mot.
- Ça ne va pas mon ange? Tu es plus bavarde d'habitude...
Se sentant incapable de rétorquer quoi que ce soit elle se contenta de poser ses yeux sur une de ses mèches vertes mal coiffée.
S'apercevant qu'elle n'était pas apte à mener une discussion avec lui ce soir il se décida à lui parler sans attendre de réponse.- Tu sais Harley, au début quand je t'ai rencontré pour la première fois, je ne m'attendais pas à avoir en face de moi une femme si ...intéressante. Je pensais que tu étais comme tous tes prédécesseurs incompétents et sans intérêts.. Mais, j'ai découvert chez toi quelque chose qui a atisé ma curiosité et qui m'a donné envie de te revoir chaque semaines. J'en voulais toujours plus, nos entrevues me paraissaient de plus en plus courtes et le temps qui les séparaient de plus en plus longs. Je me sentais pour une fois traité d'égal à égal, tu me donnais l'impression que toi et moi étions pareil.
Il prit une inspiration comme pour ponctuer la suite de son discours.
- La question que je pose est la suivante: tu me considères comme ton égal car à tes yeux je ne suis pas fou ou es-tu en train de te rendre compte que c'est toi qui n'es peut-être pas parfaitement saine d'esprit?
C'est vrai, cette question Harleen se l'était souvent posée. Elle n'avait jamais réussi à la formuler, elle essayait pourtant... Était-elle saine d'esprit? Mais d'abord que signifiait vraiment être sain d'esprit? Tous ces questionnements se bousculaient et résonnaient en boucle dans le crâne de la psychiatre. Comme des voix intérieures inconscientes qui s'interrogeaient sur son état psychologique qui semblait se dégrader.
- Je suis désolée Mr.J mais j'ai une horrible migraine, je me dois de mettre fin à l'entrevue d'aujourd'hui.
Harleen sortie de la salle rapidement comme pour fuir une nouvelle fois et faire taire les voix qui l'envahissait.
Elle s'assit à son bureau seulement éclairé d'une petite lampe qui illuminée une pile de dossiers non traités sur lesquels elle avait pris du retard. Elle fixait un point précis de la pièce d'un regard imperturbable. Les minutes s'écoulaient.
Elle ferma les yeux et porta ses mains au niveau de ses paupières pour tenter de masquer le peu de lumière qu'il restait. Les joues empourprées, elles finirent par être recouvertes de larmes incontrôlées. Harleen ne se sentait plus maître de ses émotions, de ses actes, ni même de ses pensées..
L'unique sentiment qui lui paraissait clair et dont elle ne doutait pas était ce besoin obsessionnel de voir, d'écouter et de discuter avec le Joker.