Protect Him

Prologue

Olympe, -347 av. J-C 

Les dieux auraient dû se méfier. Ils savaient qu'une révolte se préparait. Nous les avions prévenus. Mais ils étaient trop vaniteux pour accepter qu'une révolution puisse les renverser. Nous le leur avions dit... A présent, c'est trop tard. Plus rien ne peut arrêter les Naïades. Sauf nous. Mais nous n'entrons jamais dans les conflits. Ils ne nous concernent pas. Nous restons neutres. Et cette guerre ne fera pas exception.

-Ma Reine, nous devons les aider ! Nous en sommes capables !

Pour rien au monde je ne sacrifierais mes troupes. Pas même pour les dieux. Leur orgueil les a perdus. Ils connaissaient les risques. Ils n'en avaient cure. Aujourd'hui, ils doivent assumer.

-Silence, Lorelei. Je n'enverrai pas mes filles se battre pour eux. Les dieux ne le méritent pas.

-Et les Ondins ? Vous pensez à eux ? Vous savez ce qu'ils représentent ! Nous ne pouvons pas laisser les Naïades les éliminer !

Les Ondins mourront. Ça m'est complètement égal. Tant que mes filles sont en bonne santé, heureuses, je me fiche du reste du monde. Et, si Lorelei ne comprend pas ça, je serai obligée d'utiliser mon Pouvoir sur elle. Le temps de la guerre. Après, elle reviendra à elle et me remerciera. Mais j'espère ne pas en arriver à de telles extrémités.

-Ma Reine, je vous en prie.

Elle se jette au sol devant moi. Elle tremble. Lorelei est terriblement plus affectée que mes autres filles. Elle ne supporte pas que nous restions les bras croisés. Mais elle ne sait pas ce que signifie perdre ses sœurs, ses filles. Moi, je l'ai vécu. Avant d'être Reine, mère, j'étais fille. Et j'ai perdu ma dernière sœur. Elle aurait dû mourir de vieillesse, comme les autres. Son âme se serait envolée vers le Temple. Mais non. Elle était comme Lorelei. C'était sa mère. Elles ne se sont jamais connues. Tant pis. Je ne laisserai pas ça arriver à nouveau. J'aurais pu empêcher la mort d'Ekdikitís. Je ne l'ai pas fait. Je n'en ai pas eu le courage. Mais je ne ferai pas la même erreur avec Lorelei.

-Gardiennes, emmenez-la au Temple, ordonné-je d'une voix que je m'efforce de garder forte.

-Non ! Ma Reine, s'il vous plait ! Ne faîtes pas ça !

Ses cris déchirent mon cœur. Je déteste ce que je m'apprête à faire, mais c'est un mal pour un bien. Elle est encore jeune ; elle comprendra plus tard. Deux Gardiennes l'attrapent et l'entraînent jusqu'au Temple. Je les suis. Elles assoient Lorelei, qui, à genoux, me supplie, les yeux baignés de larmes. J'ai pris ma décision. Je pose ma main sur son front et récite les Paroles Sacrées. Lorsque j'ai fini, Lorelei s'écroule. Je sens sa douleur. Les deux Gardiennes emportent son corps inerte, et je sais qu'elles vont l'enfermer. Je me détourne avant de pleurer. Une reine se doit de rester forte. Pour son peuple.