Cette journée est décidément pleine de rebondissements. J'apprends que je suis un Ondin, que ma tutrice de dix-sept ans en a en fait plus de deux mille et s'apprête à devenir la Reine des Amazones, puis je rencontre mon père censé avoir disparu. Je ne suis pas sûr de souhaiter tous ces changements.
Mon père me tend la main, et, à l'instant où je la saisis, je me retrouve projeté dans un torrent d'eau glacée. J'ai l'impression de traverser des kilomètres, brutalement ballotté par des vagues furieuses. Seuls les doigts de mon père m'empêchent de sombrer et de me perdre. Contre toute logique, je n'étouffe pas, ne me noie pas, mais... je ne saurais pas décrire cette sensation. Comme si je ne parvenais pas à apprivoiser l'élément. Ce qui, après réflexion, fait sens, puisque je suis un Ondin.
D'un seul coup, je sors de l'eau, comme recraché par elle. J'atterris violemment sur un sol sableux, levant un nuage de ce qui me semble être un mélange de poussière et de terre qui me fait cracher mes poumons. Sur le ventre, j'aperçois des ongles devant mes yeux. Loreleï. Elle me propose une aide que je m'empresse d'accepter. À peine remis sur pieds, je suis séparé d'elle par une légère bourrasque.-Bienvenue à Sparte, susurre-t-elle d'une voix fière.
Je jette un œil à ce qui m'entoure : des fontaines, des temples. Tout est majestueux. Précisément l'idée que je me fais de la Grèce Antique. Un peu à la ville du Hercule de Disney. Sauf qu'il n'y a presque que des femmes, et qu'elles n'affichent pas vraiment la fragilité de Megara. Toutes vêtues d'armures étincelantes, elles ressemblent véritablement à guerrières.
-Loreleï ! s'époumone une grande rousse. Il faut que tu viennes tout de suite !
Je vois le regard de ma tutrice se voiler, tandis qu'elle revêt une expression neutre et déterminée. Ses yeux, néanmoins, expriment une souffrance sur laquelle je ne saurais mettre de mots. Mon père -c'est toujours étrange, mais ça devrait passer- pose sur son épaule une main qui se veut réconfortante, mais elle se dégage brutalement. La rangée entière de femmes armées jusqu'aux dents dégaine l'épée, comme s'il venait de commettre le plus grave outrage. Je suppose que je dois encore me familiariser avec les coutumes de ce peuple...
Un puissant son de trompette retentit dans... Sparte, du coup. Loreleï se tend, tout comme les gardes, la rousse, et mon père. J'ai l'impression que quelque chose d'infiniment important m'échappe. Ma tutrice -l'est-elle encore ?- avance d'un pas décidé vers ce qui me semble être un temple, et je me mets en route pour la suivre. Mais, devant les immenses colonnes grecques qui soutiennent l'entrée du bâtiment, deux gardes croisent leurs lances devant ma poitrine (comme dans les films), m'empêchant d'avancer.-Personne ne peut entrer à part la Reine et sa Succession, m'explique mon père, qui vient de me rejoindre.
-Sa Succession, c'est sa fille ? Comment ça se passe, si elle a un garçon ?
La grande rousse pouffe avec mépris en m'entendant poser mes questions. Quelle garce ! C'est typiquement le genre de nanas qu'Harley critique. Avec son nez en trompette et ses pommettes hautes, elle a l'air de se croire supérieure à tous ceux qui l'entourent. Et non à celles...
-Ariane, s'il te plaît, la supplie mon père. On est ici en quête de paix.
-Oui, c'est bien pour ça que les Naïades et nous sommes en guerre. Parce que vous êtes en quête de paix, crache-t-elle.
-Ariane, ça suffit, la réprimande une voix ferme.
C'est une femme, blonde comme les blés, qui doit mesurer dans le mètre quatre-vingts. Ses traits durs sont adoucis par la bienveillance de son regard.
-Messieurs, si vous voulez bien me suivre, je vais vous conduire à l'Orée du Bois.
On dirait un truc hyper important, mais je n'arrive pas à comprendre.
-C'est là-bas que la Succession se fait, m'explique-t-elle gentiment.
Nous marchons encore quelques temps en silence jusqu'à ce qui ressemble étrangement à une demi-arène. Des centaines de sièges, disposés sur une dizaine d'étages, face auxquels s'étend une forée dense. Un silence religieux plane au dessus de nous.
-Désolée, lâche-t-elle, mais vous devez vous installer tout au fond. Avec les autres Ondins.
Il y a d'autres Ondins ???
-Ça te permettra de rencontrer ton peuple, ajoute-t-elle à mon intention.
Je pourrais peut-être en apprendre un peu plus sur ma nature.
-Allez, viens, me presse mon père en tirant sur ma manche. C'est un moment extrêmement important pour les Amazones. Et pour Loreleï encore plus. On ne peut vraiment pas se permettre de déranger la cérémonie, même si la future Reine fait preuve d'une immense tolérance.
Alors que nous montons les interminables escaliers, une pensée égoïste fuse dans mon esprit : Loreleï, avec ses nouvelles responsabilités, pourra-t-elle continuer de m'entraîner ? Je ne sais pas exactement pourquoi, mais je voudrais vraiment que ce soit possible. Elle dégage quelque chose de... particulier. Je ne saurais pas l'expliquer.
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OhMyGod, je reviens sur cette histoire ! Je sais, ça fait, genre, mille ans (moi aussi, je suis allée dans la Cuve), et j'en suis vraiment désolée, mais j'avais besoin de faire une pause. D'ailleurs, je ne sais pas si je vais reposter d'ici peu, parce que là, c'est vraiment inattendu pour moi. Bref, il est tard, et ma NDA va devenir n'importe quoi, donc je m'arrête là. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !!!
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Protect Him
Paranormal《 -Lorelei ! Non, tu ne peux pas mourir ! Je la supplie, je la secoue, encore et encore. Mais rien n'y fait ; le corps de Lorelei reste désespérément inerte. C'est terminé... Au fond, je crois que je savais que ça finirait comme ça ; elle avait pou...