Chapitre 18

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1 semaine plus tard

- Tu sais où est passée May ? demande Ève, C'est pas que j'ai vraiment envie de la voir, mais j'ai un peu beaucoup pas envie de faire le ménage toute seule...
- Pfff... je soupire, Elle fait chier. Je vais aller la chercher vite fait, mais...
Je laisse ma phrase en suspens, sinon je sais que je vais exploser. C'est le troisième jour où on est de corvée ménage, trois fois que May est introuvable. À chaque fois Ève ou moi avons du faire dix fois le tour du bâtiment, dans l'espoir d'apercevoir un bout de mèche bleue, mais rien. Ça me met hors de moi. Est-ce qu'elle faisait la même chose quand elle venait d'arriver ? Comment se fait-il qu'elle n'ait aucune sanction ?
Parce-que personne ne s'en plains...
Hum... Mais j'ai déjà été à l'école, je sais ce qui nous arrive si on rapporter tous les faits et gestes de nos camarades. Ça finit...mal.
Je crois que c'est ça qui m'énerve le plus. Qu'on doive tout endurer sans se plaindre. Déjà parce que sinon, les autres nous casse le nez, et parce que, on ne peut pas vraiment se plaindre. Ils nous ont sauvés d'une mort imminente, on ne peut pas se plaindre.
"Merci de pas m'avoir laissée crever, mais je tiens à dire que la bouffe est pas très bonne"

Après avoir traversé trois couloirs, je m'arrête. Est-ce que May aimerait qu'on la poursuive à travers tout le centre ? Si elle n'est pas venue, c'est qu'elle n'en avait pas envie. Alors quand bien même j'arriverai à la retrouver, elle refuserait de me suivre, en m'insultant de tous les noms. En bref, mon expédition et les deux autres ne servent à rien. Strictement à rien. 

Je m'empresse de faire demi-tour, passablement énervée. A cause de May. Du ménage. Du centre. De tout. Enervée à cause de la vie. Parfois je m'énerve contre la vie, comme maintenant, sans raison valable. Il pourrait m'arriver la moindre bricole insignifiante,je ne penserais qu'à cet incident puis je finirai  par être furieuse contre le monde entier. Je ne me rends compte que quelques temps plus tard que c'était totalement ridicule. C'est effectivement ridicule. Il n'y a qu'à May que je devrais en vouloir.     

Je retourne au pas de course dans les toilettes, où je trouve Eve en train de se battre avec une serpillère. Elle hurle, et a les yeux brillants de larmes.

- Toi ! Mais toi ! je vais t'assassiner ok ?! Tu comprends rien ! se lamente-t-elle. 

- Eve ?... je tente, hésitante.

A la seconde où elle me voit, elle lâche ce balai et ce torchon diaboliques, qui tombent par terre en un bruit assourdissant. Elle court à ma rencontre, désemparée. 

- Rosie ! Cette serpillère, dit-elle en désignant l'objet en question sur le sol, elle est ma-lé-fi-que !! Je refuse d'avoir à nouveau un contact avec elle, ou un membre de son espèce. Les serpillères, C'EST LE MAL !!! elle hurle en me tenant par les épaules pour me secouer. 

Puis, étrangement, elle fond en larmes. Je la prend dans mes bras en caressant ses belles boucles brunes. J'essaie aussi de la calmer, de lui dire que tout va bien, que c'est finit, et que si elle veut, je peux même passer la serpillère. L'intensité de ses sanglots a diminué. J'ai réussi, enfin. Du moins c'est ce que je crois. 

- Et Rosie ! Cette odeur ! Je veux sortir ! Je peux pas rester une minute de plus à respirer cette infamie ! On dirai qu'ils ont caché un cadavre ici ! Putain ça pue la mort Rosie ! Vraiment ! ça pue  la mort ! 

La voilà repartie dans une nouvelle crise de larmes, deux fois pire que la précedente. 

- Evie... C'est pas grave... Je crois que j'ai vu un Febreze dans la réserve. Tu veux qu'on aille le chercher ? Elle hoche la tête en essuyant ses larmes. On va le chercher; viens... 

                                                                   

                                                                             *

J'ai pris deux bombes. Parce que l'odeur est vraiment infecte. Irrespirable. Pire que les toilettes publiques, dont les poubelles débordent de serviettes hygiéniques. Beurk. 

- Allez, prépare-toi, désodoriwoman. je dis à Eve, qui a l'air de s'être calmée, puisqu'elle ri même à ma blague... douteuse ?    

Quand nous arrivons au seuil de la porte des toilettes, nous sommes tellement stupéfaites que nous restons clouées sur place. 

Le sol est immaculé, tellement blanc et brillant que je peux me voir dedans, les éviers n'ont plus aucune tâches, plus aucun cheveux ou autres réjouissances. Tout est d'une propreté impressionnante, et l'odeur si affreuse qui régnait auparavant a été atténuée par celle de l'eau de javel et des autres produits. 

Je remarque seulement maintenant que, dans ma surprise, j'ai laissé tomber ma bombe de désodorisant. En me baissant pour la ramasser, j'aperçois en plein milieu de la pièce un bout de papier blanc. Comment ai-je fais pour ne pas le voir ?! Je me penche pour le ramasser, et avant de lire, je me relève, et préviens Eve. Une deuxième vague de surprise nous envahie. A côté de ça, la première était une houle au milieu d'un lac. Nous lisons le billet plusieurs, peut-etre nos yeux nous jouent-ils des tours. Mais non. L'inscription ne change pas. 

"Bougez votre cul la prochaine fois. Je vous préviens, je le referais pas.

PS: Faites quelque chose, ça pue.

                                                                                                                    May"

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