Chapitre 17

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- Pfff... J'ai trouvé cette visite d'un ennuie mortel. Je lance. Et tous ces "Bonjour mesdemoiselles !" "Bienvenue mesdemoiselles !" "J'espère que vous vous plairez ici mesdemoiselles !" "Vous reviendrez nous voir, n'est-ce pas mesdemoiselles ?" ! C'était épuisant. Je suis contente que ça soit fini. Et dire que May a fait ça en accéléré ! Imagine si elle avait pris son temps !
- Je suis d'accord, répond Ève, affalée sur son lit, le souffle court après avoir couru à travers tout l'établissement, franchement, qu'est-ce qu'on s'en fout de l'endroit où se trouve l'imprimante !
J'ai passé l'âge d'aller m'imprimer un coloriage Dora en cachette !
Cette fille est tellement drôle ! Si un jour tu n'as pas le moral, Miss Ève sera toujours là pour t'aider.
- En plus, continue-t-elle, j'ai promis à... merde, comme elle s'appelait ?
- On s'en fout.
- T'as raison. Donc j'ai promis à Paulette qu'on irait à la réunion pour parler de nos problèmes et tout... Qu'est-ce qu'on va faire pour May ? Elle nous a de ne pas y aller sinon...
- Qu'elle aille se faire foutre, je la coupe. On fait ce qu'on veut, on est des grandes filles. D'ailleurs, où elle est ? Eh, pourquoi tu me regarde comme ça, qu'est-ce qu'il y a derrière moi, un ours ?
Assez plaisanté. Je me décide enfin à me retourner, pour voir ce qui fait si peur à Ève.
Je me retrouve nez à nez avec une May furieuse. Je me décompose. À coup sûr, elle a entendu ce que j'ai dit. Oh, et puis merde. J'ai rien dit de si méchant que ça, et c'est elle qui essaye de contrôler notre vie.
Rose, reprends toi, ce n'est pas vraiment toi la méchante dans l'histoire.
- Qu'est-ce que tu veux ? je lance, feignant (très mal) l'indifférence.
Le visage de May se transforme. Je pourrais jurer l'avoir vu sourire, et la fierté se lit son visage.
Attendez, quoi ?!
- Je veux te dire, Miss Carotte, que tu te laisse pas faire, et que j'aime ça. Ton retard causé par tes questions débiles est largement rattrapé. Bravo.
Sur ces mots on ne peut plus énigmatiques, elle tourne les talons et sort de la chambre, nous laissant, Ève et moi, abasourdies.
Toujours les yeux ronds et la bouche grande ouverte, Ève lâche dans un soupir:
- Cette fille est trop bizarre...
S'en suit une minute de silence, l'atmosphère toujours empreinte d'étonnement, rompu à nouveau par Ève:
- Cette fille est trop bizarre... répète-t-elle. C'est dingue ! Elle était prête à te sauter dessus, de la fumée sortait de ses oreilles, je te jure ! Elle la seconde d'après t'es sa meilleure pote ! C'est dingue...
- Dis donc, ne serais tu pas un peu jalouse par hasard ?
- Mais comprends moi Rosie ! je n'en reviens toujours pas que deux heures seulement après notre rencontre, elle me donne déjà ce surnom ridicule, le même que ma mère. Je vais peut-être l'appeler Evie, le pire, c'est que je suis sûre que ça lui plairait. Tu as vu comme elle t'as félicitée pour, au fond, l'avoir insultée ?! Ça crève les yeux que t'es sa préférée !
L'attitude de May, aussi étrange soit-elle, a blessé Ève, ça aussi ça crève les yeux. Je n'aime pas mentir, surtout à mes amis, mais pour la réconforter, je n'ai pas le choix.
- Si j'étais sa préférée, pourquoi elle m'a parlé comme ça avant la visite ? Et pourquoi elle me traite de carotte tout le temps ? Et puis, préférée ou pas, je la déteste de toutes façons.
- C'est vrai ? demande Ève.
- On ne peut plus vrai. Cette fille est détestable. Tu trouves pas ?
- Si. Et je voulais te demander ton avis... Qu'est-ce que tu penses de son histoire de projet secret ? J'y ai pensé toute la visite.
- Si tu veux tout savoir, moi aussi. La connaissant, c'est sûrement un truc illégal. Mais je suis bien trop curieuse, alors je pense qu'inconsciemment je vais quand même essayer de faire bonne impression. Je pourrais pas m'en empêcher. Ça me rendrai malade d'être totalement ignorante sur un sujet dont tout le monde parle autour de moi.
- T'as raison. Je pense que je ferai pareil. Et puis, si on la déçoit, Dieu seul sait ce qui pourra nous arriver. Tu sais, les "contacts"...
- On a pas a avoir peur. je réponds fermement. Tu te rappelles ce que j'ai dit quand elle est arrivé, si elle nous félicite pour ça, alors je pense qu'il nous suffit d'être suffisamment arrogantes et je-m'en-foutiste pour qu'elle nous apprécie.
- J'espère que tu as raison... dit Ève, qui a l'air plus inquiète qu'elle ne veut le laisser croire. Contrairement à ce que j'aurais pu penser, je n'ai pas vraiment peur. Même si la perspective de nouvelles souffrances m'angoisse, j'ai le sentiment étrange que je peux y arriver.
- Evie, ma chérie, j'ai toujours raison ! je lance, en lui faisant un clin d'oeil, un sourire malicieux aux lèvres.

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