FIGHT FOR US

13.

Je recule de quelques pas, sous le coup de cette nouvelle. John White, le grand photographe, est également un amateur averti de chute libre.

– Alors tu aurais pu m'emmener dans les airs avec toi ? Dans le vrai ciel...

– C'est-à-dire que...

– Tu m'as prise pour une froussarde ?

– C'est plus compliqué que ça.

Je l'observe silencieusement, il semble à la fois troublé et presque... triste.

– C'était pour te taquiner, je suis désolée si...

– Ne sois désolée de rien, Alexandra, c'est juste que j'ai mes raisons. Allez, je t'emmène boire un verre pour te remettre de tes émotions.

D'accord, le message est clair. C'est mieux de changer de sujet. Et puis ça me plaît beaucoup l'idée d'aller prendre un pot avec John.

***

Je tourne en rond dans l'espace de mon loft de Pasadena. Je suis INCAPABLE de trouver le sommeil. John m'a déposée chez moi en début de soirée. Il m'a tendrement mais chastement embrassée sur la joue, avant de remonter dans sa Porsche. Je l'ai regardé s'éloigner, totalement décontenancée.

À quoi on joue ?

Je ne peux pas m'empêcher de penser que nous avons sans doute tout gâché avec nos étreintes précipitées dans le jet. Si je peux désormais sentir l'affection de John, j'ai l'impression qu'il n'a pas envie de plus avec moi. Comme si je m'étais offerte trop rapidement et que ça ne lui plaisait pas. Comme s'il désirait que nous devenions amis. Mais il n'en est pas question ! Et pour une fois que je me laisse enfin aller, je me retrouve dans une impasse.

Je vérifie l'heure sur l'écran de mon ordinateur. Il est près de minuit et j'ai un shooting demain, très tôt. Je dois dormir. Je caresse un instant l'idée d'appeler Sarah, mais j'ai peur de l'ennuyer encore avec mes problèmes. Après le message que je lui ai balancé tout à l'heure, elle risque de me prendre pour une girouette.

Je mets mon portable en charge, règle une heure de réveil et éteins les lumières.

La lueur de la pleine lune projette d'étranges ombres aux quatre coins du loft.

Je me laisse tomber sur mon grand lit et ferme les yeux, je pense à John, je pense que je n'aurais jamais dû faire ce shooting à Milan, je pense que j'ai brisé l'équilibre précaire que j'étais parvenue à créer depuis l'adolescence, depuis l'accident de mes parents, et je pense que je suis redevenue fragile. Je pense trop...

Qui es-tu, John White ? À quoi on joue ?

J'imagine ses mains sur mon corps, son souffle sur ma nuque. Il me dit des mots doux, des mots crus, il me chuchote qu'il me désire, que je le rends fou. Je gémis quand ses doigts s'immiscent en moi.

Je ferme les yeux pour me concentrer. Je l'imagine tout près de moi, tout contre moi, la chaleur de son corps, sa toute-puissance. Je suis à lui, j'écarte mes cuisses, lui offre le passage tandis qu'il se place au-dessus de moi pour me prendre. Son membre déjà si dur m'investit. Il me dit que je suis mouillée, que c'est trop bon, qu'on est si bien ensemble.

Mes ongles griffent son large dos et je m'arc-boute pour venir à sa rencontre. Il me fait l'amour, me possède.

J'écarte encore les cuisses pour l'accueillir tout au fond de moi, mes mains glissent le long de sa colonne vertébrale, s'attardent un instant, puis j'empoigne ses fesses dont la peau veloutée est un régal au toucher. J'imagine ses yeux noirs qui m'admirent dans le plaisir, son sourire victorieux parce qu'il sait que je suis proche de jouir.

Ses coups de boutoir deviennent de plus en plus rapides, je sens alors mon sexe qui se contracte autour de son membre, mes reins semblent exploser sous l'effet de l'orgasme qui me fait perdre tout contrôle de moi-même, je gémis et pousse des petits cris haletants tandis qu'il se déverse en moi.

C'est chaud, intense, renversant. Je suis parcourue de frémissements inimaginables, mon corps est secoué de convulsions, mes doigts trempés glissent le long de mes cuisses, mes mains retombent à plat sur les draps et je m'efforce de retrouver une respiration normale.
Je me sens à la fois apaisée et terriblement seule.

Pourquoi tu me manques tellement ?