FIGHT FOR US

15.

Je frissonne au contact de ses doigts sur ma peau nue. Je sais qu'il plaisante, mais l'idée qu'il est peut-être un peu jaloux n'est pas pour me déplaire.

– Je n'arrête pas en fait, dis-je sans me retourner pour continuer à profiter de ses mains sur moi. Sinon à quoi bon se rendre à un cocktail ? J'ai récolté un maximum de cartes de visite !

Il rit, me fait pivoter lentement et me regarde dans les yeux.

– Ça pourrait me donner envie de te fouiller, tu sais ?

– Et toi, embrayé-je en réprimant un gémissement, ça se passe bien avec ta sublime assistante ?

– Elle t'apprécie déjà beaucoup si tu veux tout savoir.

Au fond de moi, je suis contente de cette réponse. C'est comme s'il venait de m'annoncer qu'elle n'est en aucune façon une rivale.

– Elle trouve que nous allons très bien ensemble.

Redis-le, s'il te plaît...

– Et toi tu en penses quoi ? demandé-je en plantant mon regard dans le sien.

– Que c'est une visionnaire, répond-il sans ciller.

Quelque chose a changé dans sa façon de parler. Je n'ai pas une grande expérience de la vie, mais on sent toujours quand un courant circule entre deux êtres. Or ça n'est pas l'ami tendre et attentionné qui vient de s'exprimer, mais bel et bien un homme aux yeux brillants de désir. Il a même parlé de me fouiller et ce n'étaient sans doute pas des mots en l'air. Il m'attire doucement contre lui, je réprime un énième gémissement, je m'enivre de son parfum tandis qu'il ajoute :

– Est-ce que tu regrettes ce qui s'est passé dans le jet ?

Je me défais de son emprise, recule d'un pas et l'observe d'un air interdit :

– Non, pourquoi ? J'en avais très envie, je ne regrette rien.

– J'avais peur que tu me prennes pour un homme à femmes.

– Et moi je n'arrête pas d'imaginer que tu pourrais te dire que je suis une fille facile.

– Je ne l'ai jamais pensé, sourit-il. On est peut-être allés un peu trop vite, mais...

– Mais quoi ?

– Je crois qu'on a eu le temps de réfléchir depuis, non ?

J'acquiesce, impatiente d'entendre ce qu'il va me proposer :

– Tu t'amuses vraiment à ce vernissage ? chuchote-t-il à mon oreille.

– Je m'y ennuyais à mourir jusqu'à ce que tu viennes poser tes mains sur mes épaules.

Un sourire dément se dessine sur ses lèvres. Il se saisit de mon bras avec douceur.

– Suis-moi, dit-il avant de m'entraîner vers la rue.

Dans la pochette de mon petit sac, mon portable vibre. C'est sûrement Sarah qui doit se moquer gentiment de mon histoire sans fin avec John. Je lui réponds en pensée que nous venons peut-être de trouver une issue.

***

Dans les hauteurs de Beverly Hills, la maison de John est une splendeur.

Au centre du vaste salon plus spacieux qu'un terrain de tennis, il débouche du champagne qu'il verse dans deux coupes. Il a retiré ses chaussures, ses chaussettes et sa veste de smoking, remonté les manches de sa chemise sur ses puissants puissants avant-bras. Je suis carrément dans une pub pour une marque de luxe. Des enceintes de sa sono résonne le beat d'un morceau électro que je ne connaissais pas. Depuis qu'il est au courant de ma passion pour cette musique, il prend un malin plaisir à dégotter des trésors dans le genre.

Il me tend une coupe et chuchote à mon oreille :

– Bois une goutte de champagne et retire ta robe. Ne garde que tes dessous.

C'est commandé avec douceur, mais fermeté. J'acquiesce. Je suis déjà excitée. N'importe quel autre "homme pourrait me demander ça, je lui répondrais fièrement que je ne me déshabille pas sur un ordre.

Mais l'injonction de John est une véritable caresse. Il est redevenu sûr de lui. Je pourrais me dire qu'il va un peu vite en besogne, mais je n'en pense pas un mot. Nous attendons l'un et l'autre depuis trop longtemps, depuis des siècles, depuis la nuit dans le jet. Je souris, avale une gorgée, repose mon verre, et fais glisser ma robe bustier le long de mon corps.

Elle atterrit à mes chevilles telle la voile d'un parachute.

– Magnifique, s'exclame John en attrapant un appareil photo sur un meuble design. Danse pour moi, s'il te plaît, je veux te prendre... en photo.

Je porte un ensemble string et soutien-gorge noir à balconnets acheté il y a plusieurs semaines en pensant à lui. Je finissais par désespérer qu'il le découvre un jour. Je n'ai pas peur comme aux premières heures dans le studio de Milan. Avec lui, je me sens... femme.

La musique à nouveau me galvanise et je me mets à onduler en le provoquant du regard et de la voix :

– Vas-y, prends-moi !

Son sourire renversant s'élargit et il commence à évoluer autour de moi comme un félin. L'œil rivé au viseur, il adopte toutes sortes de postures, déclenchant en rafales et par intermittence. Ça me fait penser au rythme changeant de ses coups de reins, contre le sas du jet.

Mmm... je vais défaillir...

Je m'approche d'une baie vitrée qui donne sur un immense jardin en pente légère planté de palmiers majestueux. Le soleil se couche à l'horizon et des éclairages s'allument un à un autour du parc et dans la maison. Je m'allonge sur le parquet en écartant les bras et je gémis presque d'apercevoir John me dominer de toute sa hauteur. Il s'accroupit pour prendre mon visage en gros plan, je me cache en riant derrière mes cheveux.

D'une main douce, John les repousse :

– Ils sont très beaux, mais j'adore tes yeux verts.

J'en rajoute un peu, je me laisse aller, je suis de plus en plus émoustillée. J'aime ce mélange de douceur et d'autorité dans sa voix. Il doit le lire dans mon regard, car il repose l'appareil sur le bord d'un immense canapé qui pourrait accueillir une équipe de football avec les supporters, puis il me rejoint sur le parquet encore chaud des rayons du soleil de l'après-midi.

D'un geste sûr, il réunit mes poignées dans l'une de ses mains pour placer mes bras au-dessus de ma tête. Il bloque mes cuisses avec l'une de ses jambes, tandis que son autre main titille les pointes de mes seins à travers la soie de mon soutien-gorge.

Il approche ses lèvres à quelques millimètres des miennes et murmure :

– J'ai envie de te faire jouir jusqu'à ce que tu n'en puisses plus, d'accord ?