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Avec la maestria d'un pilote de rallye, mon chauffeur de taxi se faufile dans la circulation des artères de Milan. Depuis l'aéroport, ce doux dingue m'offre un incroyable festival de gymkhana entre les voitures. Mais à cinq cents mètres de la ligne d'arrivée, un bouchon se forme qui l'oblige malheureusement à s'immobiliser.

Il soupire bruyamment, je vérifie l'heure : plus qu'une minute avant mon rendez-vous ! Je m'apprête à le régler pour continuer en courant quand il se tourne vers moi :

– Giuseppe est un battant ! Accrochez-vous, prévient-il de son accent chantant.

Il braque soudain sur la droite pour emprunter une ruelle très étroite qu'il dévale à tombeaux ouverts.

– Pas trop peur, bella ragazza ? s'exclame-t-il sans quitter la route des yeux.

– Non, j'adore ! répliqué-je tout en agrippant la poignée de ma portière.

Et c'est vrai, ça me plaît. Les immeubles défilent comme dans un film en accéléré. Je suis une casse-cou depuis toujours et je m'amuse beaucoup.

– On va gagner ! lance-t-il.

– On est les meilleurs ! m'écrié-je pour l'encourager.
Il éclate de rire et débouche soudain sur la via Manzoni.

Une centaine de mètres plus loin, notre taxi pile enfin le long du trottoir dans un strident crissement de pneumatiques. L'écran de mon portable indique « 12 :00  », je suis pile à l'heure !

– Terminus, annonce Giuseppe sur un ton victorieux.

– C'était génial, déclaré-je dans mon italien de base tout en réglant ma course.

– Tout le plaisir était pour moi. Filez maintenant ou vous allez être en retard !

– Merci encore, dis-je avant d'ouvrir la portière pour m'extirper de l'habitacle.

Sous le soleil de juin, le Quadrilatero della moda, célèbre quartier de Milan où l'on dénombre la plus impressionnante concentration de marques de haute couture, est littéralement bondé. Les touristes comme les incontournables beautiful people milanais ont l'air heureux de vivre. Je lisse à la hâte les bords de ma jupe en soie, arrange une mèche rebelle, inspire un grand coup et m'élance vers la porte de l'immeuble.

Ma tenue :

Je pousse la porte cochère, laquelle s'ouvre d'emblée sur un vaste hall au sol de marbre

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Je pousse la porte cochère, laquelle s'ouvre d'emblée sur un vaste hall au sol de marbre. C'est un espace feutré qui respire le luxe de bon goût.

La classe à l'italienne !

Des oliviers plantés dans de larges pots en terre cuite décorent les lieux et se marient parfaitement avec les grands tirages de mannequins célèbres encadrés et alignés le long de murs en Tadelakt illuminés par des éclairages indirects. Au centre de ce hall procurant l'impression de se trouver dans un autre monde se tient la réception. Toute de fer forgé et surplombée d'un plateau de bois précieux, elle évoque une sculpture et je me fais la réflexion qu'il s'agit probablement de l'œuvre d'un designer coté à Milan.

L'hôtesse d'accueil est une blonde pulpeuse aux yeux en amande. Elle me décoche un sourire enjoué et je la rejoins, un peu impressionnée par le claquement sonore de mes escarpins sur le marbre du sol.

– Bienvenue, que puis-je pour vous ? me demande-t-elle avec un charmant accent italien.

– Bonjour, je suis Alexandra Leduc, j'ai rendez-vous pour le shooting Just 4 You.

– Oh, oui, c'est au dernier étage, le staff vous attend.

Elle m'adresse un clin d'œil chaleureux tout en m'indiquant l'ascenseur sur ma droite.

Quand je croise mon reflet dans le miroir de la cabine, je ne peux m'empêcher de me tirer la langue tant j'ai l'air crispé. Mes joues sont rosies par l'effort, mes cheveux bruns heureusement pas trop ébouriffés, et une lueur d'inquiétude brille dans mes yeux verts. Il faut dire que c'est la première fois que je vais faire ce genre de photos et je ne suis pas très à l'aise.

Du calme, c'est juste un boulot !

Au dernier étage, la porte de la cabine coulisse silencieusement et je découvre l'un des plus beaux studios de ma carrière de mannequin. J'en ai le souffle coupé. Éclairée par une enfilade de hautes fenêtres, la pièce doit faire dans les cent mètres carrés. Le parquet peint en blanc ajoute à cette sensation de luminosité. Au centre de cet espace très pur, j'aperçois un groupe de quatre personnes occupées à discuter autour d'une large table en verre.

Sur le dessus d'un long meuble qui rappelle le style du design de la réception s'étale un attirail impressionnant d'appareils photo et d'objectifs. Je me sens toute petite et j'ai presque envie de faire demi-tour.

Mais ça n'est pas mon genre !

Je m'approche, affiche un large sourire, et lance d'une voix claire :

– Bonjour !

Un homme dans la trentaine lève la tête pour me regarder. Et je suis aussitôt hypnotisée par ses yeux noirs. Son sourire bienveillant me permet de reprendre le contrôle de ma respiration.

~~ Un Peu Avis ? ~~

FIGHT FOR USOù les histoires vivent. Découvrez maintenant