Contraires - Florian Thauvin & Sacha Rousseau

Chapitre douze

Bus de l'EFF, Russie
15:00

Voilà maintenant une semaine qu'Émilie et moi ne nous adressons plus la parole.

L'ambiance est tendue à chaque fois que nous nous retrouvons dans la même pièce, mais c'est à peu près réglé car elle se débrouille toujours pour être le plus loin possible de moi.

Ça me rends énormément triste.
Comprenez moi, Émilie et moi ça a toujours été.. Émilie et moi.
De la maternelle jusqu'au lycée nous étions inséparables, et il a suffit d'une dispute, d'une putain de dispute, pour que toutes ces années de fou rires, de confidences, et d'amitié semblant incassable, s'effacent comme si elles n'avaient jamais existé.

Même le jour du match France - Danemark, elle s'est placée à l'autre bout de notre rangée, évitant soigneusement mon regard.
De toute façon c'était un match nul, personne n'a marqué, et malgré les mots gentils des garçons, j'ai l'impression que c'est parce qu'on partage notre mauvaise humeur.

Là on est dans le bus, en direction d'un stade pour un match très décisif pour l'équipe.
S'ils perdent, c'est le retour en France direct.

Je suis à côté d'Antoine, qui essaye de me faire rire pour que je perde à Mario Kart sur la Switch.

Antoine- Tu connais la blague du petit déjeuner ?

Moi- Non.

Antoine- Pas d'bol.

Quelqu'un part en fou rire, mais ce n'est pas moi.
C'est Kante.

Moi- T'es sérieux tu rigoles ? Dis-je sans pouvoir m'empêcher de sourire.

Kante- J'y peux rien, il est trop marrant ce fou.

Moi- Marrant oui, mais gagnant non. Je prends un dernier virage et franchis la ligne d'arrivée tandis qu'Antoine pousse un cri de rage. Rappelle moi, on est à combien combien déjà ?

J'ai droit à un simple doigt d'honneur pour réponse.

Moi- cinq - zéro oui, c'est bien ce qu'il me semblait.

Antoine- Vas-y nique sa mère j'en ai marre de perdre.

Il pose sa manette et croise les bras sur son torse, comme un petit enfant.

Moi- Moh mon petit Grizou d'amour.

Antoine- Ne me touche pas. Tu m'as brisé le coeur, tu assumes.

J'éclate de rire, qu'est ce qu'il est bête.

Didier- On est arrivés les jeunes ! Crie alors mon oncle en tapant dans ses mains.

C'est l'heure.
Je range la console et les manettes dans mon sac à dos, puis me détache et descends du bus avec les autres.

Une fois à l'air libre, je remarque la horde de journalistes nous attendant.
Ils sont sans mentir une bonne cinquantaine, et s'agitent déjà dans tous les sens.

Nico- Sacha ta valise !

Je suis sortie de mes pensées par mon frère, qui me tends mon bagage sorti du grand coffre du bus.
Avec lui aussi c'est tendu.

Pour résumer ce que vous avez manqué, disons qu'il a eu légèrement le cœur brisé et que suite à sa grosse dispute avec Émilie ils se sont séparés.
Celle ci m'en a bien évidemment tenue pour seule responsable, mais ne s'est pas empêchée pour autant de coller Kylian nuits et jours et jours et nuits.
Quant à mon frère, il est devenu l'ombre de lui même, et même les blagues débiles de Paul n'arrivent plus à lui remonter le moral.