𝕔𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 1

1.9K 83 25
                                    


Je plante ma hache dans le tronc, la secousse remonte dans ma main, je la retire et grogne avant d'amorcer un autre coup. De la sueur coule le long de mon vieux débardeur noir, ça fait seulement quatre heures que j'ai commencé le travail, mais je sais que je ne vais pas tarder à rentrer, au district 7, il n'y a pas d'école, mise à part ces fichus cours sur l'histoire de Panem, donc je gagne ma vie en coupant des arbres. Un dernier coup, et l'arbre tombe au sol dans un bruissement presque léger, à l'aide de ma hache, je coupe toutes les branches verdoyantes qui dépassent pour ne finalement laisser qu'un tronc nu. Je fais un tas avec les branches, et coupe le tronc en gros rondins que je dépose dans ma brouette. Comme j'ai encore le temps, je laisse ma brouette en plan pour aller me balader dans le reste de la forêt, ma hache sur l'épaule. Je zigzag entre les pins jusqu'à arriver à mon endroit. Mon arbre. Je plante ma hache dans le sol avant d'y grimper. Comme je suis petite, et donc légère, je n'ai aucun mal à y parvenir. J'arrive sur une branche à peu près perpendiculaire au tronc. Ma branche. Celle d'où je vois presque l'intégralité de mon district, celle, là où je peux rager secrètement contre le Capitole. Je m'assoie dessus et contemple le paysage, les irrégularités du bois s'enfonçant dans mes cuisses, non protégées par mon vieux short taillé dans un ancien pantalon. Les Hunger Games m'ont volé ma meilleure amie, Noémie, il y a deux ans, c'était une carrière, elle s'était préparé pour ça toute sa vie, elle m'a confiée qu'elle ne comptait pas se porter volontaire, malheureusement, le Capitole en a décidé autrement, et elle a été tirée au sort. Avant de mourir, elle m'a appris pas mal de choses sur comment se comporter au Hunger Games, mais je ne pense pas être tirée au sort, il y une chance sur un million que ça arrive ! Au loin, les pacificateurs s'affairent pour préparer la moisson de cette année, je sais que quand ils mettront en place les enceintes, ce sera l'heure de rentrer, je me repère ainsi à toutes les moissons. Ils les branchent. Je descends de mon arbre, récupère ma hache et retourne au près de ma brouette. Je la tire jusqu'à sortir de la forêt, je me dirige vers la grande place ou j'échange son contenu contre des tesserae au menuisier, ça fait sept ans que je marchande avec lui, mais contre toute attente, nous n'avons pas tissé de liens, je ne connais même pas son nom. Je retourne chez  moi avec la brouette vide, je l'attache à un arbre avec un nœud savant ( il y a pas mal de voleurs dans le 7 ). Quand je passe la porte, ma mère me dit:

- ah, tu es là, j'allais venir te chercher, vas prendre ta douche, on va être en retard. Je sais ce que vous allez vous dire : « oh, c'est froid pour une mère le jour de la moisson », mais, lorsque j'avais environ neuf ans, mon père, à défaut de pouvoir se nourrir, nous nourrissait nous, ma mère et moi, et comme vous pouvez vous l'imaginer, il est mort de faim, depuis, ma mère est déprimée le jour de la moisson, parce qu'elle n'a pas envie de me perdre moi. Je ne lui réponds rien et me dirige vers la salle de bain, je prends un bain froid, à peine chauffé, mais suffisant pour enlever pas mal de crasse.

Je sors de la salle de bain, nue. Ma mère arrive, je remarque qu'elle a les joues empourprées, je sais que ma nudité la gène mais je m'en moque puisse que je n'ai jamais été très pudique. Je me dirige vers ma chambre, je fouille mon armoire à la recherche de ma robe.

Je la trouve finalement au fond de mon armoire, c'est celle que je mets à chaque moisson, elle est blanche, me tombe sur les genoux, une fine bretelle la retient sur l'épaule gauche, et une plus épaisse sur la droite faisant ressortir ma poitrine, elle est toute en dentelle.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, je la DETESTE, avec j'ai l'impression d'être une de ces grosse duduches du Capitole, mais c'est mon père qui me l'avait offerte, et de toute manière, il ne faut pas espérer en acheter une autre. Comme mes cheveux noirs font tache, je les noues en un chignon sur le haut de mon crâne. Je suis déjà petite, mais cette robe me donne l'air d'une fille de quatorze ans plutôt qu'une fille de dix-sept. J'ai l'air trop innocente. Puis, sur un coup de folie, j'attrape la trousse de maquillage qui appartenait à ma mère lorsqu'elle était adolescente, je ne l'ai jamais utilisée, puisse que je ne vois pas l'intérêt d'être belle mais je ne me suis pas résignée à la vendre. J'en sors un eye-liner, je fais maladroitement courir le pinceau le long de mes cils. Je me regarde à nouveau, j'ai toujours l'air innocente, mais l'eye-liner me donne l'air de la rebelle que je suis. C'est mieux. Je ressors de ma chambre, j'entends vaguement ma mère me dire que je suis jolie. Nous sortons de la maison pour nous diriger vers la grande place. elle, qui, il y a quelques minutes, était vide est maintenant bondée.

Plusieurs rangées d'adolescents sont réparties, d'un côté les filles, de l'autre les garçons, puis, ensuite par tranche d'âge. En face, se dresse l'estrade sur laquelle deux sphère en verre sont posées, je fixe la boule des filles, à l'intérieur, dix-huit petits bouts de papier contient mon nom. Je me range dans le rang des filles de dix-sept ans, à ma droite, la file des filles de dix-huit ans, et à ma gauche celles des plus jeunes. Le maire vient faire son discourt habituel sur Panem, le même que les années précédentes qui, je pense, est inventé de toute pièce par le Capitole. il lance, ensuite, la vidéo sur l'écran géant, celle qui montre les scènes les plus marquantes des années précédentes, montrant des cadavres, des tripes sur le sol, et toutes sortes d'autres scènes qui devraient être interdites aux moins de douze ans.

Puis Crystal O'connor, l'hôtesse, entre, elle porte une robe bouffante bleue, une perruque verte, lisse avec une frange, des escarpins verts d'au moins vingt centimètres et des faux cilles extrêmement long. Son corps est aussi maigre que ceux des habitants du district 7, une maigreur effrayante qui ressort énormément avec la robe, censée être sexy, qu'elle porte. La seule différence entre notre maigreur, et sa maigreur, c'est que la sienne est totalement volontaire.

Elle se dirige vers la scène, mais manque de se fouler la cheville en trébuchant sur ses escarpins, elle se redresse, rouge comme une pivoine et se dirige vers le micro :

- hum... bonjour, et bienvenue à cette soixante et onzième édition des Hunger Games, dit-elle avec l'accent ridicule du Capitole et sa voix chevrotante. Et puisse le sort vous êtes favorable. Bon, les dames d'abord, dit-elle en se dirigeant vers l'urne sphérique des filles, elle plonge sa main dedans en faisant tournoyer ses doigts parfaitement manucurés au-dessus des papiers avant d'en piocher un au hasard. L'heureuse tribut femelle de cette année est : Johanna Mason !

Hunger Games de Johanna Mason ᵃⁿⁿᵉᵉ ⁷¹Où les histoires vivent. Découvrez maintenant