Boris ~ 6

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La lune était pleine ce soir, me compressant dans mon corps. Je m'y sentais enfermé dedans, comme si ma peau allait exploser. La pleine lune était toujours une épreuve, nos sens étaient décuplés et surtout nos besoins... charnels en faisaient pleinement les frais. Mais ici je n'avais ni louves, ni catins pour me satisfaire. Je crevais de chaud dans ma chambre d'Iré. C'était une étrange île, mais tant qu'il y aurait mon frère et que mon père resterait sur le trône, je comptais y séjourner quelque temps. Et puis les dragonniers n'étaient pas si horribles qu'on le décrivait.

N'en pouvant plus, je décidais de me changer en loup, pour ne pas avoir de vêtements superflus collants à ma peau moite.

Mon loup tenta comme il le pouvait de résister à l'appel de l'astre. Ne croisant aucune demoiselle sur le chemin, c'était plus facile. Si je touchais à une dragonnière d'ici, je n'osais pas penser aux conséquences. On se perdit dans la forêt la plus proche, les feuilles craquelant sous le poids de nos pattes, l'air frais chatouillant nos poils et le ciel sans nuage nous surplombant. C'était une belle île, ici la végétation était omniprésente. Ça changeait de Homus où la moindre brindille était chéri. Dire que mon pays faisait désertique était vrai. La seule partie à peu près vivable, nous l'avions laissé aux humains, ils étaient déjà assez faibles comme ça.

Mon loup releva la tête, sentant une odeur qu'il connaissait déjà. À pas presque inaudibles, il se dirigea dans la direction de la piste olfactive.

Là, allongée sur l'herbe fraîche, vêtue d'une robe, les cheveux étendus en auréole, contemplant le ciel : Syfia, la dragonnière de la vision, celle qui m'avait blessé à l'épaule, celle dont j'aimais secrètement les courbes, celle qui en cette soirée était en danger.

Je pouvais succomber à mes pulsions en une seconde et la croquer avidement. Et malgré les œillades appuyées qu'elle me lançait, je doutais qu'elle souhaite plus. Du moins, j'essayais de m'en convaincre, sinon... Je ne parierais pas sur ma résistance à la tentation qu'elle était à mes yeux.

Elle dut m'entendre car elle se mit sur ses avant-bras et se retourna pour me regarder.

- Promenade nocturne le loup ? demanda-t-elle sachant que je ne pourrais pas lui répondre.

Elle se redressa et s'adossa contre un arbre. Elle me fit un petit geste de main en tapotant la place à ses côtés et mon loup trottina vers elle. Il s'allongea, posant sa tête près de la cuisse de la dragonnière.

Nous restâmes ainsi silencieux durant de longues minutes. C'était paisible. Jusqu'à ce que Syfia finisse par se lever. Mon loup lui lança un regard, ne comprenant pas pourquoi elle ne profitait pas de la nature.

- Je rentre, dit-elle simplement en nous tournant le dos.

Nous la suivîmes, il faudrait bien qu'on rentre nous aussi. Et, je ne voulais pas la laisser sortir de ma vue. Lorsque nous arrivâmes à l"Auberge d'Or", j'hésitais. Une partie de moi voulait la suivre dans sa chambre quand l'autre souhaitait retourner dans la nôtre, pour ne pas faire de dérapages.

Le regard que me lança Syfia avant qu'elle ne s'infiltre dans la sienne, chaussures en mains, était fiévreux. Je n'hésitais plus.

Je poussais la porte qu'elle avait laissée, volontairement, entre-ouverte et ne fut pas déçu du spectacle. Elle était en train de se déshabiller, ne portant qu'un habit fin, comme une chemise de nuit.

Je redevenais humain dans la seconde. Nos regards étaient accrochés, comme aimantés l'un à l'autre. Elle ne lorgna pas mon anatomie, préférant plonger dans mes yeux. Elle s'approcha d'une démarche sensuelle et posa la paume de sa main sur mon épaule portant une cicatrice, sa cicatrice. Elle y posa les yeux dessus, puis, revint aux miens rapidement, esquissant un sourire en coin.

Wings flying over Fangs Tome 2 : L'Illusion de son Sang.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant