Le Village S'endort

Epilogue

Je rouvre les yeux, mais cette fois je suis calme.

Mes paupières papillonnent un moment, s'habituant à une lumière blafarde que je reconnais comme étant celle des hôpitaux.

-          Un cookie ?

Surpris, je fronce d'abord les sourcils, reconnaissant cette voix.

Mon cerveau tente d'assimiler ce qu'il se passe.

Je suis en vie, dans un lit d'hôpital, vainqueur d'une partie de Loup garou tout à fait incroyable.

Je redresse la tête, et me tourne sur ma droite, de là où venait la voix.

J'ai un mouvement de recul lorsque je découvre la silhouette décontractée de Simon, un verre de lait dans une main un cookie dans l'autre, affalé dans l'un des fauteuils vert pomme.

-          Q-Qu'est-ce que tu fais là ?

Il me sourit, se redresse dans son fauteuil, termine son cookie, et puis me répond :

-          Ça fait un moment que je t'attends, t'aurais pu te dépêcher tout de même.

-          Je...

Je suis incapable de répondre, trop perturbé par la présence de Simon.

Il ricane légèrement, et puis s'approche de moi.

Il pose sa main sur mon épaule dans un geste affectueux, et répond :

-          Je me suis réveillé il y a quatre heures, et je suis en pleine forme.

-          Mais... Comment as-tu su que j'avais gagné ?

-          C'est simple, nous étions tous dans cet hôpital, j'ai demandé la liste des patients et j'ai repéré les chambres. Ils se sont tous éteints au fur et à mesure. Quand j'ai compris qu'il ne restait que Lucas et toi, je savais d'avance que tu gagnerais alors je t'attends depuis tout à l'heure.

-          Mais... Combien de temps ça fait que...

-          Qu'on était dans le coma ? Je ne sais pas trop. Je dirais douze heures. Je pense qu'une heure correspond à un jour ou une nuit, ce qui explique que je me sois réveillé il y a quatre heures.

-          Ils sont vraiment tous morts alors...

-          Eh oui petit. On est les seuls survivants.

Simon annonce cela avec une pointe de fierté dans la voix, et je comprends dans son attitude qu'il est plus que fier d'avoir gagné. Et il peut je crois.

-          Où sont mes parents ? Je demande. Ma famille ?

-          J'ai vérifié avant d'entrer ils sont dans le couloir. Je me suis infiltré en douce.

-          Pourquoi tu as fait ça ? Je demande, surpris.

-          Parce que je suis sympa ? Propose Simon en riant.

Il reprend son sérieux, se lève et fourre ses mains dans ses poches.

-          Je me suis fait passer pour un de tes amis du lycée auprès de tes parents, ils m'ont tout raconté. Nous sommes tous dans la même ville depuis des années et ne nous sommes jamais croisés. Je trouve ça con d'avoir survécu à tes côtés et de disparaître comme si de rien était alors qu'on a faillit y passer. Qu'est-ce que t'en pense ?

Il se tourne vers moi, et arque un sourcil dans ma direction.

Je souris, alors que sa présence me fait chaud au cœur.

-          Oui... Tu as raison...

Simon sourit plus encore, et il me paraît soudain plus sympathique malgré ses grands cernes noirs.

Il ajoute :

-          Et puis, il faut le dire. Si nous sommes tous les deux en vie, c'est parce qu'on est les meilleurs, et qu'on a le mieux joué. Sinon nous ne serions pas là.

Je comprends ce qu'il veut dire.

Il essaye de me redonner confiance en moi, et de m'aider.

-          Ils méritaient de gagner pourtant, je dis.

-          Assurément. Mais c'est la vie.

Simon m'aide à me relever, et puis il finit par dire, alors que j'aperçois mes parents à travers la vitre :

-          Et la meilleure manière de leur rendre hommage, c'est de ne jamais retomber dans le coma.