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Surpris, nous nous retournons tous les trois. James est adossé contre le muret où je m'étais cachée. Les patrouilleurs se regardent et regardent ensuite le couple. Ils haussent les épaules puis ils fixent James qui leur fait signe. Celui à la radio la décroche et annonce un code d'annulation à ce qui semble être ses supérieurs, il me détache, pousse un râle et monte dans sa voiture. Mon agresseur part s'asseoir côté passager tout en criant :

-          Toi aussi je t'aurai sale garce. Je vous choperai tous les deux !

Il nous pointe du doigt l'un après l'autre. Étonnamment je lui réponds aussi avec un majeur en l'air avant que la voiture ne mette les voiles et me laisse seule au milieu du trottoir. Je reprends peu à peu mes esprits sur les trente dernières minutes qui viennent de s'écouler. Il faut que je rentre maintenant.

Je reprends alors ma marche pour rentrer chez moi, cependant cela va être compliqué, je ne me souviens plus d'où je viens et quelles étaient les rues que j'ai bien pu traverser. J'essaye de me remémorer mes pas et décide finalement d'aller tout droit pour ne pas perdre la face devant James qui m'observe toujours.

-          On ne me remercie pas ?

-          Pardon ?

-          Bordel, tu ne sais que dire ça ?

-          Et toi, tu ne sais pas parler sans dire un gros mot ? Et ouai merci. Et à tes parents aussi.

Je me rattrape car ce n'est pas dans mes habitudes d'être malpolie.

-          C'est bon, laisse tomber ... murmure-t-il d'un ton agacé. Et puis d'ailleurs tu comptes aller où comme ça ?

-          Chez moi. C'est ce que je m'apprêtais à faire avant de ... enfin tu vois.

-          Donc tu te fais pourchasser par un patrouilleur AVANT le couvre-feu et là tu veux rentrer chez toi APRES le couvre-feu sachant qu'il y a d'autres patrouilleurs pouvant te chopper. En plus d'être débile, t'es suicidaire !

Je lui fais un majeur. Deux fois en une journée, ça fait beaucoup. Je ne sais pas ce qui me prends mais j'ai tout ce stress et cette colère en moi, et les mots ne suffisent plus. Nous nous regardons un instant, il saute du petit muret et se dirige vers sa maison. Il s'arrête avant de franchir la porte pour se tourner vers moi.

-          Qu'est-ce que t'attends ?

Je lui jette un regard interrogateur.

-          Alors tu entres ?

-          Je ne vais certainement pas entrer chez toi. Il est vingt-trois heures passées ! Je dois retourner chez moi.

Je sais pertinemment que ce qu'il m'a dit plus tôt est vrai mais je ne veux pas l'admettre.

-          Comme tu veux, mais je ne serai pas là pour te « sauver » une nouvelle fois.

-          Me sauver ? Me sauver, moi ? C'est toi qui m'a dénoncé connard !

Je plaque aussitôt une main sur ma bouche en entendant ce qu'il y vient de sortir. Je vois James se ruer sur moi.

-          Répète un peu ce que tu viens de me dire ?

Ses yeux sont devenus rouges, il respire fort et tient ses poings fermés.

-          Je suis désolée, c'est sorti tout seul. 

Je lui réponds timidement, son visage est trop près du mien.

-          Bien, démerde toi toute seule alors !

Et il claque la porte me laissant devant chez lui. Des larmes coulent encore sur mes joues. Bon sang, je n'ai jamais autant pleuré en une soirée ! Je ne sais pas comment je vais faire pour rentrer. J'aurai dû écouter James au lieu d'être têtue. Pour reprendre un peu mes esprits et élaborer un plan dans ma tête, je décide de m'asseoir sur la chaise en bois en dessous du porche.

Retrouve Moi Une Dernière FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant