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Seul l'avancé du coucher du soleil m'indique que le temps passe. Quatre heures. Je crois que c'est le temps que j'ai passé, allongée par terre, au même endroit. Mes larmes ont séché il y a un bon bout de temps mais je n'avais pas la force de bouger. Je ne pense à rien en particulier, je suis juste immobile, une coquille vide. Quelques fois des images me reviennent en mémoire, ma poitrine se serre alors je ferme les yeux, je compte jusque trois et les chasse. Je ne vais pas mentir, ça ne marche pas à tous les coups.

Cela va faire un moment que je n'entends plus personnes toquer à ma porte, ni de voix qui m'appellent. Il me semble que deux ou trois personnes sont venus, je ne m'en rappelle plus, je n'ai pas répondu. Une fois, j'ai entrouvert la bouche sans qu'un son ne puisse sortir. Ma langue est sèche et pâteuse.

Maintenant j'entends du bruit, beaucoup de bruit. Cela provient du salon de notre dortoir. Les voix sont élevées, elles bourdonnent dans ma tête : j'ai un mal de crâne atroce. Je me bouche les oreilles en vain. Il me faut une distraction, alors je me lève difficilement et m'avachis dans mon lit en prenant en même temps mon carnet noir. Je l'ouvre et feuillette quelques pages noircies par l'encre de mes sentiments. La dernière chose que j'ai écrite me replonge dans la nostalgie de mes souvenirs et du temps. Au moment où je m'apprête à me relire, de nouveau, quelqu'un toque à ma porte.

- Cara ? C'est Jeanne. Tu peux m'ouvrir ? Je dois te parler.

C'est la première fois qu'elle vient me voir et ce qui est encore plus étrange c'est qu'elle vienne me parler d'elle-même. Puis tout d'un coup, un bout de phrase qu'Olivia a dit en partant me revient, je crois qu'elle parlait de Jeanne. Je lui ouvre.

- Salut. Entre.

- Ça va ? me demande-t-elle par politesse alors que mon apparence montre clairement le contraire. J'ignore la question.

- Tu voulais ?

- Pour le métier. Je n'étais pas au courant, je te le promets. Olivia me l'a appris tout à l'heure.

- De quoi tu parles ?

Je retourne m'asseoir, j'ai toujours ce mal de crâne et le chahut dehors n'aide pas.

- Combien de points as-tu obtenu pour l'examen de chercheuse ? me demande-t-elle.

- Je m'en rappelle plus : 840 je crois bien.

- Bien voilà, je n'ai eu que 768 points. Et tu remarqueras que c'est bien inférieur à toi, or qui a eu le métier ?

- Toi ...

Tout un tas de questions me viennent en tête. Comment cela est-ce possible ? Normalement, l'étudiant ayant le meilleur score obtient obligatoirement le métier : ce qui n'est pas mon cas.

- C'est là où je veux en venir.

- Dis-moi.

- Je ne sais pas trop en quoi consiste le métier de la mère d'Olivia mais elle supervise chacun des différents examens scolaires du Continent. Cette année, elle s'est davantage penchée sur l'examen des métiers, sûrement pour sa fille. Ce matin sa mère a oublié de quitter sa session administrative sur la tablette familial, Olivia en a profité pour voir les résultats en avant-première. Au début elle voulait simplement voir pour nous deux et lorsqu'elle a vu que j'avais obtenu le métier, par curiosité elle a été voir ton dossier. Bien évidemment, elle a remarqué « l'erreur ». Cependant une indication précisait ta disqualification.

Retrouve Moi Une Dernière FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant