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Le soleil va bientôt atteindre son zénith, il m'agresse déjà le visage. Je ralentis un peu pour prendre le temps de profiter et d'observer les reflets éblouissants sur le lac en mouvement. On a l'impression que des paillettes parsèment sa surface.

Au fur et à mesure que je m'enfonce dans le bois qui entoure le lac, les cris de joie des autres étudiants se dissipent. Au début ils se mélangeaient au son de mes pas, ensuite au son des arbres puis plus rien. Je suis seule au milieu de toute cette verdure, des grands troncs et des branches qui essayent de m'atteindre. J'espère ne pas m'être trompée de chemin sinon je risque de réellement me perdre parce que tout devient beaucoup plus dense.

De plus en plus anxieuse, j'hésite à envoyer un message à James. Je me résigne, j'ai envie de lui faire la surprise en arrivant. Et comme s'il lisait dans mes pensées, c'est lui qui m'en envoie un.

11h48 – JAMIE : Encore quelques mètres.

Il doit sûrement me voir là d'où il est, la surprise est un peu gâchée. Je tourne la tête dans tous les sens, j'essaye de le repérer. Au bout de quelques mètres, en effet, je le retrouve. Il n'est pas sur un ponton mais sur un coin de verdure découvert, entouré par la forêt et qui donne directement accès au lac. Il y a aussi un banc en bois, très robuste au vu de son état dégradé. Des fleurs ont poussé à ses pieds, ce qui le fond dans le décor. Les roseaux qui d'habitude me laissent indifférente sont beaucoup plus beaux, plus colorés. Cet endroit n'a rien à voir avec le reste du lac. C'est son petit endroit secret, une de ses beautés cachées. Et je ne dis pas ça parce que c'est James qui m'y a emmené.

- C'est magnifique, dis-je hébétée.

Il s'approche de moi et me prend par la main. Il me guide jusqu'au rebord, à quelques centimètres de l'eau. De là où je suis, je peux voir les autres et la grande pente qui nous ramène au bâtiment. Tout à l'air si minuscule, pouvant tenir au creux de ma main ; si proche et loin à la fois. Ses bras autour de mes épaules, sa tête en appuie sur mon crâne, moi aussi j'ai le sentiment d'être toute petite dans ses bras.

- Je savais que ça te plairait. Un pique-nique, ça te tente ?

- Avec joie.

Je touche mon ventre affamé et je le suis sur une nappe qu'il a minutieusement dépliée. Il sort ensuite d'un panier tout un assortiment de nourriture, des capsules d'eau aromatisée et de la vaisselle.

- Mais tu as trouvé ça où ?

- J'ai demandé de l'aide à ma mère.

- A ta mère ?

- Oui. Je voulais faire quelque chose de bien.

- C'est réussi !

Et pour la première fois depuis qu'on s'est retrouvé, il m'embrasse.

Je me rabats sur un sandwich coupé en triangle accompagné de crudités. Il est tellement bon que j'en reprends un deuxième. James se contente de grignoter, semi allongé, tout en me regardant du coin de l'œil. A l'aide de son pouce, il essuie la sauce et les miettes autour de ma bouche. Je repose l'assiette sur la nappe. Allongée à ses côtés, assez près de son visage pour que mon nez touche le sien, j'effleure mes lèvres contre les siennes.

- C'était trop bon ! Tu remercieras ta mère pour moi.

- Je n'y manquerai pas.

- Merci à toi aussi James.

Le temps de digérer le repas, James pique une tête dans l'eau glacée. Il a beau faire chaud, l'eau n'en est pas moins gelée. Restée au bord, j'ose à peine mettre les pieds dedans. Je le regarde nager, faire des aller-retours. Tous les muscles de son dos et de ses bras sont sollicités. De mon point de vue, je peux parfaitement les voir se contracter à chacun de ses mouvements. Il me vient alors à l'esprit que je suis peut-être la seule et unique personne qui peux aussi bien les voir et les toucher dorénavant.

Retrouve Moi Une Dernière FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant