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J'ai remarqué que depuis mercredi, je suis toujours accompagnée par l'un de mes amis. Ils me laissent le moins possible seule. Je ne sais pas pourquoi même si j'ai des doutes. Je gère très bien le départ de James, ils se font plus de soucis qu'il n'en faut.

En cette fin de semaine, nous passons donc la fin de l'après-midi au bord du lac. Il y a bien sûr Connor, Owen et Sam ainsi que Hayden. Miranda nous a promis de passer un peu plus tard si elle a le temps. Nous avons apporté quelques bouquins pour réviser ensemble afin d'être libre ce week-end. Ayant déjà fini, j'aide Sam à revoir ses cours sur l'histoire de la Fondation. Je ne suis pas très bien callée dessus mais je connais les grandes lignes.

Il y a plus d'un siècle, au début des années quatre-vingt, un groupe de chercheurs composé de médecins, de scientifiques, de biologistes ... a entrepris de trouver un sérum d'immunité, un vaccin contre toutes les maladies : les maladies immunitaires, transmissibles, émergentes ... Un certain nombre de nouveaux nés ont alors été impliqués sur la base d'un volontariat des parents avec pour condition : que ce soit leur premier et unique enfant. Accompagnés d'autres volontaires utiles, toute cette population a rejoint une ville construite exprès pour cette étude : le Continent.

Les premières injections d'immunité ont montré leur efficacité au bout d'une dizaine d'année. Les enfants ayant grandis, ils montraient peu de signe de pathologie malgré certaines expositions calculées, ils tombaient moins malades que la moyenne non traitée et leur système immunitaire atteignait une efficacité effroyable. Cependant avant même que l'équipe de recherche ne puisse faire un rapport officiel et produire en masse l'injection pour les générations futures, la Grande Guerre a éclaté : 98% de la population mondiale meurt en seulement cinq ans à la suite d'attaques biologiques.

L'injection d'immunité contenant en grande partie des éléments biologiques du cordon ombilical prélevés à l'accouchement, la plupart des adultes du Continent ont succombé aux différentes maladies véhiculées par les attaques extérieures : laissant ainsi des enfants seuls. Quelques scientifiques et chercheurs se sont cependant mis en quarantaine avant que tout ne dégénère. Ils ont ainsi formé les enfants d'une quinzaine d'année à leur succession avant de mourir peu de temps après.

Quelques temps plus tard, par le bouche à oreille, des personnes venant du monde entier se ruaient vers le Continent afin d'avoir cette formule d'immunité. Les choses devenant trop incontrôlable, un système de sécurité a été mis en place pour nous protéger ainsi que la ville et ses ressources autosuffisantes. A la suite de quoi la Fondation a été créée avec à sa tête un certain Tobias Amslet. Depuis, ses descendants sont les responsables de notre société.

Par la création de la Fondation, tout a été mis en place pour nous protéger du monde extérieur : les puces électroniques pour identifier chaque citoyen, les Classes ont été mises en place après d'innombrables études d'évaluation d'efficacité, une loi de la régulation des naissances a aussi subsisté (limitant à un seul enfant par couple) et l'efficacité de l'injection n'a cessé d'évoluer au fil du temps, atteignant 50% à ses débuts et 95% de nos jours.

Aujourd'hui, notre population est stable, , le nombre de naissances à l'année est plus bas que la moyenne. Il est aussi rare que nous tombions malade même si cela arrive comme pour le père de Miranda, seuls des cas extrêmes ou étranges subsistent encore que nos chercheurs essayent de contrer. Obtenir une injection d'immunité avec un taux égal à 100% relève du rêve de tous. C'est l'objectif de notre génération, de notre futur. Pour ma part, cela me tient à cœur de continuer les recherches révolutionnaires de mes ancêtres.

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Les têtes lourdes et les esprits ailleurs, nous fermons nos bouquins les uns après les autres pour profiter du coucher de soleil. Le bout des pieds dans l'eau, le dos à plat sur le ponton, nous profitons de l'air frais, du chant des oiseaux et du silence qui règne. Sam, à mes côtés, a la tête reposée sur le bras d'Owen qui a fini par s'endormir.

- Tu as quelque chose de prévu pour ce week-end ? je l'interroge.

- Je vais le passer avec Owen. Et toi ?

- Pas grands choses ; j'ai deux cours demain ensuite bibliothèque, révisions et peut être un peu de piscine.

Doucement, pour ne pas réveiller son copain, Sam se redresse. Je fais de même.

- Tu devrais te reposer un peu tu sais. Tu bosses déjà assez en semaine.

- Je sais mais j'ai envie d'avoir un peu d'avance pour ne pas être pris de court lors des jours de révisions.

- Et pourquoi tu n'irais pas rendre visite à ton père demain ? suggère-t-elle.

Je n'avais pas songé à retourner chez moi avant l'examen des métiers mais c'est vrai qu'il me manque et puis je pourrai emmener mes fiches pour réviser.

- Ça te fera du bien de le revoir, continue Sam.

- Oui t'as raison. Je vais sûrement faire ça. Tu sais comment prendre la navette ? J'ai toujours tout fait à pied.

- Sur la borne au rez-de-chaussée, tout est indiqué, tu n'as plus qu'à réserver et payer. La prochaine est demain à neuf heures.

- Ben dis donc tu connais tout par cœur.

- Demain, on prend la navette de quatorze heures avec Owen pour aller au centre-ville. Je crois qu'il a prévu quelque chose, annonce-t-elle en le zyeutant.

- Ça devient sérieux entre vous non ?

- Ça se pourrait.

Nous mettons un bras autour de l'épaule de l'autre en observant le soleil se cacher lentement derrière les grands arbres. Je repense à ces premières semaines que j'ai passées ici, aux moments précieux que je passe ici et aux nouveaux amis que je me suis fait : un grand sourire peut se lire sur mon visage.

De retour à l'UDM, je les laisse rentrer avant au dortoir pour prendre le temps de me réserver une place dans la prochaine navette. Sur le tableau de bord, je sélectionne la date ainsi que l'heure pour un aller-retour : je pars demain et je serai de retour dimanche. Une seule et unique journée pour retrouver mon ancienne vie, j'ai hâte.

Retrouve Moi Une Dernière FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant