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Le garçon que j'ai rencontré tout à l'heure se tient désormais en face de nous. Les mains du patrouilleur sont toujours au contact des miennes derrières mon dos.

- Gamin, ce ne sont pas tes affaires. Je te conseille de retourner tranquillement chez toi avant que je ne t'embarque aussi jusqu'au Pôle pour fraude au couvre-feu. Pour ton intérêt, coopère et tout se passera bien. Tu connais notre devise hein « Ensemble nous combattrons, ensemble nous vaincrons... ». Il faut que j'emmène cette petite délinquante maintenant.

Mon regard plein de larmes scrute le sol pour ne pas le voir.

- Et pour votre intérêt, vous devriez vous écarter de cette fille, dit-il en me défendant.

Ironique vu que c'est lui qui m'a balancé !

- Je ne sais pas ce qu'elle a fait mais à votre place j'arrêterai de la toucher comme ça. Je ne pense pas que le Pôle tolère ce genre de comportement.

Ma tête s'est relevée pour le voir. Il débite ces mots calmement en soutenant le regard du patrouilleur. Je sens ses mains me quitter et pousse un long soupir de soulagement. Les deux hommes sont maintenant à quelques centimètres l'un de l'autre.

- Je t'ai dit de rentrer chez toi gamin. Le Pôle ... c'est moi abruti !

- Abru... quoi ?

Il fait une petite secousse avec sa tête aux cheveux bruns ondulés pour montrer son incompréhension.

- ABRUTI !

Lorsque j'entends la sirène de la voiture de patrouille arriver, tous mes muscles se tendent. Au même moment, le garçon tend son poing et le balance contre la figure du patrouilleur. Le choc entraine un bruit sourd que j'entends raisonner dans la rue vide.

- Putain de merde ! crie le patrouilleur. Embarque-moi ces deux-là ! ajoute-t-il en voyant son collègue sortir de sa voiture.

Il crache au sol un filet de sang et commence à rire en voyant le garçon se masser le poing.

- Gamin, tu ne réalises même pas dans quoi tu t'es embarqué toi aussi ... je t'aurai prévenu !

Tandis que nous nous faisons maîtriser, à deux pas d'entrer dans la voiture, la porte de la villa s'ouvre. Un couple venant d'émerger d'un sommeil profond nous fixe ahurit.

- Mais qu'est-ce qu'il se passe bon sang ? commence l'homme.

- James ! Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'as-tu fait ? crie une femme à ses côtés en voyant les menottes autour de ses poignets.

Ah, il s'appelle James ... Malgré leur tenue de nuit, ils n'hésitent pas à se rapprocher des deux patrouilleurs pour avoir des explications. James et moi sommes d'abord mis dans la voiture et nous les regardons échanger. Je ne vois que des lèvres bouger et je ne comprends rien à la conversation, je fais juste semblant, comme lui certainement. Nous restons silencieux un bon bout de temps.

- T'es contente de toi ?

- Pardon ?

- Tu ne vas pas recommencer merde ? Tu débouches un peu tes oreilles parfois ?

Je ne lui réponds pas, je ne lui dois rien après ce qu'il m'a fait.

- Tu nous as mis dans une de ces merdes. Enfin tu t'es mis dans une de ces merdes.

- Toi aussi je te signale ... je lève les yeux au ciel en lui montrant les menottes.

- Ah non, moi il ne m'arrivera rien.

Il me répond avec un sourire narquois.

- Comment ça ?

James ne me répond pas et montre seulement d'un geste de la tête le patrouilleur à côté de celui au nez ensanglanté. Celui-ci tient sa radio entre les mains et acquiesce de temps en temps. Je remarque alors un soulagement dans les yeux du couple qui se tourne brusquement vers l'arrière de la voiture. Quelques secondes plus tard, la femme vient nous ouvrir la porte. Je sors en première en me tortillant et ensuite James s'extirpe de la voiture facilement malgré les mains liées. Il se dirige vers le patrouilleur et lui balance un sourire béant pour lui faire comprendre qu'il a gagné.

- Alors c'est qui l'ABRUTI ?

- Fais gaffe à toi, tu n'auras pas toujours papa et maman derrière le dos. Un jour je te chopperai ... crétin.

Il lui dit cette dernière insulte avant de lui enlever les menottes, sachant qu'il ne pouvait pas lui donner un autre coup. Une fois libéré, James essaye de s'en reprendre à lui mais la voix de sa mère l'arrête net.

- James arrête maintenant, ça suffit et rentre, il est tard !

- Ouai ouai ...

Il lève son majeur au patrouilleur. Et sans jeter un regard à ses parents pour les remercier, il se dirige vers sa maison, shootant dans les quelques cailloux sur son chemin. Lorsque je détourne mon regard de son dos, je me dirige à mon tour vers le patrouilleur pour qu'il me démenotte.

- Pas toi ma belle. Seulement lui.

- Que... quoi ? ma mâchoire tombe.

- L'affaire est seulement réglée pour lui pas pour toi.

Je regarde alors le couple qui se décide aussi à rentrer sans me prêter attention. Je fixe la petite famille et les larmes commencent à remonter, je n'arrive pas à retenir mes sanglots malgré tous mes efforts. Les patrouilleurs et moi nous dirigeons vers la voiture quand j'entends :

- C'est bon elle est avec moi, laissez-la.

Retrouve Moi Une Dernière FoisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant