HEARTBREAKER (reecriture 2024)

XVIII

Je n'avais toujours pas réussi a trouver le sommeil. Les mots de Justin, les regards déçu de mes parents, tout tournoyait dans mon esprit. Mon ventre noué par la colère et le chagrin me rappelait la soirée avec une intensité douloureuse.

Puis soudain, une vague de nausée monta, me forçant à me lever précipitamment pour courir jusqu'à la salle de bain. Je sentis mon estomac se tordre et bientôt, je fus prise de vomissements violents qui me laissèrent tremblante, les mains agrippées au bord du lavabo.
Alors que je tentais de retrouver mon souffle, une douleur aiguë me saisit au bas-ventre. J'étouffai un cri, posant une main sur mon ventre comme pour protéger le bébé. La douleur revenait par vagues, de plus en plus intenses, et je sentis la panique m'envahir. Ma respiration se faisait haletante, chaque contraction laissant en moi une crainte profonde, celle que le bébé puisse être en danger.

Mes parents, alertés par les bruits, se précipitèrent vers la salle de bain. Ma mère poussa la porte, les yeux écarquillés de terreur en me voyant recroquevillée de douleur.

- Shanel, s'écria-t-elle, se précipitant pour me soutenir. Que se passe-t-il ?

- Maman... je... j'ai des contractions, dis-je d'une voix à peine audible.

Mon père, désemparé mais déterminé, nous aida à descendre les escaliers et à rejoindre la voiture, sans perdre un instant. Alors que la voiture démarrait en direction de l'hôpital, je serrais la main de ma mère, les larmes aux yeux, priant pour que cette douleur ne signifie pas le pire.

À l'hôpital, l'infirmière m'ausculta tandis que mes parents attendaient, inquiets. Après plusieurs tests et examens, le médecin finit par me rassurer : ce n'était qu'une fausse alerte, probablement due au stress intense que j'avais accumulé. Le bébé allait bien mais je devais absolument me reposer et éviter tout conflit.

Au petit matin, lorsque nous rentrâmes à la maison, épuisés, une surprise nous attendait sur le perron : les parents de Justin, visiblement soucieux, attendaient là, mains jointes.

Mon père soupira, l'air excédé mais ouvrit la porte pour les faire entrer. La fatigue de la nuit n'avait pas atténué les tensions, bien au contraire. Ils prirent place dans le salon, leurs regards lourds de reproches et d'inquiétude.

- Shanel, dit la mère de Justin avec une voix qu'elle voulait douce mais déterminée. Il faut qu'on parle de ce qui s'est passé hier soir.

- On revient tout juste de l'hôpital parce que votre fils a causé une scène hier soir, s'indigna ma mère. Ce n'est pas le moment !

- On a appris cette nouvelle de façon brutale et Justin... enfin, il est perdu. Il ne s'attendait pas à devenir père comme ça. C'est une énorme responsabilité.

- Et ce n'est pas une énorme responsabilité pour Shanel ? Il y a quelques heures seulement, sa santé et celle du bébé étaient en danger ! Mais on doit avoir pitié de Justin parce qu'il est perdu ?

Je restai silencieuse un instant, sentant une vague de colère et de douleur monter en moi. Les souvenirs de la soirée, les mots cruels de Justin résonnaient encore dans mon esprit et je sentais le poids de tout ce que j'avais enduré. Je pris une inspiration pour me donner du courage, et avec toute la fermeté dont j'étais capable, je répondis :

- Je comprends votre inquiétude mais Justin ne fera pas partie de la vie de ce bébé. J'élèverai cet enfant seule donc ce n'est pas la peine d'en discuter.

Un silence lourd s'abattit dans la pièce. Les parents de Justin se regardèrent, interloqués, comme s'ils ne pouvaient croire ce qu'ils venaient d'entendre. Finalement, son père, l'air grave, prit la parole.