Chapitre ~10~

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~Partie1~

Leewan

Je me souviens de mon état d'esprit à ce moment-là, de ce que j'ai ressenti exactement. L'impression d'être enfermé dans un cauchemar, dans une pièce noire sans fenêtre, ni porte de sortie.

Le retour de mes parents et de ma sœur me force à reprendre pieds dans cette réalité qui est désormais la mienne. Layan laisse échapper des larmes de joie à me voir enfin réveillé, sans toutefois me serrer dans ses bras comme elle avait l'habitude de faire. Nous sommes très proches, autant que si nous étions jumeaux, nous n'avons pas besoin de nous parler pour nous comprendre. Ses sourcils se haussent, mon clin d'œil la rassure un peu. Quant à mes parents, je n'ai pas le temps de leur demander la signification des regards qu'ils s'échangent que la doctoresse revient. Elle se place au bout de mon lit en me fixant gravement, mais avec un sourire dans le regard.

— Vous sentez-vous partant pour une petite discussion ?

— Oui, répond-je avec une certaine fébrilité.

— Nous avons un protocole à vous proposer. Tous les tests que nous avons effectués sont plus que concluants, mais, rien ne nous garantit que cela va fonctionner. Nous avons pu régénérer, avec succès, certaines de vos blessures, mais vous êtes en sursis pour d'autres. Je ne vais pas vous faire une liste, cela ne changerait pas votre état.

— Quel protocole ? Quels sont les risques ? demande mon père.

— Le protocole est très simple en matière de nanites, ce sont elles qui font le travail. Quant aux risques, il n'y en a qu'un : que ça ne marche pas, tout simplement.

— C'est d'accord ! affirmé-je, et pour ma femme ?

— Comme le docteur Harris a dû vous l'expliquer, elle a été gravement touchée à la tête. Le cerveau humain est complexe, terriblement complexe, mais nous gardons espoir. Il faut être patient.

— Quand commençons-nous ?

— Le plus tôt possible, je vous laisse en discuter avec votre famille...

— C'est inutile, coupé-je.

— Bien. Je mets l'équipe au travail, me répond-elle avant de sortir.

Mes parents et ma sœur me fixant avec angoisse, je hausse les épaules en ajoutant :

— Qu'ai-je à perdre ? Rien ! À gagner ? Tout ! Je ne remarcherai peut-être jamais, mais s'il y a la plus infime possibilité que je retrouve l'usage du reste de mon corps, elle n'est pas à négliger.

Clayton Harris revient me chercher comme il me l'a dit plus tôt. Je passe une grande partie de la journée avec Melody, oscillant entre désespoir et rage. J'ai le choix entre me battre et baisser les bras. Je prends la première option, et je ne lâcherai rien. C'est ensemble que nous allons faire front.

Elle dort beaucoup, mais je reste auprès d'elle. Je veux qu'elle me voit chaque fois qu'elle ouvre les yeux. Elle a autant besoin de moi que j'ai besoin d'elle. Tout comme mes parents, Jayce vient lui rendre visite tous les jours. Lui aussi se remet doucement de ses blessures, conscient de la chance qu'il a eu de se trouver dans les sous-sols de l'académie au moment fatidique. Ses parents n'ont pas eu la même. Lui et moi sommes désormais la seule famille de Melody.

Un petit sourire en coin illumine son visage.

— Ah, tu t'es enfin décidé à refaire surface ! me taquine-t-il.

— Oui, tu me manquais trop, vraiment trop, réponds-je en lui faisant les yeux doux.

Nous éclatons de rire. C'est un moyen de nous libérer du stress post traumatique.

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