Eden
Nous sommes sur la planète. Nos compagnons marchent loin devant lorsque Leewan s'arrête en saisissant mon bras pour que je fasse de même. Il se tourne vers moi en me souriant tandis que sa main prend la mienne et qu'il m'attire contre lui. Je sens nos cœurs battre à l'unisson. Je suis fascinée par l'intensité de son regard, par le désir que j'y observe. Mes lèvres s'entrouvrent en même temps que les siennes se rapprochent. Lorsqu'elles se rencontrent, mes yeux se ferment. Ce baiser, je l'attends depuis des jours et des jours. Il est tendre et impérieux à la fois. Je frémis de bonheur tandis que nos langues s'entremêlent, me faisant gémir de volupté. Sans nous lâcher, nous nous allongeons sur le sol poursuivant ce moment magique quand une odeur étrange s'insinue dans mon nez. Je rouvre les yeux et découvre avec horreur que je suis entre les pattes de la bête, que c'est son souffle qui entre doucement dans mes narines. Leewan n'est pas là.
Je me réveille en sueur, je viens de faire un cauchemar et je ne me sens vraiment pas bien. Il est trois heures du matin. Je me lève pour aller boire, mais je peine à tenir sur mes jambes. Pourtant je ne suis pas malade ! Avec tous les examens que m'a fait subir le doc hier, je le saurais si c'était le cas ! dois-je l'appeler ? Je décide d'attendre un peu avant de le déranger pour rien. Je pense que ma rencontre avec la créature m'a bien plus secouée que je ne l'imaginais. Je m'affale dans le canapé, manquant de renverser mon verre. Je bois à petites gorgées, lentement, puis me résous à finir ma nuit ici. Je me couvre et me rendors.
Lorsque la voix de mon compagnon virtuel me sort du sommeil, je me lève en douceur et constate que je n'ai plus aucun des symptômes ressentis. Je me prépare comme d'habitude en reléguant mon rêve aux oubliettes. La première partie était délicieuse, la seconde beaucoup moins !
Je navigue dans le vaisseau comme tous les matins. Je commence par la visite à Gabriella que j'ai surnommée Gaby. Elle me fait part de son enthousiasme, des tests qu'elle effectue. Je suis contente pour elle et pour nous tous, mais à nouveau je me sens bizarre. Ma vue se brouille et mon équilibre devient précaire. Je la félicite et quitte rapidement la serre. Je m'accroche à la rampe qui court le long des murs de la coursive, et m'oblige à respirer calmement. Pendant deux à trois secondes, j'ai vu flou, et tout était violet. Je pense que j'ai trop mangé hier soir... peut-être... mais qu'ai-je avalé ? Je ne m'en souviens pas. Je fais appel à ma mémoire, mais, rien, c'est le trou noir. Je vais me rendre chez le doc, mais avant, je dois passer à l'ingénierie.
— Bonjour, commander, me lance-t-il avec jovialité.
— Bonjour...
— Vous allez bien ? me demande-t-il soudain inquiet.
— Oui, Merci... Leo.
J'omets de lui avouer que l'espace d'un instant j'ai oublié son prénom.
— Venez voir !
Je le suis sans discuter, mais je trébuche à deux reprises. Il me montre ce que nous avons créé deux jours plus tôt puis me félicite pour le travail accompli. Cependant, je remarque qu'il est soucieux et qu'il ne me regarde plus dans les yeux comme il le fait habituellement. Je le remercie pour son enseignement, puis sors. J'entre dans l'ascenseur, demande le niveau 3 et me cramponne. C'est reparti pour un tour. Je vois flou, violet, et mes jambes ne me portent plus. La voix d'Eurêka me prie de me rendre sans délai à l'infirmerie. Je viens de subir trois crises de je ne sais quoi en quelques minutes, et elles sont de plus en plus rapprochées. Je me trouve mieux d'un seul coup, mais c'est clair que je ne vais pas aller faire un running, là ! Je lève les yeux au ciel tandis que les portes s'ouvrent. J'entre dans l'hôpital, je souris, avance en chancelant... et m'effondre.
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Jupiter One
RomanceUne romance sur fond de voyage spatial, à bord du vaisseau Jupiter One.