~ Chapitre 6 ~

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Eden

Je n'ai jamais imaginé que ce voyage allait être de tout repos, c'est l'évidence même, mais je commence sérieusement à m'inquiéter. Si dès le départ, nous allons de galères en galères, je n'ose supposer ce qui nous attend, sans parler de mes émotions personnelles bien mises à mal.

Je dois me ressaisir, et vite ! Ce que je fais, en m'extirpant en douceur des bras de mon capitaine. Logiquement, il faut procéder par ordre de priorité... sauf que rien n'est logique. Ni l'arrêt incongru du vaisseau, ni cette préoccupante secousse, qui nous a frappé comme si nous étions entrés de plein fouet dans un mur. Leewan, qui ne doit avoir l'habitude des empathiques, prend mes réflexions pour de l'hésitation. Il me donne ses directives, puis, aussitôt que je reviens avec une lampe, il ramasse la tablette de Jayce et se rue vers le pont supérieur.

Ce n'est pas vraiment le moment, mais j'ai manqué éclater de rire en ressentant la jalousie le titiller, lorsque j'ai saisi son second par la taille. C'est flatteur, mais hautement dangereux aussi.

Je suis soulagée de voir que notre doc n'a pas d'autre patient, que celui que je lui amène. Il passe Jayce dans la machine sans attendre.

— Ce n'est qu'une simple fracture. Vous avez des informations sur notre situation ? me demande-t-il.

— Pas pour le moment, mais dès que je suis en possession d'éléments concrets, je vous préviens.

— Merci. Je soigne le commander, et vous le renvoie, ça ne devrait pas être long.

C'est en remontant vers le pont, que je me souviens d'un petit détail. Lorsque le vaisseau a stoppé net, mon regard s'est machinalement porté sur notre environnement extérieur, à travers la grande fenêtre. J'ai distingué une lueur plus ou moins insolite. Tout en gravissant les marches deux par deux, je lie les données entre elles. J'ai fréquenté un capitaine pendant un temps... j'ai appris des tas de choses.

Si ce que je pense est correct, nous ne sommes pas en panne, et j'espère sincèrement que la lueur n'est pas ce que je crois. Je fouille ma mémoire, pour faire jaillir de mon cerveau la manœuvre à adopter. J'ai eu une belle note à cet examen, j'ai buché pour y arriver, alors autant que ça serve à quelque chose. Je ne prends pas le temps d'expliquer quoi que ce soit quand j'entre sur la passerelle, je conseille l'arrimage des drones sous le flanc gauche, coupant ainsi le juron que Leewan s'apprêtait à lancer.

J'accroche mon regard au sien, en clignant rapidement les paupières. Sans effet. Il est en colère, inquiet, ce que je ne peux qu'approuver. Je le rassure sur l'état de JJ, avant de lancer une explication rapide, sur le pourquoi je sais ce qu'il faut faire. Il reste muet en me fixant, mais le flot de ses pensées me parvient, me faisant de nouveau rosir lorsque certaines me concernent personnellement. Je le rappelle doucement à l'ordre, et il ordonne la manœuvre sans me quitter du regard.

Je me sens aussi gênée que si j'étais nue sur scène, dans une salle de concert blindée. Je romps ce contact visuel, beaucoup trop dangereux.

Heureusement pour moi, Erin fait une diversion involontaire. Elle est furieuse, et ne manque pas d'en faire part à notre capitaine. Tout en écoutant ses explications, je constate que j'ai deviné juste. Nous ne sommes pas en panne, mais le danger qui nous guette est une force naturelle, contre laquelle nous ne sommes pas vraiment armés. Nos boucliers sont maintenant levés, oui, mais ils ne nous servent pas à grand-chose. Ils sont inefficaces à nous protéger totalement des coups d'éclats de notre astre solaire

Leewan souhaite aller passer ses nerfs sur l'amiral dans ses quartiers, ce qui est une sage décision. Il fait preuve de bon sens, comme l'était le petit garçon de mes souvenirs. Erin bascule la communication, puis me fait signe de la rejoindre.

Jupiter OneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant